Les Âmes Vagabondes : la critique du film
Le 18/04/2013 à 18:39Par Marine Le Gohebel
Notre avis
Les aficionados de la série Twilight devraient être séduits par cette adaptation des Âmes Vagabondes. Si le film ouvre des pistes intéressantes, il est dommage qu'il ne les creuse pas davantage. Le film est toutefois sauvé par de belles scènes et par l'interprétation de Saoirse Ronan. Découvrez ci-dessous la critique du film Les Ames Vagabondes.
Après l'adaptation de la trilogie Twilight, c'est un autre roman de Stephenie Meyer qui est porté à l'écran : Les Âmes Vagabondes. Publié en 2008, il a été pendant vingt-six semaines en tête de la liste des meilleurs ventes du New-York Times. Une adaptation que les fans – tristes et orphelins depuis la fin de la trilogie vampiresque – attendaient avec impatience. Réalisé par Andrew Nicol – le scénariste de The Truman Show et réalisateur du réussi Bienvenue à Gattaca – on était en droit d'attendre beaucoup de cette adaptation. Qu'en est-il ?
L'humanité est aux prises avec une matière venue de l'espace. Des entités extraterrestres (les dites âmes) possèdent les corps des humains pour peu à peu contrôler la race humaine et faire de la terre un havre de paix et de sérénité. Une poignée d'irréductibles résistent. Parmi eux, Mélanie. Celle-ci a échoué à attenter à sa vie et une âme a investi son corps. Seulement l'âme de Mélanie résiste et – bien décidée à protéger son jeune frère et son amant - ne semble pas encline à dévoiler les secrets qu'elle possède. L'âme qui a pris possession de son corps va donc être déchirée entre les aspirations de sa race, exprimées par une Traqueuse (Diane Kruger) qui souhaite en finir avec l'espèce humaine, et l'amour de Mélanie pour sa famille.
On retrouve donc ici des thématiques rabattues, proche de celles de Stargate ou d'un Body Snatchers. Ce Dr Jekkyll and Mr Hyde à la sauce Meyer propose une histoire intéressante qui malheureusement ne tient pas ses promesses jusqu'au bout.
Suivant les indications de Mélanie, l'âme nommée Vagabonde se lance à la recherche des derniers humains. La Traqueuse à ses trousses. Cette course poursuite dans le désert du Nouveau-Mexique est rapidement traitée. C'est dommage, car elle constitue l'une des parties les plus intéressantes du film. Davantage développée, elle aurait pu avoir du potentiel. Car une fois le refuge des derniers humains trouvé, le film s'enlise et tombe à plat. Bien sûr, l'apparition du corps de Mélanie investi par une âme ennemie donne lieu à des situations intéressantes : à qui doit-on se fier ? Au corps ou à l'âme ? Ces questions vont déchirer la communauté (quelques instants). Malheureusement, ces question pseudo-philosophiques ne seront traitées que superficiellement.
Si la trilogie Twilight proposait un triangle amoureux entre trois créatures surnaturelles, Les âmes vagabondes fait mieux en ajoutant une personne à ce brouillamini sentimental. Jared est encore amoureux de Mélanie mais ne la reconnaît pas. Ian tombe rapidement amoureux de Gabie (surnom donné à l'âme). Ce quatuor amoureux donne droit à des scènes proches de la schizophrénie : lorsque le corps dit oui et que l'esprit dit non. Cette dichotomie s'exprime par une voix off qui restitue la lutte intérieure de Mélanie aux prises avec le corps qui n'obéit qu'à Gabie. Ces péripéties sentimentales occupent la seconde partie du film et, si elles sauront peut-être conquérir le public de la saga Twilight, elles ennuieront peut-être rapidement les autres.
Quel dommage que le réalisateur ne s'intéresse davantage à la lutte humaine pour la liberté. Ce conflit entre entités extraterrestres et humains reste finalement relayé au second plan et abordé de manière manichéenne, binaire.
Les âmes souhaitent un monde plus juste, dénué de toute violence. Elles sont incapables de mentir. La représentation de cette opposition est très simple : des lignes épurées et harmonieuses, des voitures brillantes et métalliques, et une élégance vestimentaire étonnante. De l'autre côté, c'est plus confus. Les humains vivent dans une grotte et cultivent la terre, dans une représentation quelque peu passéiste. On pense un instant au tableau Le Quatrième Etat de Volpedo. C'est pourtant de cette opposition que le film propose sa plus belle séquence : le soleil éclaire un champs de blé. Des personnes y travaillent. La lumière est intéressante. La photographie est soignée. Malheureusement, ce plan n'est qu'une fulgurance. La fin manque d'originalité, apparait trop facile, négligeant les réflexions philosophiques entamées.
Les âmes vagabondes souhaitent s'adresser à un public plus adulte. Il n'est pas certain que cette romance adolescente parvienne toutefois à le convaincre. En début d'année, le film Sublimes créatures était parvenu à créer la surprise dans le genre très convenu des Teen Movies, Les âmes vagabondes ne renouvellera probablement pas cet exploit.
On retiendra quelques belles séquences et le jeu de l'actrice principale (Saoirse Ronan). Interpréter deux personnages dans un même corps est une chose difficile, elle réussit cette prouesse.