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Même la Pluie

Le 06/01/2011 à 17:15
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Notre avis
9 10

Même la Pluie revient sur la guerre de l'eau qui a enflammé les rues boliviennes en 2000 pour mettre en scène l'expérience apocalyptique d'une équipe de tournage prise dans la tourmente de la révolte. Dressant un parallèle entre les dérives de la mondialisation et le passé colonial du pays, la réalisatrice Iciar Bollain dégage toutes les contradictions et l'ambigüité de la démarche de tourner un film engagé dans un pays pauvre, pointant le caractère à la fois futile et nécessaire du Cinéma. A l'intelligence du propos s'ajoute un face-à-face touchant entre deux hommes interprétés par l'excellent Luis Tosar et par Juan Carlos Aduviri, révélation du film. Un drame puissant et passionnant quelque soit le niveau de lecture.

Découvrez ci-dessous la critique du film Même la Pluie


Critique Même la Pluie

Critique Même la Pluie

 

En avril 2000, un énorme conflit social éclate en Bolivie, entraînant une série de manifestations dans les rues de Cochabamba, au point que le président déclare l'état d'urgence. Au cœur du conflit : l'eau. Sa privatisation compromet l'accès de la population à cette ressource indispensable à la survie. Même la pluie est devenue une propriété privée. A force de révolte, la rue finit par obtenir gain de cause et l'eau repasse dans le domaine public. Symbole de la victoire du peuple sur les dérives de la mondialisation, cette lutte est entrée dans la légende en Bolivie. Après Ne dis Rien (2004) et Mataharis (2008), la réalisatrice espagnole Iciar Bollain aborde la guerre de l'eau avec Même la pluie, un film ambitieux dans lequel une équipe de film en plein tournage se retrouve prise dans la tourmente du conflit.

 

Critique Même la Pluie

 

Au cœur de Même la Pluie, trois hommes : Sebastian (Gael Garcia Bernal), le réalisateur passionné qui veut tourner son film coûte que coûte, Costa (Luis Tosar), le producteur qui se félicite d'employer du personnel local à moindre coût, et Daniel (Carlos Aduviri), un figurant bolivien qui s'avère être un acteur majeur du mouvement social. Fait d'autant plus intéressant, le film dans le film se déroule aux temps de Christophe Colomb et s'intéresse au passé colonial du pays. S'appuyant sur une mise en abyme passionnante, Même la Pluie repose sur une situation a priori paradoxale puisque les membres de l'équipe espagnole se donnent corps et âmes à la production d'une œuvre engagée mais se comportent malgré eux en parfaits colonisateurs, surtout lorsqu'ils prennent conscience que le film ne pourra se faire que s'ils parviennent à étouffer les poussées de révolte des employés locaux. Epaulée par le scénariste Paul Laverty, que l'on connaît pour sa collaboration avec Ken Loach (Le Vent se Lève, Route Irish), Iciar Bollain pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements, l'intelligence du film résidant non seulement dans son parallèle entre la colonisation et la mondialisation, mais également dans sa manière de dégager toutes les contradictions et l'ambigüité du processus créatif d'une grosse production tournée dans un pays pauvre. Outre l'exploitation de la misère d'un pays, c'est aussi le Cinéma qui est en question, de par son caractère à la fois futile et nécessaire.

 

Critique Même la Pluie

 

Plongeant ses personnages dans un univers de plus en plus instable et oppressant, Iciar Bollain fait éclater la violence du conflit social à travers des scènes stupéfiantes - bien que réalisés avec des moyens modestes -, tout en captant les dilemmes intérieurs des différents protagonistes sans jamais sombrer dans la caricature. Car si Même la Pluie se distingue par l'intérêt de son propos, l'écriture des personnages et la direction d'acteurs sont loin d'être mises de côté. Ainsi, Sebastian et Costa font tour à tour preuve de courage et de lâcheté, d'humanité et de cynisme, un traitement nuancé auquel vient s'ajouter une émouvante histoire d'amitié entre Costa et Daniel. Entre choc de cultures et de personnalités, cette rencontre est l'occasion d'un beau face à face d'acteurs entre le désormais incontournable Luis Tosar (le caïd de Cellule 211) et Juan Carlos Aduviri qui s'impose comme la révélation du film. Préférant l'honnêteté au discours moralisateur, Iciar Bollain signe avec Même la Pluie un drame puissant et passionnant de bout en bout quelque soit le niveau de lecture.







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