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La Fille du Puisatier

Le 19/04/2011 à 11:00
Par
Notre avis
8 10

Film anachronique dont les moins de vingt ans (voire plus) risquent de se gausser, La fille du puisatier n'en est pas moins plaisant. L'écriture universelle et les personnages attachants de Pagnol y sont pour beaucoup. Le décorum méridional et les dialogues chantants également. Auteuil et Merad aussi, indubitablement. Certes, cette Fille du Puisatier version 2011 ne nous fera pas oublier ce monument de Septième Art forgé il y a 70 ans par Pagnol, Fernandel et Raimu. Mais elle aura le mérite de faire revivre sur grand écran le petit monde du papa de Marius, un monde sur lequel les années ne semblent pas avoir de prises.


Critique La Fille du Puisatier Daniel Auteuil

En 2011, l'idée de sortir une nouvelle version de La fille du puisatier peut surprendre. Alors qu'aux Etats-Unis, les studios font la course pour savoir qui rebootera le plus vite des franchises qui n'ont même pas 10 ans - histoire de garder au chaud l'attention du jeune public qui ne prend plus la peine de découvrir des films du siècle dernier - en France, on imagine un remake d'un film qui a 70 ans, dont le texte, les têtes et le ton n'ont à priori pas de quoi faire chauffer les cartes illimitées dans les multiplexes. "La fille du puisatier, d'après l'œuvre de Marcel Pagnol" : rien que dans le titre, on trouve un terme issu d'un temps que le moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et le patronyme d'un auteur qui ne doit pas être très important, puisqu'il n'a pas de station de métro à son nom. Bref, voir aujourd'hui La fille du puisatier à l'affiche relève d'un anachronisme certain. Les premières minutes du film appuient d'ailleurs ce constat. La typo des titres semble tirée d'une VHS René Château. Les accents méridionaux sonnent comme un mauvais pastiche des chevaliers du Fiel. Le décor, la musique, les cigales laissent planer sur le film de Daniel Auteuil comme un étrange parfum de renfermé qui nous laisse craindre d'une œuvre passéiste et rétrograde, dans la parfaite lignée des films d'un certain Christophe Barratier. Et pourtant...

 

Critique La Fille du Puisatier Daniel Auteuil

 

Et pourtant, passé un premier quart d'heure assez inégal, La fille du puisatier dévoile ses charmes - on parle du film, pas de la jeune Astrid Bergès-Frisbey, bande de pervers. Ces accents si dissonants se mettent soudain à chanter. Ces mots, pourtant d'un autre âge, commencent à trouver leur sens. Cette ambiance, ces musiques et ces couleurs nous prennent par la main et nous entrainent dans l'univers de Pagnol, qui plus d'un demi-siècle plus tard vient nous rappeler pourquoi il est tant aimé. Parce qu'il savait raconter des petites histoires qui parlaient à tout le monde. Le casting, qui à première vue pouvait paraitre trop bankable pour être honnête, finit aussi par apparaître logique, incontournable. Qui d'autre que Kad Merad pouvait reprendre le flambeau du personnage de Félipé après Fernandel ? Pas grand monde en effet. Auteuil de son côté ne fait pas oublier Raimu. Mais il incarne un Amoretti tout en contrastes, tantôt chaleureux, tantôt capable de violentes saillies verbales qui font froid dans le dos. C'est d'ailleurs ce qui marque le plus dans La fille du puisatier : caché sous des belles phrases et des intonations chantantes se trouve un réalisme cru, qui 70 ans après le film original, prend un sens particulier.

 

Critique La Fille du Puisatier Daniel Auteuil

 

Le fait est qu'ici, les agissements des personnages peuvent étonner. Choquer même parfois, en particulier ceux du personnage principal qui aux yeux d'un public non averti et collectionneur de points Godwin, pourrait passer pour un réactionnaire nazi et sans cœur. Mais cela signifierait que le film d'Auteuil se cherche une portée moderne, un écho contemporain. Ce n'est pas le cas. Il ne tombe pas non plus dans une quelconque nostalgie visant à nous faire comprendre que c'était mieux avant, et que les jeunes générations feraient bien de revenir à quelques fondamentaux tombés dans l'oubli, tels que le travail et la famille - et vous me mettrez un peu de patrie puisqu'on y est. La fille du puisatier est plutôt une photographie d'une autre époque, ni plus heureuse, ni plus triste que la notre. Une époque, pourtant pas si lointaine, où les mœurs, très traditionnalistes, étaient différentes. Où les valeurs étaient autres. Et si les écrits de Pagnol ne sont pas intemporels, ils sont néanmoins universels. Ainsi, les émotions demeurent intactes. Par le biais des choses du coeur, on comprend alors que ce film n'a pas été fait pour les nostalgiques de Pagnol. La fille du puisatier est un film pédagogique. Son histoire, à priori anecdotique, et ses personnages sont le reflet de la société d'avant-guerre. Nos grands-parents auront toujours Fernandel et Raimu dans leurs têtes. La jeune génération, au contraire, à défaut de savoir où elle va, sera certainement très intéressée de savoir d'où elle vient. En découvrant ce film, par exemple ... Critique de La Fille du Puisatier publiée le 07 avril 2011 à 11h00.

 

 





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