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Gran Torino

Le 24/02/2009 à 18:38
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Notre avis
6 10 Pour son grand retour devant la caméra, Clint Eastwood se met en scène en homme vieillissant et réactionnaire, un vieux con d'à côté qui va s'ouvrir aux autres à travers ses contacts avec ses voisins Hmong. De par ses failles et ses contradictions, le portrait surprend, attendrit, fait sourire parfois, et offre au cinéaste un terrain idéal pour revisiter son propre mythe, avec une intelligence doublée d'un sens certain de l'autodérision. Dommage que le film lui-même s'avère par ailleurs anecdotique, les dialogues parfois hilarants ne parvenant pas à cacher les ficelles d'une histoire de rencontre culturelle clichée, avec tous les bons sentiments de rigueur. Cela dit, à défaut d'être un Eastwood majeur, Gran Torino reste une fantaisie sympathique de la part d'un cinéaste qui assume pleinement son âge et porte un regard plein de lucidité sur son oeuvre et son image.

Critique Gran Torino

Critique Critique Gran Torino

 

 

S'il signait encore récemment le très bon L'Echange, Clint Eastwood n'était pas apparu devant la caméra depuis Million Dollar Baby en 2004. Pour son grand retour, le maître s'octroie un rôle pour le moins surprenant, celui d'un vétéran de la guerre de Corée vieillissant et râleur, dont le racisme n'a d'égal que l'impolitesse dont il fait preuve à l'égard de tous ceux qui tentent d'établir un contact avec lui. Le fusil dans une main et la canette de bière dans l'autre, Walt Kowalski passe ses journées à maugréer dans son coin, pestant contre son voisinage, sa famille ou la décadence du monde en général, qui perd de vue les bonnes vieilles valeurs d'antan. Pourtant, ce vieux con d'à côté va sans le voir venir se lier d'amitié avec ses voisins, une famille d'immigrants asiatiques de culture Hmong et dont le fils, un adolescent timoré, est persécuté par une bande de voyous qui tente de l'enroler de force dans leur clan.

 

Critique Critique Gran Torino

 

D'emblée, le portait du bonhomme intéresse par ses contradictions mais aussi par la manière dont il revisite et bouscule le mythe de l'acteur/réalisateur, avec une intelligence mêlée d'un certain sens de l'autodérision. Les références à son oeuvre sont multiples et l'on pense plus d'une fois à L'Inspecteur Harry, notamment lors du final où l'allusion est tout autant thématique que visuelle, mais aussi à ses propres films, l'histoire d'amitié avec le jeune Thao (Bee Vang) prêchant la tolérance et l'acceptation de l'autre à l'image d'Un Monde Parfait. Sauf que l'acteur qui fut pendant les années 70 l'icône d'un cinéma prônant une vision pour le moins brutale de la justice se dévoile ici avec ses doutes et ses paradoxes idéologiques. Dans Gran Torino, l'amertume et les dehors machos de Kowalski ne sont pas synonymes de coolitude mais constituent une carapace dissimulant une vulnérabilité inattendue. Les contradictions de ce personnage qui use et abuse d'insultes racistes tout en s'ouvrant à une autre culture, dégaine son fusil tout en prônant la sagesse, renvoient à celles d'un certain cinéma américain imprégné d'une culture républicaine machiste mais qui sait pourtant à l'occasion s'ouvrir à un certain progressisme, un trait que le cinéaste décide d'appuyer franchement à travers le cheminement de son personnage. En plus de s'avérer très touchant, Kowalski sait aussi faire preuve d'un sens de la répartie qui donne lieu à des répliques hilarantes, participant grandement au charme du film.

 

Critique Critique Gran Torino

 

Pourtant, en dépit de son propos intelligent et de ses qualités d'interprétation, Gran Torino souffre tout de même dans sa globalité d'un scénario très prévisible, voire cousu de fil blanc en ce qui concerne l'écriture des personnages secondaires, assez clichés malgré le jeu convaicant de Bee Vang et Ahney Her dans les rôles de Thao et Sue. En outre, la tournure mélodramatique que prend le film dans son dernier tiers lui confère une certaine lourdeur, le final ne nous épargnant pas quelques effets tire-larmes. On pourra par la même occasion rester sceptique devant la manière dont l'auteur tente de dédramatiser l'impact des insultes racistes en les prononçant à outrance. L'intention est louable mais reste à savoir comment chacun percevra la chose selon sa propre expérience. Sur le plan artistique en revanche, le film s'impose comme une réussite sobre, le directeur de la photographie de Tom Stern, collaborateur fidèle du cinéaste depuis Créance de Sang (2002), faisant montre de sa méticulosité habituelle tout en délivrant une esthétique parfaitement en accord avec le cadre très quotidien de l'histoire. En somme, à défaut d'être un Eastwood majeur comme pouvaient l'être Un Monde Parfait ou Million Dollar Baby, Gran Torino reste agréable à suivre et permet à l'auteur de faire de manière intéressante le point sur son oeuvre, ses thématiques et son image.





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