Case Départ
Le 05/07/2011 à 09:45Par Michèle Bori
LA CRITIQUE DU FILM CASE DEPART
Lorsque les deux figures de proue du Jamel Comedy Club que sont Thomas N'Gijol et Fabrice Eboué s'associent pour écrire, réaliser et jouer dans Case Départ, une comédie fantastique racontant comment deux jeunes hommes noirs du XXIe siècle vont se retrouver transportés en 1780 en pleine période esclavagiste, forcément, ca intrigue. Ca émoustille même. D'une part parce que la comédie fantastique est sous-représentée en France - même si l'on a pu voir fleurir quelques bobines particulièrement savoureuses telles que Didier, Les Visiteurs, Jean-Philippe ou Hellphone – et que chaque tentative du genre doit donc être suivie de près. D'autre part parce que les deux bougres sont quand même sacrément drôles, avec un humour jeune, frais et plutôt franc, hérité du stand-up américain, qui aborde non sans malice les problèmes contemporains que sont l'intégration, le racisme, le mélange des cultures (et des origines) ou encore les religions.
Ce ne sera donc pas un hasard si ces thèmes-là seront au cœur de Case Départ, un film qui, sous ses allures de Visiteurs à l'envers, se permet de se marrer intelligemment de tout ce qui pourrait être pompeusement qualifié de "politiquement incorrect". Ainsi, si l'on trouvera dans Case Départ des blagues sur les noirs, les blancs, les juifs, les métisses, les gays, l'Islam, le catholicisme, le colonialisme et même les ch'tis, ce ne sera certainement pas de manière gratuite (sauf peut-être sur les ch'tis, mais on en a tellement entendu parler en bien qu'on a bien le droit d'en rire un peu), mais toujours pour servir un propos. En l'occurrence, pour dresser un portrait pas inintéressant, non pas de l'esclavagisme, mais de deux jeunes "blacks" qui ont du mal à trouver leur place dans une société qui les pousse à oublier leurs origines. Comme quoi, "comédie", "fantastique" et "discours social" ne sont pas incompatibles.
Bref, si N'Gijol et Eboué vous font marrer sur scène, il y a fort à parier que ce sera également le cas sur grand écran. Et si vous voulez voir un film dépaysant, ambitieux et surtout très drôle, Case départ est assurément la comédie française de l'été qu'il vous faut. 2009 a eu Lascars. 2010 a eu Fatal. 2011 a d'ores et déjà Case Départ.