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JCVD

Le 30/05/2008 à 18:27
Par
Notre avis
7 10

Tragi-comédie au croisement des genres, à mi-chemin entre la construction burlesque théâtrale et le cinéma d'auteur pur (mais pas dur), JCVD est la continuité logique du premier film de Mabrouk El Mechri, Virgil. Rien d'anormal. En revanche, ce second film est aussi l'évolution normale de ce qu'un type comme Jean-Claude Van Damme doit suivre, au point que sa réputation d'électron libre rend étonnante cette mise au point sur les plus laides images de sa vie. Parce que l'ami Jean-Claude, c'est autre chose que "Aware, cacahuète machin", comme l'évoque un personnage comme une étiquette, il ouvre ici son cœur comme un livre et offre à son public, à SES publics qui l'ont adulé ou descendu, la contre-performance de sa vie.


Critique JCVD

Difficile de parler pleinement de JCVD sans en déflorer les moments forts ou même l'intérêt profond tant il regorge d'idées et de cœur. On nage effectivement en plein entertainement lourdement assumé, où le réalisateur en premier se fait un vrai plaisir de gosse, un jeu de cartes mélangées façon Last Action Hero ou Jean-Philippe avec son histoire de film dans le film, mais aussi un exercice de style hommage au polar des années 70 de Sydney Lumet ou bien encore une prise de conscience semi médiatique où le Bigger Than Life laisse le Bigger de côté. Beaucoup, beaucoup d'éléments reposent sur les épaules d'un Jean-Claude Van Damme dont les dernières frasques laissent l'image d'un ringard qui raconte des conneries à la TV dans les complaisantes émissions d'Arthur ou, au mieux, un pauvre type relégué à des direct to vidéo tournées en Bulgarie et dont le salaire constitue 80% du budget. De quoi vanner, de quoi se pavaner et entretenir le mythe de star mourante si un tel projet avait atterri dans de mauvaises mains pour faire de JCVD un Aware : le film. Au contraire, Mabrouk El Mechri livre ici une comédie à degrés multiples qui accompagne sa star par la main au lieu de la prendre de haut.

 

Critique Critique JCVD

 

La première bonne idée ici est donc de ne pas prendre Van Damme pour un clown ou alors de le laisser camper un auguste triste, appuyé par le poids des moqueries. Rien ne va plus dans cette simili aventure autobiographique où les célèbres Muscles from Brussels sont un peu fatigués de castagner des types en plan séquence à 47 ans dans un film d'action Z dont le réalisateur lui-même néglige parfaitement la portée. Non, Jean-Claude n'aime plus vraiment ce qu'il fait, accepte des scénarios pourris pendant qu'il peut encore lever la jambe parce qu'il faut bien bouffer et voit filer entre ses doigts les choses élémentaires de sa vie. Sa fille ne supporte plus cette image, son agent galère comme une mule pour relancer sa carrière et son propre avocat hésite à lui faire une avance sur salaire. Pour ça, rien que pour ça, Jean-Claude se paye un petit retour aux sources, en Belgique, pour se remettre les idées en place, rencontrer sans vraiment le vouloir des fans de la première heure qui connaissent son œuvre mieux que lui, essayer de leur sourire dans un dernier élan d'énergie, et tente surtout d'obtenir un peu de cash en faisant un retrait dans un simple bureau de poste. Une dégringolade sociale depuis les hautes steppes des villas de Malibu qui le transformera rapidement en hors-la-loi lorsque ce dernier se verra refuser les quelques dollars réclamés avant que toute la clientèle soit prise en otage. Rien ne va plus !


 

Critique Critique JCVD

 

Impossible d'en rajouter une louche désormais puisque si JCVD est une comédie, une analyse du psyché de sa propre star ou un presque remake avoué (et donc pardonné) d'Un après midi de chien avec qui vous savez en lieu et place d'Al Pacino, c'est aussi un vrai film d'otages avec des rebondissements à tiroir qu'il serait malheureux de révéler ici. C'est en tout cas une œuvre passionnée qui fait jongler les intentions du cinéma d'auteur avec les inspirations d'une cinéphilie un peu Z où, noyé dans de savoureuses lignes de dialogues, John Woo en prend pour son grade parce que « Sans Jean-Claude, il continuerait à filmer des pigeons à Hong Kong », où Steven Seagal intervient un peu indirectement dans l'intrigue et où c'est un vrai bon vieux vidéoclub de quartier qui tient lieu de QG de la police pour entreprendre les négociations. Un film à la fois fou et sérieux, qui prend aux tripes tout en restant léger et qui touche franchement, même si deux ou trois séquences tire-larmes un peu faciles étaient probablement dispensables. On pense à un plan séquence confessionnal paraphrasant le film dans globalité. Mais si Mabrouk et sa narration exemplaire n'en avait pas besoin, Jean-Claude y trouve probablement une nécessité qu'on lui pardonne. C'est encore une fois l'authenticité qui l'emporte...








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