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Les Yeux de sa mère

Le 18/03/2011 à 15:55
Par
Notre avis
5 10

Réalisé par Thierry Klifa (Le héros de la famille), écrit par Christopher Thompson (fils de Danièle Thompson, petit-fils de Gérard Oury), Les Yeux de sa mère, long-métrage choral ambitieux sur les traumatismes d'une famille bourgeoise parisienne, a tout du « film français traditionnel ». Catherine Deneuve, impériale, comme toujours, en est la pièce maîtresse, et Nicolas Duvauchelle y trouve là certainement l'un de ses meilleurs rôles. Un film dense, fort, troublant, mais aussi inégal et presque trop prétentieux. Ce qui ne l'empêchera sans doute pas de se trouver une bonne place dans la liste des prochains prétendants aux César...

Découvrez ci-dessous la critique du film Les Yeux de sa mère


Critique Les Yeux de sa mère
Critique Les Yeux de sa mère

Comme on aurait aimé s'émouvoir des malheurs de cette famille décomposée, pleurer avec eux de leurs tristesses, de leurs déboires, de leurs retrouvailles et de leurs déchirements. On aurait aimé se laisser porter par ce casting huppé, s'envoler avec les pas gracieux d'une Géraldine Pailhas danseuse étoile, sentir son cœur se serrer lorsqu'une mère, ces mères, prennent conscience de la réalité de leur relation avec leur enfant. Oui mais voilà. Les Yeux de sa mère a tout du film français classique, dans la pure tradition du cinéma d'auteur qui cherche à s'ouvrir au grand public. Dans tout ce que cela implique de conformisme, mais aussi de prétention et de longueur...

Car si nos voisins européens (surtout anglais, pour ne pas laisser les citer) s'intéressent à un autre type de chronique sociale, ici Thierry Klifa conte les malheurs d'une famille de la petite bourgeoisie parisienne, auquel il est forcément moins évident de s'identifier. Une mère qui délaisse son enfant pour privilégier sa carrière de journaliste puis de présentatrice du 20 heures , cette même fille qui abandonne son enfant à 16 ans pour embrasser son titre de danseuse étoile... Et puis il y a la mère de substitution jamais reconnue, les parents adoptifs craignant ce fameux jour toute leur existence, et un écrivain, écorché par la vie, qui bousille le futur des autres pour se venger de son passé. Un pitch intéressant, que Thierry Klifa met délicatement en place durant toute la première partie du film, avec des personnages meurtris, chacun à leur manière, filmés avec beaucoup de pudeur et de tendresse. On sent le piège se refermer, doucement, autour de leur existence, et l'on aime ce traitement psychologique des sentiments. Tout est dans la retenue, les non-dits, les faux semblants.

Critique Les Yeux de sa mère

Il est d'autant plus dommage alors que le cinéaste et son scénariste Christopher Thompson se perdent dans la facilité du mélodrame dans la second partie... Ils multiplient alors les sursauts scénaristiques irréels, destinés simplement à faire monter la petite larme des spectateurs au coeur tendre. L'apothéose se situe peut-être dans le montage croisé d'une soirée mêlant présentation du 20h, danse et combat de boxe, soirée si importante pour le futur de nos personnages. Comme l'argent ne fait pas le bonheur, trop d'émotion tue l'émotion, et finalement, on ne sait presque plus sur qui pleurer. La mise en scène se fait lisse, trop classieuse, enfermée dans le carcan du classicisme. On se tourne alors vers les acteurs pour apprécier toute la force du film.

 

Catherine Deneuve, impériale, impose dans son rôle de journaliste mi Claire Chazal, mi PPDA, mère meurtrie qui ne le montrera jamais vraiment... Et Marina Foïs et Jean-Marc Barr, sous exploités, respirent pourtant le naturel d'un petit couple de province pour qui, pour eux non plus, la vie n'est pas simple. Enfin, Nicolas Duvauchelle, parfois maladroit, parfois très juste, brille dans son rôle d'écrivain écorché vif, tenant sans doute là l'un de ses plus beaux rôles. Même si, l'on n'échappe pas, comme dans tous ses films, à la fameuse scène où le bellâtre se balade entièrement nu... Enfin, notons aussi la découverte de Jean-Baptiste Lafarge, véritable révélation, qui pourrait bien prétendre au titre de César du meilleur espoir masculin l'année prochaine, tant son charisme et son naturel à fleur de peau donne de la force au gamin perdu qu'il interprète.

 

A la fois sincère, touchant mais sans doute trop classieux, perdu dans un classicisme sans âge, Les Yeux de sa mère laisse alors un sentiment assez mitigé – car finalement, après autant d'émotions, de sentiments partagés et de secrets dévoilés, on ne peut s'empêcher de se demander le véritable enjeu du film une fois les lumières rallumées.

 

 

 





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