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Her : le futur selon Spike Jonze [Critique]

Le 19/03/2014 à 18:07
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Notre avis
7 10 Romance atypique sur fond de dystopie subtile, Her est un film intelligent et dérangeant qui s'essoufle malheureusement sur la durée. La dernière réalisation de Spike Jonze profite néanmoins d'une mise en scène ingénieuse et d'une distribution exemplaire que cristalise l'impressionnante performance de Scarlett Johansson. Découvrez ci-dessous notre critique de Her.

Her : la critique du film

Her : la critique du film

 

Propos : Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…

 

Her

"La rencontre entre Theodore et Samantha sonne comme une évidence"

 

Romance naïve comme son personnage principal, drame glacial camouflé derrière un ton léger ou dystopie sous-jacente, Her s'appuit sur la sensibilité de chacun. Avec sa dernière création, Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovitch, Max et les maximonstres) invite une nouvelle fois le spectateur à entrer dans la tête de personnages torturés, quitte à parfois tomber pieds joints dans le ridicule. Mais aussi absurde qu’elle puisse paraître sur le papier, la rencontre entre Theodore Twombly et son système d’exploitation hors du commun apparaît comme une évidence. Si Joaquin Phoenix livre un numéro de soliste de qualité à l’écran, l’écriture de Jonze et la performance vocale de Scarlett Johansson se révèlent, eux, indispensables à la crédibilité de cette inconcevable relation.

 

Her

 "Le cinéaste parvient à montrer avec finesse l’évolution des mœurs de sa société futuriste"

 

Dès les premiers instants de son récit, le cinéaste parvient à montrer avec finesse l’évolution des mœurs de la société futuriste qu’il dépeint, et dont son héros est le pur produit. Engagé dans une voie sans issue depuis la demande de divorce de sa femme, qu’il ne peut se résoudre à accepter, Theodore choisit de s’immerger dans le virtuel pour échapper à la réalité. S’il a bien encore quelques amis, il leur préfère son travail de rédacteur pour magnifiqueslettresmanuscrites.com, son jeu vidéo, ou encore la compagnie de voix anonymes et de synthèse  (téléphone rose, son smartphone...). Lorsque l’OS révolutionnaire est mis sur le marché, il est donc prédisposé à en faire l’acquisition, au moins pour tenter l’expérience, au mieux pour pallier sa solitude. Mais après une personnalisation express, les premiers mots prononcés par cette I.A. dépassent toutes ses espérances. La voix suave et légèrement cassée de Scarlett Johansson rend « Samantha » immédiatement rassurante, au point qu’elle devienne aussi bien sa meilleure alliée le jour que la partenaire de ses nuits.

 

Her

"Impossible de ne pas voir en Her une projection amère de notre société"

 

Sans jamais interrompre l’harmonie naissante du meta-couple, Spike Jonze évoque pourtant dès la première moitié de Her divers sujets d’ordre moral et sociétal. Sans aller jusqu’à la robophilie d'un Fallout : New Vegaset bien que le sujet ne soit jamais directement évoqué, le spectre de la prostitution plane par exemple constamment sur le récit. De même, au fil de ses échanges avec Samantha, c'est sa vie privée que Theodore sacrifie sur l'autel d'un amour artificiel : elle lit ses mails, corrige son travail, le regarde dormir, étudie ses expressions, enregistre ses habitudes… Encore une fois, le sujet n'est que suggéré par le cinéaste qui multiplie les ellipses et se préserve ainsi de tout jugement. Il est cependant impossible de ne pas voir en Her une projection amère de notre société, dans laquelle la vie de chaque individu est le moteur d'une économie dont Facebook serait l'ancêtre.

 

Her

"Le dernier tiers du récit fait dans la redite et n'apporte que peu de valeur ajoutée à l'ensemble"

 

À l'instar de ces problèmes d'éthique, Spike Jonze place de nombreuses questions existentielles au cœur de son film. Samantha, Theodore mais aussi sa meilleure amie – qui profite de la performance très juste d'Amy Adams – en sont tout bonnement assaillis. L'existence charnelle fait-elle partie de notre humanité ? Une relation à long-terme avec un partenaire immortel est-elle possible? L'amour est-il une démence socialement acceptée ? Brillamment illustrés par une mise en scène ingénieuse durant la majeure partie du film (visant à provoquer aussi bien le rire que la gêne), ces débats d'ordre philosophiques finissent malheureusement par plomber Her dans son dernier acte. En proie à des problèmes de rythme (qui auraient pu être amoindris par quelques coupes) le dernier tiers de l'histoire fait dans la redite et n'apporte que peu de valeur ajoutée à l'ensemble. Plus dommageable, l'inéluctable cercle vicieux de la différence dans lequel tombent Theodore et Samantha débouche sur un final larmoyant. Etonnant de la part d'un cinéaste qui ne nous avait pourtant pas habitué aux excès de pathos. Malgré tout, Her demeure un film d'anticipation à découvrir pour ses subtils airs d’alarme silencieuse et la qualité de sa distribution.

 


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