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Esther : le frisson ultime - critique d'un film traumatisant

Le 14/02/2020 à 16:48
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Notre avis
8 10

Thriller d'une efficacité dévastatrice, Esther s'impose comme le frisson ultime pour finir l'année en beauté. Renchéri d'un suspens grandissant et d'une vraie méchante de cinéma totalement assourdissante, à mi-chemin entre Shirley Temple et Glenn Close dans Liaison Fatale, le nouveau film du réalisateur de La Maison de cire est le doux moment de flippe violent et tendancieux qui bouscule nos attentes avec sa fausse bouille d'ange.

Découvrez ci-dessous la critique de Esther


Critique de Esther

''Faites des enfants''. Et à  défaut de conception biologique, ''Adoptez-en ''. Un appel à l'amour parental généralisé que le cinéma a un peu tendance à freiner dans ses films d'horreur. Entre l'encore récent The Children qui masque à peine son encouragement à la consommation de pilules contraceptives et cette Esther qui n'en finit plus de nous convaincre de rester à bonne distance des orphelinats, les terreurs de moins d'un mètre vingt ne cessent de nous glacer l'échine.

Avant même son tournage, Orphan - rebaptisé Esther, donc, pour l'exploitation française - se targuait déjà d'une réputation flatteuse par ceux qui avaient eu la chance de consulter le scénario (Bustillo et Maury nous en parlent ici), et plus particulièrement celle d'un thriller prometteur. Promesses mille fois tenues en pratique !

Esther

Non seulement l'intrigue, dotée d'un pitch basique au possible, se paye effectivement le luxe d'une efficacité d'écriture trop rare ou inutilement alambiquée dans la plupart des films actuels du genre, mais Esther s'impose simplement comme un thriller à l'atmosphère et à la montée d'adrénaline monstrueusement réussies. Le meilleur parti pris du film étant de ne jamais chercher à singer La Malédiction de Richard Donner (tellement s'y sont essayé avec maladresse) avec lequel il n'a finalement rien à voir, si ce n'est un bambin à la dégaine atypique, mais plutôt de livrer un vrai film de psychopathe façon Liaison Fatale... Mais avec une enfant de neuf ans à la place de Glenn Close, si l'on veut simplifier les choses.

 

Esther

 

Ne prenons pas de détour. Si Esther respecte habilement les codes d'un genre qui a longtemps tourné en rond jusqu'à l'accalmie suivant le français Harry, un ami qui vous veut du bien (intrusion dans le cadre familial, torture psychologique, manipulation de l'entourage et violence physique progressive), le film se catapulte illico sur le dessus du panier au point d'égaler ou détrôner celui d'Adrian Lyne. C'est dire !

Loin des soucis d'éthique et moraux imposés par ce qui est devenu un genre à part entière ayant fait les heures de gloire des téléfilms en milieu de journée (un mari ou une femme infidèle s'envoie le plus gros schizo de la ville avant de devoir l'affronter pour sauver sa famille, parce que ''tromper c'est mal''), Jaume Collet Serra s'intéresse essentiellement et avant tout à son personnage : véritable incarnation du mal à l'état pur aux traits fantomatiques, comme surgie d'une peinture victorienne où les pages d'un Bram Stocker à qui il fait d'élégants clin d'œil dans un jeu de fausses pistes qui amusera les cinéphiles.

Et c'est certainement là qu'Esther fait toute la différence. La réalisation d'abord, excellentissime, imposée par un cinéaste qui avait déjà fait ses preuves sur l'imparfait mais très chouette La Maison de cire, slasher hollywoodien très soigné, et dont certains procédés destinés à manipuler l'angoisse reviennent ici à la charge, couplés à une modernisation de la tradition gothico-macabre. Non content de faire de Esther l'autre (et surtout LE meilleur) film potable de Dark Castle, il y insuffle enfin ce qui manquait à son précédent : des traits de caractère attachants et crédibles, aidés par une direction d'acteurs déconcertante. C'est comme ça qu'on fait un premier film d'horreur pas mal, et un second excellent...

 

Esther

 

Car au-delà du divertissement, de la flippe et de la progression du suspens qui font passer les deux heures du film comme un claquement de doigt, on se souviendra surtout d'Esther comme de la révélation d'une actrice comme on n'en avait jamais vu ! De quoi renvoyer à la messe les pseudos chiards tétanisant dont le gros du comportement se limitait au mutisme, à l'immobilité et aux regards constipés. Isabelle Fuhrman, 12 ans, sorte de Mercredi Adams perpétuellement levée du pied gauche, en impose (au propre comme au figuré) malgré ses trois têtes de moins. Energique, enragée, glaciale, savoureusement rentre-dedans et armée d'un regard transperçant, la gamine peut prétendre sans mal au rang de plus beau méchant du cinéma de ces dernières années. Un statut énorme pour les épaules d'une seule petite fille, certes, mais qui confère à l'entreprise une vraie dimension de terreur, une tonalité sadique, inattendue, parfois tendancieux qui malmène les sensations de façon jubilatoire.

 

Article publié le 6 octobre 2009

 








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