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La Cité de l'Ombre

Le 03/12/2008 à 13:01
Par
Notre avis
8 10

Bien plus abouti que les trop nombreux films pour enfants pseudo-féériques post-Harry Potter qui pullulent sur nos écrans depuis quelques années, La Cité de l'Ombre est une véritable réussite, aussi bien graphique que narrative, et qui confirme tout le bien que l'on pensait de son réalisateur Gil Kenan. Bref, si vous cherchez un film qui vous fera rêver pendant les fêtes, vous savez vers quoi vous tourner...


Critique La Cité de l'Ombre

Il y a deux ans, Gil Kenan avait réussi avec Monster House l'improbable pari de faire revivre l'espace de quelques instants l'esprit des Goonies dans un magnifique revival 80's, qui puisait ses inspirations profondes dans les univers des Joe Dante et de Robert Zemeckis. Avec ce magistral film d'animation (produit par Amblin, ca ne s'invente pas), Kenan faisait, par la grande porte, son entrée dans le cercle très prisé des metteurs en scène à suivre de très, très près. Aujourd'hui, le jeune réalisateur revient avec La Cité de l'Ombre, avec la lourde tâche de légitimer tous les espoirs que l'on avait pu mettre en lui. Tâche relevée haut la main par le cinéaste, qui en plus de signer un premier film live bigrement bien fichu, confirmant ainsi ses talents pour la mise en image, arrive ni plus ni moins qu'à offrir au spectateur un grand et beau film d'aventures comme cela faisait longtemps qu'on en avait pas vu ! Tiré du livre éponyme de Jeanne DuPreau, la Cité de l'Ombre (City of Ember en VO, on vous laisse apprécier la prise de liberté avec le titre original) raconte l'incroyable histoire de deux gamins de la mystérieuse cité souterraine d'Ember (construite à l'intérieur d'une montagne deux cents ans auparavant pour une raison que l'on ignore), qui vont être amenés à percer le secret de leurs origines en décryptant une étrange carte codée. Une course contre la montre pour nos deux jeunes héros (Harry Treadaway et la jeune Saoirse Ronan vue dans Reviens-moi, tous deux parfais dans leurs rôles), qui voient dans cette quête la possibilité de sauver leur ville d'une catastrophe imminente due à la destruction du générateur d'électricité qui fournit à la cité toute l'énergie dont elle a besoin.

 

Critique La Cité de l'Ombre

 

Si présenté de la sorte, le scénario de La Cité de l'ombre peut ressembler à un mauvais scripte de jeu vidéo - entrainant fort logiquement une certaine appréhension avant que ne s'éteignent les lumières et ne s'ouvre le rideau rouge, - on oublie bien vite tous nos a priori dès les premières images du film. La mise en scène aérienne de Kenan découverte dans Monster House (qui avait même convaincu les plus farouches détracteurs de la performance capture) se retrouve ici à l'identique pour sa première tentative live. La caméra balaye la cité d'Ember avec une virtuosité qui n'est pas sans rappeler un récent film de Guillermo Del Toro, plongeant les personnages dans un univers magique, à mi chemin entre les architectures imaginées par le duo Caro-Jeunet dans leur Cité des enfants perdus et l'atmosphère Vern-ienne du célèbre jeu vidéo Myst. Dans ce méandre d'acier steampunk (on pense à la célèbre Ligue des Gentlemen extraordinaires d'Alan Moore, mais aussi à Nadia le secret de l'eau bleu), les fans de SF rétro-futuristes déçus par les dernières tentatives du genre (Captain Sky, La boussole d'or) seront aux anges en découvrant un univers aussi abouti visuellement (à souligner aussi les excellent effets visuels du film), où mythologie et décorum fin XIXème se marient à merveille avec quelques relents sociopolitiques plutôt modernes. Impossible en effet à la vision du film de Kenan de ne pas y trouver un écho avec la situation de crise actuelle, où les plus aisés (dans le film, le maire de la ville, Bill Murray, très convaincant) exploite sans vergogne le travail de plus démunis (tous les autres) sans se rendre compte que le monde qui les entoure court à sa perte. Un sous texte pas innocent pour un sou donc, et qui donne à La Cité de l'Ombre une dimension et une portée plutôt intéressantes pour un film aux apparences si inoffensives.

 

Critique La Cité de l'Ombre

 

De plus, outre son univers riche et sa problématique pertinente, le film de Gil Kenan se montre particulièrement réussi sur le plan de la narration. En effet, digne héritier des génies de l'entertainement 80's cités ci-dessus, qui savaient comme personne dynamiser leurs métrages par des péripéties menées pied au plancher, Kenan peut se targuer d'avoir fait un film fluide et rythmé qui ne lasse jamais (et pourrait accessoirement servir de modèle à quelques metteurs en scène actuels). A aucun moment la Cité de l'ombre ne nous ennuie, et même si on aurait parfois tendance à regretter que certains passages soient expédiés un peu trop rapidement, il n'en reste pas moins que les 95 minutes du film filent à la vitesse de l'éclair. Un très bon point pour Kenan, puisque son film s'adresse à la base à un public plutôt jeune, aujourd'hui allergique à toute forme de rythme piano. Difficile donc, à la lumière de ces nombreuses qualités, de comprendre la réaction du public américain vis-à-vis du film. En effet, avec son budget de 38 millions de dollars et son score cumulé de 7,5 millions cumulés sur cinq semaines d'exploitation (pour 2000 écrans quand même), la Cité de l'Ombre est clairement ce que l'on peut appeler un bide. Les lois du box-office ont beau être parfois vachardes, on souhaite néanmoins et de tout cœur pour l'ancien protégé de Zemeckis (aujourd'hui sous la coupe de Tom Hanks, producteur du film) que cet échec ne l'empêche pas de continuer à nous faire rêver. On en a bien besoin.

 

Critique La Cité de l'Ombre








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