Il était une fois un meurtre

Le 27/04/2011 à 15:14
Par Yann Rutledge

Notre avis

6 10 Il y a quelque chose d'ambivalent à vouloir explorer les faiblesses de l'âme humaine, à refuser tout manichéisme aussi confortable que réducteur, et de pourtant manquer à ce point de finesse. Les premières minutes d'Il était une fois un meurtre, durant lesquelles nous suivons deux hommes succombant à leurs pulsions et molestant une jeune fille avant de la tuer, restent terriblement glaçantes. 23 ans plus tard, au même endroit, une bicyclette est retrouvée... Plutôt que de prendre, à partir de cette double disparition, le classique chemin du thriller, le réalisateur Baran Bo Odar, épaulé au scénario par l'auteur du roman originel, Jan Costin Wagner, s'attache à retracer la chute psychologique d'un groupe d'invidus liés à l'affaire. La mère de la première fille qui a depuis fait son deuil, les parents de la seconde qui se refusent à accepter sa disparition et questionnent leur responsabilité, l'un des deux pédophiles, aujourd'hui père de famille, qui craint que son secret soit mis à jour.

A ces personnages, à la dualité profondément humaine, Baran Bo Odar ajoutent trois caricatures policières tout droit sorties d'un mauvais film américain. S'il avoue être influencé par le cinéma sud-coréen, le réalisateur ne cite pourtant pas directement Memories of murder auquel Il était une fois un meurtre renvoie pourtant directement. Comme une espèce de version simplifiée, épluchée de son aspect tragique, satirique, de cette savante maîtrise du mélange des genres propre au cinéma de Bong Joon-ho. Gentiment didactique jusqu'à un final inutilement explicatif, Il était une fois un meurtre a tout de la carte de visite pour les Etats-Unis.