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Goal of the Dead : le nouvel étalon du cinéma de genre français ? [Critique]

Le 06/03/2014 à 13:03
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Notre avis
8 10 Ne vous fiez pas aux apparences, le double programme de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud n’a rien ou presque à envier aux valeurs sûres de la comédie d’horreur. Abouti tant sur le fond que sur la forme, Goal of the Dead est un grand bol d’air frais pour les amateurs de cinéma bis un poil chauvins. Découvrez ci-dessous notre critique du film Goal of the Dead.

Goal of the Dead : la critique du film

Goal of the Dead : la critique du film

 

Propos : Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection très semblable à la rage allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss - le prodige arrogant, Coubert - l’entraîneur dépressif, ou Solène - la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie.

 

Goal of the Dead : première mi-temps"Un couple de films soigné tant sur le fond que sur la forme"

 

Le football étant rarement à la fête dans le cinéma hexagonal et le fantastique "made in France" en complète décrépitude, on imagine bien que ceux d'entre vous qui n'ont jamais entendu parler du projet avant aujourd'hui doivent lire ces lignes avec circonspection… Et on aura bien du mal à leur en tenir rigueur puisqu'à la seule lecture du synopsis, on croirait bien avoir à faire avec Goal of the Dead à un cousin des Seigneurs version ketchup. Rien de bien emballant. Pourtant, derrière ce pitch fumeux se cache un projet de longue date - Variety en parlait dès 2010 - et une collaboration à grande échelle (de Canal Plus jusqu'aux contributeurs de Movies Angels) initiés par quelques résistants qui ne pouvaient tout simplement pas se résoudre à voir le cinéma de genre disparaître de l'audiovisuel français. Chargés de cette mission à priori impossible, si ce n'est suicidaire, Benjamin Rocher et Thierry Poiraud sont, contre toute attente et pour notre plus grand plaisir, parvenus à construire un couple de films soigné tant sur le fond que sur la forme.

 

Goal of the Dead : première mi-temps"Goal of the Dead se rapproche très vite des réalisations d'Edgar Wright"

 

En effet, tel un match de football et par fidélité au principe du double programme qui faisait le charme du cinéma bis il y a quelques décennies, Goal of the Dead est divisé en deux mi-temps (de 70 minutes chacune) pendant lesquelles les deux réalisateurs (chacun en charge d'une partie) rendent un hommage mâtiné d'humour et d'horreur aux productions typiques des années 80. Oeuvre autant fantastique que catastrophe aux forts accents de survival et même de western urbain, leur diptyque polymorphe se veut aussi rassembleur que le sport qu'il aborde. Goal of the Dead se rapproche ainsi très vite des réalisations d'Edgar Wright, et parvient même à tenir la comparaison avec ces dernières. D'un point de vue technique par exemple, les films s'affranchissent complètement de leurs limites budgétaires et proposent quelques effets – notamment des "super-ralentis" chers à Jean-Jacques Amsellem – tout bonnement inespérés. Associez à cela une utilisation judicieuse de plusieurs éléments contextuels, tels que les projecteurs et fumigènes, ainsi qu'une réalisation stylisée (qui alterne entre plans aériens et au ras de la pelouse) et vous obtenez un visuel d'excellente facture, distillant une atmosphère apocalyptique qui n'est pas sans rappeler le génial Dernier pub avant la fin du monde.

 

Goal of the Dead : première mi-temps

"Les clichés tombent un à un au fil d’un script parfaitement exécuté par le casting"

 

Très respectueux des codes du genre dans lequel ils évoluent, réalisateurs et auteurs (Tristan Schulmann, Izm, Marie Garel, Laetitia Trapet et Nicolas Peufaillit) évitent de plus avec brio la parodie simpliste de film d'horreur et livrent, à l’inverse, une véritable comédie horrifique. La jeune fille n’est pas la peureuse de service, l’un des Jacky-tuning locaux est parisien, l’agent de joueur est prêt à salir son costard… Les clichés tombent un à un au fil d’un script parfaitement exécuté par le casting – Tiphaine Daviot (Cléo), Ahmed Sylla (Idriss) et Bruno Salomone (L’agent) sont particulièrement en forme - qui se paie même luxe de passer en revue les failles du monde footballistique actuel (violence toujours présente dans le football amateur, montée de l’individualisme chez les professionnels, le dopage concernant les deux organismes…). Il y a quatre ans, Goal of the Dead n'était peut-être ainsi qu'une simple réunion de scénaristes ayant eu l'idée saugrenue de faire évoluer des "enragés" sur un rectangle vert. Aujourd'hui, il est surtout un divertissement remarquable évoluant dans la même division que la Cornetto Trilogy.

 


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