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Largo Winch

Le 08/10/2008 à 08:54
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Notre avis
5 10

Difficile de ne pas être partagé devant un spectacle symbolisant aujourd'hui encore la tiédeur dans laquelle baigne le cinéma de genre en France. Largo Winch, c'est une icône, un nom porteur de succès mais aussi un certain portrait de la démesure et de l'arrogance décontractée. Dans les faits, ce blockbuster à la française se donne effectivement les moyens de ses ambitions romanesques et livre un thriller friqué (logique, étant donné l'univers dans lequel l'histoire se déroule) avec tout ce qu'il faut d'avions, de bateaux et de grandes tours. Le hic, c'est que comme ses prédécesseurs et confrères Arsène, Belphégor et autres, le film accuse une certaine retenue dans ses scènes censées justement remuer, l'empêchant ainsi de décoller pour de bon. Ce premier film n'étant qu'un long prologue aux aventures à venir, on ne le prendra que pour une simple mise en bouche, pas trop mal romancée, mais à laquelle il manque encore une pincée d'inspiration pour prétendre à la cour des grands.


Critique Largo Winch

C'est encore un peu dur à avaler, étant donné l'avenir incertain de Tintin et l'insondable purge dans laquelle Astérix a plongé de plein pied, mais la bande dessinée francophone a certainement de beaux jours devant elle sur grand écran. Artistiquement parlant, nous n'en savons rien, mais l'adaptation de Largo Winch a au moins le mérite de ne pas avoir été faite par-dessus la jambe. Faire du genre, c'est bien, mais en faire qui ressemble un peu à du cinéma, c'est encore mieux. Grosse, très grosse production made in France, l'adaptation de la BD de Van Hamme place en tout cas ses pions différemment que la plupart des blockbusters pouêt-pouêt bien de chez nous, privilégiant cette fois-ci une esthétique luxueuse. Enormes travellings aériens d'exposition, décors capturés ça et là à travers le monde, bastons, cascades, poursuites et effets spéciaux sont ainsi mis au service de ce qui tente un peu de concurrencer territorialement l'indétrônable James Bond. La route est longue, mais engagée.

 

Critique Critique Largo Winch

 

Si la sauce ne prend pas totalement, c'est justement parce que l'œuvre en elle-même se perd un peu dans ce qu'elle tente d'aborder. Les relents bondiens sont évidents (c'était déjà le cas dans la BD) quand Alexandre Desplat tente quelques percées façon John Barry mais aussi lorsque sont casés quelques personnages clin d'œil flegmatiques comme son Majordome ou Miss Pennywinkle. Jusque là rien de honteux. Mais Largo Winch s'essaye également, en 1h45 chrono, au récit d'espionnage industriel, au thriller policier, à la tragédie familiale et à l'aventure un peu ''tagada tsouin tsouin'' (il saute partout) dont les péripéties fleurtent bon ce que l'on est plutôt habitué à retrouver sur des planches. Certes, des histoires de freins qui lâchent, deux-trois bourre-pif et la poursuite après un tueur mystérieux dont on n'a vu que la main tenant une arme font un peu désuet, mais on peut toujours considérer tout ça comme une passerelle entre les deux médias. Le problème, c'est qu'à force de distiller autant d'éléments que possible sur le personnage principal en piochant dans toutes ces recettes (Largo est bagarreur, Largo est séducteur, Largo a le sens des affaires, Largo a la nostalgie de la famille, Largo parle toutes les langues du monde), le récit se perd dans une narration qui essaie constamment de joindre les bouts en nuisant un peu à son rythme et sa clarté. D'autant plus que, aussi fascinant le héros soit-il, Tomer Sisley n'en tire rien de particulièrement transcendant.

 

Critique Critique Largo Winch

 

Comme toujours chez nous, lorsque l'on tente une percée dans la simili action premier degré, on se retrouve à nouveau avec une satanée histoire du verre à moitié vide trahissant l'inconfort des scénaristes français dans le pop corn movie moderne. A l'instar de son précédent Anthony Zimmer, Jérôme Salle ne livre pas un produit fondamentalement honteux (même si l'on pourra toujours se moquer un peu du travail du perruquier avec ces fausses barbes et fausses brunes à foison, magnifiés par une Kristin Scott Thomas relookée façon Danièle Gilbert), mais également loin d'être essentiel. Disons que certains films devraient ne pas être uniquement pensés pour la télé. Un truc à envisager pour le second épisode.








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