Le Dernier Exorcisme

Critique Le Dernier Exorcisme

Alors que le genre s'essouffle aussi rapidement qu'il s'est imposé, on se demande bien ce qui peut encore encourager l'industrie du cinéma à se lancer dans une simili reproduction de la réalité subjective via de vrai-faux documents amateurs. Question que l'on peut d'autant plus se poser à propos d'un garçon comme Eli Roth ("simple" producteur ici), fan de cinéma de genre particulièrement alerte, dont l'œuvre en tant que réalisateur imposait une vraie compréhension de l'horreur. On vous renvoie au bon souvenir de son excellent Hostel 2. La réponse est donnée très vite dans Le Dernier Exorcisme, qui s'impose certainement comme l'un des meilleurs de cette catégorie à part. D'abord parce que le film impose un ton empathique dès ses premières secondes mais surtout parce que le réalisateur Daniel Stamm ne succombe pas à cet effet de style un peu désuet et entretient la volonté d'acoucher d'un vrai film de cinéma malgré tout. Il trouve en tout cas le bon équilibre entre les deux aspects.

Le film joue donc la carte du documenteur mais ne cherche à aucun moment à nous faire croire que "tout ceci est vrai", puisqu'il assume totalement son concept de fond fictionnel et sa construction technique soignée. Là où les autres se situaient dans un contexte de "nous avons retrouvé cette cassette et vous la dévoilons brute", Le Dernier Exorcisme jongle avec sa notion d'images prises sur le vif mais aussi celle du reportage professionnel monté (on y trouve des plans de coupe) et mixé (quelques chevauchement de voix ou d'interviews, de la musique illustrative). Un peu comme si l'équipe de l'émission Envoyé Spécial s'en était chargée. En jouant avec ces irrégularités du vrai/faux, allant parfois à l'encontre de toute logique, le film gagne en efficacité et devient surtout intéressant à suivre. Un détail primordial ! Car l'autre bon point est attribué au fait que Le Dernier Exorcisme a la décence de raconter une histoire correctement calibrée et scénarisée malignement (la progression de la terreur fait un effet mouche) en ponctuant son intrigue de rebondissements et de situations plutôt efficaces (on trouve même l'occasion de nous y caser un drôle de freak en second rôle) que les comédiens subissent avec un naturel très convaincant. Il démontre en tout cas que l'on peut rester dans un registre suggestif (tout en restant graphique) sans pour autant endormir son public.

Il est ensuite très difficile d'analyser Le Dernier Exorcisme en profondeur sans risquer d'en briser les petits secrets, mais on ne peut qu'apprécier sa forme de légèreté tout en prenant son principe très au sérieux. La meilleure idée du film étant de confronter son héros à un choc culturel et social très sombre puisqu'il s'agit d'un révérend contemporain décidé à démontrer que l'exorcisme est une charlatanerie en s'aventurant dans une région des États-Unis remplis de fanatiques. L'histoire du prêcheur consciencieux dépassé par la folie de son auditoire. Une sorte de Projet Blair Witch perdu dans le voisinage de Massacre à la tronçonneuse. Ce n'est pas pour nous déplaire.

Première publication : 03/08/2010