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Ginger & Rosa : la critique du film

Le 28/05/2013 à 15:29
Par
Notre avis
5 10

Porté par le charme de ses actrices principales, Ginger et Rosa tient globalement ses promesses. On regrette toutefois que Sally Potter n'ait pas choisi un fil rouge clair et qu'elle noie son propos en embrassant trop de sujets. Entre une oeuvre inititiatique ou le portrait d'une époque, le film méritait un sort plus tranché.

Découvrez ci-dessous notre critique complète de Ginger et Rosa. 


Critique : Ginger et  Rosa de Sally Potter

Que se passe-t-il dans la tête des adolescent(e)s ? Cette question semble agiter plusieurs réalisateurs depuis le début de l'année. Les films sur le passage de l'enfance à l'âge adulte se multiplient. Après les tonitruants Spring Breakers et Clip, et la chronique de Laurent Cantet Foxfire, Confessions d'un gang de filles, c'est au tour de Sally Potter de prendre ce sujet à bras le corps. A cette différence près : ici, pas d'images édulcorées dans une trash pop dantesque à la sauce Korine. Ginger et Rosa  reste un film consensuel. Remarquée en 1992 avec l'adaptation du roman de Virgina Woolf Orlando, la réalisatrice Sally Potter a depuis un parcours inégal qui mêle le bon et le moins bon, entre La leçon de Tango et Rage.

 

Londres, dans les années 1960. Ginger et Rosa, deux adolescentes inséparables vivent ce moment unique du passage de l'enfance à l'âge adulte. Entre paranoïa de la guerre froide et apprentissage de la liberté, révolution sexuelle et féminisme politique, elles entrent en rébellion contre leurs mères, pour finir par se déchirer, irrémédiablement.

 

Ginger & Rosa

 

En nous plongeant dans l'Angleterre des années 1960, Sally Potter s'arrache notre sympathie. Une décennie passionnante. Guerre froide. Activisme et féminisme politiques. Idéologies marquées. La réalisatrice s'est servie de ses expériences personnelles pour nourrir la trame de son film. Ce qui lui permet de retranscrire fidèlement l'ambiance et l'époque si particulière des années 1960. La musique joue également un rôle important dans cette retranscription. Le film s'ouvre sur la crise des missiles à Cuba, nouvelle relayée par la radio. Cette crise nucléaire va planer comme une ombre menaçante durant toute la durée du film et agir comme un catalyseur sur les destinées des deux adolescentes, Ginger et Rosa. Elles sont persuadées que la fin du monde est proche. Cette certitude va les entraîner dans l'activisme pacifique et vers une fuite en avant. C'est d'ailleurs cette question qui va les déchirer. Alors que Rosa semble sceptique, se rapproche du père de sa meilleure amie et calme ses angoisses dans sa foi christique, Ginger exprime ses craintes en poème, rompt avec sa mère et ses inquiétudes tournent à l'obsession et poussent le film à son paroxysme. Ce fantasme de la fin du monde devient vite pathologique et la plonge dans la folie. Cette crise révèle l'un des principaux défauts du films. Chaque choix est poussé à son paroxysme et confine ses protagonistes à la pathologie. La crise conjugale entre ses deux parents les pousse dans leurs retranchements et dans des positions butées, dénuées de sens et frisant l'exagération.

 

Ginger & Rosa

 

Sally Potter ne s'est pas résolue à choisir un camp. Elle semble vouloir embrasser trop de sujets à la fois. Ginger et Rosa souffre de l'absence d'un fil rouge narratif clair. La réalisatrice oscille entre film initiatique, la chronique d'une époque et portrait de l'Angleterre. Et dans ce charivari d'idées, elle semble avoir du mal à se dépatouiller. Le film recouvre l'ensemble de ces sujets et sonne donc parfois creux. Il aurait gagné à se limiter à un seul thème.

 

Ginger et Rosa a toutefois ce mérite, celui de montrer l'immense talent de ces deux jeunes actrices : Elle Fanning et Alice Englert. Déjà remarquée dans Twist de Francis Ford Coppola, sa chevelure incandescente irradie l'écran et c'est sur elle que repose le film. Sa complicité avec Alice Englert (Sublimes créatures) est évidente. Celle-ci, en montrant les failles de son personnage, permet de ne pas le rendre antipathique. Le film est également porté par une belle photographie, celle de Robbie Ryan, un beau casting et servi par une photographie travaillée, Ginger & Rosa aurait pu être un très bon film. Il se contente d'être agréable.

 


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