FilmsActu.com

Jusqu'en enfer

Le 10/06/2009 à 10:30
Par
Notre avis
6 10

Alléluia, Sam Raimi revient d'entre les morts, comme ressuscité par une formule trouvée dans un grimoire démoniaque. Si le cinéaste accuse d'une inspiration moindre que la plupart de ses œuvres phares passées, il démontre ici qu'il reste quelque part au fond de lui un soubresaut d'énergie. Avec un topo très bête et très nul qui n'aurait correspondu qu'à un format du type Contes de la crypte, il accouche d'un long métrage sans temps mort, à mi-chemin en le cartoon gluant et la méga frousse. Assez pour mériter le déplacement...


Critique Jusqu'en enfer

Après une bande-annonce commerciale du plus mauvais goût, et avec un réalisateur qui semblait s'atteler à l'horreur potache un peu sur le retour, uniquement pour satisfaire les fans qui en avaient ras-la toile de Spider-Man, Jusqu'en enfer semblait n'être qu'une tentative à prendre avec des pincettes. Un échaudement justifié par la compression des studios dans laquelle on a vraiment perdu Sam Raimi, qui ne nous avait pas offert de vrai bon film depuis dix ans maintenant. Sa dernière bobine recommandable remontant au très bon thriller Un Plan Simple... Après, après... Plus grand-chose sitôt l'engouement Spider-man retombé, à travers un premier film sympa, sans grande inspiration passé la première heure, mais surtout mettant véritablement les doigts dans l'engrenage machiavélique des gros studios qui l'ont poussé à la faute, d'épisode en épisode... Quant au gamin qui a grandi avec Evil Dead, Army Of Darkness et surtout son génialissime Darkman (probablement son meilleur film), il faisait déjà son deuil en se consolant avec l'autre petit génie qui avait lui au moins réussi son examen de passage du bis admirable au blockbuster monstrueux : Peter Jackson...

 

Critique Jusqu'en enfer

 

C'est donc à la surprise générale que Raimi revient. Timidement, mais sûrement. On ne savait effectivement pas trop comment recevoir son Drag Me To Hell : aveux de faiblesse (dans une récente interview, il reconnait lui-même s'être planté sur de nombreux points dans Spider-man 3), envie d'un projet moins lourd, plus personnel, ou tentative de reconquête de son auditoire originel ? On ne le saura pas vraiment, mais il signe là un entre-deux (régressif) très honnêtement emballé, technologiquement aussi à l'aise qu'un spectateur de film de genre puisse espérer et suffisamment divertissant pour outrepasser un scénario d'une nullité abyssale. Script que l'on doit aux Raimi, Sam et Ivan (déjà responsables de celui de Spidey 3), mais qui démontre qu'avec un chouette sens du rythme et une mise en scène inspirée, on peut enjamber d'immenses lacunes d'écriture. Chose d'autant plus louable que le pitch se fond dans le concept éculé du ghost movie moderne que plus personne ne peut supporter (voir Les Intrus) et sur lequel même Alexandre Aja s'est planté en beauté avec Mirrors...

 

Critique Jusqu'en enfer

 

Mais Raimi semble finalement avoir mieux pigé le genre qu'Aja. Il a en tout cas suffisamment de recul pour apporter un véritable regard de spectateur et comprendre que la coupe est pleine. Las du premier degré, las de la suggestion, las de la modération, celui qui a conservé quelques tics d'enfant terrible s'évertue à enchaîner les affrontements fous avec des grandes louches et sans temps morts, totalement à contre-courant des règles codifiées du thriller paranormal. Ici, c'est un peu comme si Shyamalan avait fusionné avec Tex Avery et que le mélange n'utilisait que sa charmante atmosphère cartomancienne comme un vulgaire prétexte pour légitimer des séquences aussi débiles que jouissives. On pourrait aisément résumer ça à une jeune qui se fout sur le coin de la gueule avec une vieille, mais finalement, c'est quand même un peu ça. Un petit festival cartoonesque où tout est bon pour animer les confrontations (enclume, agrafeuse, bouc possédé, vomi, macchabés craspouilles et autres insectes intrusifs) avec une immaturité totale, appuyée par une direction artistique globalement de très grande tenue.

 

Certainement pas le pivot qu'on espérait (d'autant plus qu'on n'attendait plus rien) ni une œuvre majeure, Jusqu'en enfer reste néanmoins une très honnête pièce du sieur Raimi après des années d'inconsistance démontrant qu'il n'a pas totalement pactisé avec le diable. C'est fun, c'est fou, c'est tout, et c'est déjà bien !






Depuis 2007, FilmsActu couvre l'actualité des films et séries au cinéma, à la TV et sur toutes les plateformes.
Critiques, trailers, bandes-annonces, sorties vidéo, streaming...

Filmsactu est édité par Webedia
Réalisation Vitalyn

© 2007-2024  Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.