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Beur sur la ville

Le 02/09/2011 à 17:30
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Notre avis
4 10 Un film de vacances pour Djamel Bensalah qui s'est fait plaisir avec cette réunion collégiale de ses acteurs fétiches, noyant pour l'occasion l'intérêt de son film sous une vague de clichés d'un autre temps. Dommage qu'il en oublie d'amuser aussi le spectateur.

Critique Beur sur la ville
Critique DU FILM Beur sur la ville

La France championne en 98 : ce fut comme une poudre de perlimpinpin soufflée par une fée nommée football sur un pays ombragé. C’est les poumons gonflés de bonheur, les bras ouverts à son voisin de palier et le cœur apaisé d’amour envers cette fraîche France black-blanc-beur qu’on est entré, tous ensemble, dans le nouveau millénaire. Et puis quelque part quelque chose a cloché, un grain s’est immiscé dans les rouages du mécanisme... le temps, peut-être. Alors certains se sont tournés vers le cinéma et la comédie française ne s’en est jamais mieux portée. Poussée par l’essor de talentueux acteurs issus de l’immigration on retrouvait, le temps d’une bien trop courte séance de cinéma, le bonheur éprouvé lorsque le pays était à son Zénith, quelque part entre la lucarne et le nuage de Nicolas, Pimprenelle et l’inusable Marchand de sable.

Critique Critique Beur sur la ville


Car on le sait, le cynisme fait partie intégrante du cinéma français (n'est-ce pas Michel ?) et ce dernier a donc besoin d’élargir son public afin qu’aucun spectateur ne soit délaissé. Le problème de Beur sur la ville, c’est qu’il arrive très longtemps après la bataille, ressortant sans complaisance des clichés qui faisaient peut-être mouche il y a 10 ans mais qui, aujourd’hui, provoquent tout au plus un rire vaguement gêné. Alors on se retrouve devant une énième 'comédie communataire', vous savez, de celles où les blacks-blancs-beurs se tirent gentiment dans les pattes tout en faisant front commun afin de protéger le pays et finir avec les remerciements officiels pour "services rendus à la nation".

Le hic donc, c’est que si ce programme alléchant était déjà à la base de Taxi il y a maintenant 13 ans, il semble aujourd'hui un peu passé de mode. Beur sur la ville est donc un monde dans lequel les puissants préfets et commissaires blancs urinent, sur fond de musique classique ronflante, dans des toilettes immaculées tandis que les gardiens de la paix travaillent en sous-effectifs, sans ressources et dans des bureaux insalubres. Bien entendu, les jeunes des banlieues ne se révèleront pas forcément ‘incapables', les blancs pas forcément ‘méchants et racistes’ et tous finiront festoyant avec humour et solidarité.

Critique Critique Beur sur la ville

Où est donc passé le grand réalisateur et scénariste Djamel Bensalah ? C’est la question qu’on se pose lors du générique de fin et qu’on repense à l'ensemble de sa filmographie, aussi variée qu'amusante (Le ciel, les oiseaux et ta mère, Big City et Il était une fois dans l'Oued), dont la majorité aborde aussi les thèmes de la banlieue et de la mixité. Même Le Raid, loin d'être son meilleur film, avait le mérite de tenter une percée du drame dans la comédie. Toutes proportions gardées, Beur sur la ville pourrait se rapprocher de Neuilly sa mère, le film réalisé par Gabriel Julien-Laferrière et produit par Bensalah, mais ce dernier le surpasse tout de même en intérêt, en s'axant sur l'univers de l'enfance et en évitant l'écueil des "peintures de la société".


Ici on assiste à un scénario trop classique, basé sur une intrigue policière manquant cruellement d'action. On est donc bien loin de la tension de la scène du pont du Raid où l’amitié d’amis d’enfance volait pratiquement en éclats devant la peur de la mort. Ici, pas de drame ni de suspens, juste de la comédie légère qui sera malheureusement vite oubliée. Côté casting, le défilé people est de mise (Valérie Lemercier, Ramzy, le journaliste de TF1 Julien Arnaud, la très jolie Emilie Besse, Yves Rénier, Frederic Beigbeder...) à la manière d'une fin d'Astérix aux Jeux Olympiques. Bien sûr, rassurez-vous, le fantôme de la Coupe du Monde est toujours présente et on y parlera de ballon rond et de Zidane avec Pierre Menès et Pape Diouf. Et, cerise sur le gâteau de ce casting 4 étoiles, l'immense Jean-Claude Van Damme, rompu à l'exercice du guest se donne, lui, à 200% dans un rôle... totalement inutile.

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Au milieu de tout cela, le trio Booder-Issa Doumbia-Steven Tran n'offre pas toujours la dynamique attendue même si leurs prestations respectives s'avèrent tout de même très honorables. Les frasques de l'imposant Issa Doumbia à la voix aigüe font souvent mouche, Sandrine Kiberlain assure comme d'habitude et Booder joue bien son rôle mais cela reste encore trop peu pour rattraper le reste. On espère donc revoir Djamel Bensalah en bien meilleure forme... et au plus vite.

 





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