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Death Sentence

Le 08/01/2008 à 09:26
Par
Notre avis
6 10

Death Sentence c'est non seulement un produit qui ne ressemble pas à Saw, engageant courageusement son jeune réalisateur là où il veut, mais aussi un étrange film d'action complètement incontrôlable qui décide d'envoyer bouler sans finesse n'importe quelle forme de morale, de sens, ou de règle préétablie. Un vrai, un joyeux n'importe quoi décérébré et nihiliste maquillé de la tête aux pieds en nanar rétrograde. Le pire, c'est que c'est une énorme qualité !


Critique Death Sentence

La perception du cinéma par James Wan est aussi fascinante que le travail qu'il rend. Un travail parfois perfectible, où forme et fond ne se sont pas toujours accordé comme il fallait, mais qui trouve le moyen d'intriguer en se réinventant un peu là où on ne l'attendait pas. Après Saw, génial bric à brac un peu speed jouant avec les règles du thriller et Dead Silence, film d'horreur mou du genou mais plastiquement superbe, il s'égare une fois encore vers d'autres sentiers avec le genre ultra dangereux qu'est le vigilante. Façon un peu old school en plus... En tout cas, il n'est même pas ici question de morale où d'analyse sociologique sur la violence actuelle. Le réalisateur s'est tout simplement passablement servi de ce qu'on lui a confié sans trop se soucier de ce qu'il peut véhiculer pour s'éclater comme un petit fou. Et de folie, il en est grandement question...

 

Critique Critique Death Sentence

 

Le film a beau se dérouler à l'époque actuelle, il vouvoie sans mal une espèce de décontraction vieille de 20 ans, si ce n'est plus. D'une part parce que cette drôle d'affaire ne prend pas de gant : Bam ! C'est l'histoire de gus qui agressent et tuent pour s'amuser, celle d'un père enragé que son fils ait été victime des gus en question, et d'une délirante guérilla entre le cadre embourgeoisé et la racaille au look rétro où tout le monde ou presque finit en morceau à grands coups de chevrotine. Ensuite parce que Wan se contrefout totalement de ce qu'on pourra penser de ce carnage d'une violence souvent gratuite presque impensable, et que la vengeance sert surtout de prétexte à expérimenter des réjouissances destructives que seul un metteur en scène peut vraiment comprendre. On est même d'ailleurs à des années lumières du fascisme ouvert de A Vif sorti il y a quelques mois, puisque loin de véhiculer l'apologie de la vengeance, Death Sentence dresse surtout un portrait de la dégénérescence la plus totale. Un vrai truc de dingue...

 

Critique Critique Death Sentence

 

La folie, donc. Un machin typiquement humain gangrené par une accumulation de choses comme la haine, la colère, la stupidité, la différence, l'incompréhension et même un degré de sadisme intrinsèque étalés ici en pâture. Ce qui est sur, c'est qu'on ne veut plus trop faire justice soi-même après avoir assisté à un spectacle aussi désespéré dans ce qu'il essaie de raconter, que bizarrement fun dans ce qu'il déballe à l'écran.. Comme évoqué plus haut, James Wan a probablement lui-même pété une légère durite et ne cherche même pas à effleurer les idées du Justicier de Minuit (alors que les deux films sont inspirés de bouquins d'un hauteur commun) et préfère lorgner vers la sauvagerie assumée de l'aussi barré Class 84, par exemple, à qui il emprunte même quelques tics bienvenus de ce bon vieux Mark Lester. Kevin Bacon le premier comprend d'ailleurs toute la grossièreté de la chose et se déchaîne complètement, envoyant tout valdinguer sur son passage, arrachant des têtes, des jambes, des mains jusque dans un éreintant (et spectaculaire) plan séquence dans un parking particulièrement sport où il frôle l'apoplexie pulmonaire.

 

Critique Critique Death Sentence

 

Mais comme tout le reste ici, on s'en fout, on se déchaîne, on courre, on envoie chier ceux qui ne sont pas contents, et comme il n'a qu'une vie, Wan en profite même pour faire transformer John Goodman en crapaud géant avant de faire joujou avec sa caméra comme cheetah dans une usine de banane. Ca passe partout, ça pète les murs, ça explose les gens, et ça reste surtout bien significatif d'une jouissance totale où même le mec qui a écrit Saw (donc pas un charlot) laisse en plein milieu de son film un élément nonsensique au possible, autour d'un numéro de téléphone, qui sert pourtant de pivot essentiel. La négligence qui sied, de toute façon, à la manière dont tout ceci a été mis sur pied et comme le signale le personnage de Bacon au début du film, "Sans humour, on devient fou". Wan en a bien tenu compte jusque dans un final rempli d'un cynisme exaltant. Entre ça et un démarrage mielleux au possible noyé dans une musique de communion - ça sent le second degré à plein nez cette affaire - le résultat a effectivement le mérite d'être spécial...








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