Bambou

Ce qui honore le cinéma de Didier Bourdon, c'est une sorte de fidélité à l'humilité post-Inconnus dont le trio est parvenu à se dégager habilement après le carton des Trois Frères. Si Bambou n'affiche pas une finesse clinquante, parce que quelques tics de la bonne époque sont restés (personnages délibérément caricaturaux, une grossièreté parfois un peu cash), le film a le mérite de ne pas suivre l'espèce de Panurge qu'est devenu le cinéma français, où l'humour bas de plafond rameute facilement un public peu paré au message de fond. De là à dire que Bambou est un film réfléchis, il y a un canyon, mais son réalisateur ne cherche pas de se prendre pour ce qu'il n'est pas. Finalement assez simple, construit sur une base de fable classique (l'ange gardien qui entraine un personnage dans sa déchéance sociale pour mieux le faire rebondir), son film ne suit que des ficelles auxquelles le réalisateur nous a habitués. Si l'on est resté un temps soit peu fan des Inconnus, on ne peut pas totalement bouder ce retour discret...

Evidemment, à l'instar des Trois frères ou Le Pari, on se retrouvera plus devant une pièce télévisuelle que cinématographique, mais dans l'absolu, ça ne marche pas trop mal. Bourdon fait son Bourdon, tour à tour grincheux et pathétique émouvant en ne s'enlisant pas trop dans le Beethoven-like que laissaient redouter l'affiche et la bande annonce. Juste une romance, un improbable triangle amoureux, où se bouscule les désirs de carrière et les envies de paternité qui peut se targuer de proposer quelques séquences réellement drôles. Mais, là encore à l'instar du film Le Pari, le film se perd un peu trop dans son dernier acte, trop poussif, trop décalé, n'arrivant pas à remplir correctement ses 20 dernières minutes et achevant le film sur une sensation mitigée. Dommage, parce qu'on s'était vraiment laissé prendre au jeu. Charmant, mais pas indispensable...