Hors de contrôle

Bing, bang, boum ! Mel Gibson de retour dans un bon gros film de vengeance borderline et bien bourrin où, malgré son âge vieillissant, il veut retrouver et défoncer ceux qui ont osé dégommer sa fille à coup de chevrotine, juste devant lui en plus... Ca vous tente ? Yeah ! De l'étripage de salopards de voyous qu'on devrait laisser crever la gueule ouverte dans un caniveau, ça vous branche aussi ? Yahou ! Un bon polar bien républicain où les vraies valeurs s'acquièrent à coups de tatane dans la mâchoire, ça vous file également un gourdin de mulet ? Youpiiiii ! Sauf que, malgré une bande annonce post-Taken assez sexy, le film ne propose rien de tout ça. Pire que tout : le film essaye d'être intelligent et de raconter une histoire pro-écologique sur fond de complot politico-industriel pour nous expliquer que le nucléaire c'est über-caca. Non mais franchement, de qui se moque-t-on ?

Des promesses, toujours des promesses. Mais Martin Campbell, capable du meilleur (Casino Royale), du fort sympathique (Le Masque de Zorro) comme du pas terrible voire du nanar (tout le reste de sa filmographie), se retrouve coincé dans une adaptation à bout de souffle d'une mini série anglaise de la BBC (comme pour Jeux de pouvoir), qui ne sait sur quel pied danser, même si elle prend surtout appui sur sa jambe la plus molle. Essayant de nous resservir La Firme ou L'Affaire Pellican 75 ans en retard, avec son lot de cols blanc véreux et de porte-flingues tout mous de la gâchette, Hors de contrôle n'oublie surtout pas d'être ronflant. Et encore, on se passera de commentaire sur le titre français, juste incompréhensible compte tenu de l'énergie anesthésique du film en général. Souffrant principalement d'une intrigue qui étale ses ficelles maîtresses dans son premier quart d'heure (Mel Gibson trouve un badge d'accès sur lequel tout le film est révélé) pour ne plus rien proposer derrière, le film ne fonctionnera pas plus sur ses rares tentatives borderlines du bras vengeur, se limitant néanmoins à des plans d'action retournés pour la bande-annonce.

Réaliser un thriller basé uniquement sur les dialogues et le suspens est un art en soi : celui d'avoir un bon scénario derrière. Archi-revu et re-revu, Hors de contrôle ne renvoie pas comme nous l'espérions aux thrillers anglais des années 70 (violents, musclés ou non). Sans aucune identité ni aucun parti pris et avec un pauvre Martin Campbell au point mort derrière la caméra, peinant à passer la seconde sur trois pauvres petits plans d'action, Hors de contrôle mord à peine la ligne, coincé dans sa direction assistée.