"Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu !", c'est ce qu'a pu se dire le réalisateur Brad Bird à l'issue de la projection de son Mission : Impossible 4 - Protocole Fantôme tant son film respecte au plan près le schéma narratif et visuel instauré par son prédécesseur J.J. Abrams, réalisateur du troisième film et producteur de cet opus. On pouvait espérer que le réalisateur de Ratatouille et des Indestructibles impose son style mais, force est de constater qu'il suit ici une piste balisée jusqu'à l'os. Et lorsque le générique de fin commence à défiler, la nouvelle aventure d'Ethan Hunt nous apparaît avant tout comme une simple et un peu tristounette version 3.5.


En effet, si le réalisateur s'amuse à ne pas reprendre les fameux masques qui ont amusé un temps et gavé souvent, il n'en demeure pas moins que Bird semble étouffé par les codes immuables de la saga, entre placement de produit (le meilleur gadget du film est lié à un Ipad...), voltige sur un immeuble, saut dans des ventilateurs géants, course de voiture effrénée, bref, tout ce qui est bon à mettre dans une  bande annonce parfaitement huilée afin que le spectateur se pourlèche les babines. Les ingrédients mis en place et un coup de shaker plus tard, la tambouille est servie, aussi bonne qu'à l'habitude mais sans la moindre saveur ni particularité. La preuve, le scénario n'est qu'un prétexte pour faire voyager Hunt et son équipe aux quatre coins du monde, oubliant pour l'occasion d'opposer nos héros à un vilain digne de ce nom. Pire encore, alors que le méchant n'a strictement aucun charisme, Ethan Hunt est, lui, montré comme un véritable super-héros que rien ne peut arrêter.


Et c'est peut-être là le gros point noir du film, à une époque où une saga vidéoludique comme Uncharted cartonne en proposant un héros qui, comme Indiana Jones ou John McClane en leur temps, en prend plein la gueule et finit chaque aventure sur les rotules, il est un peu fatigant de voir Ethan Hunt se relever sans sourciller de la moindre épreuve qu'il se doit d'affronter, aussi dangereuse soit-elle. Ne nous méprenons pas, Ethan Hunt a toujours été (ou plus précisément, depuis le deuxième opus) représenté comme un espion badass. Mais il y a une différence entre efficacité et invincibilité. Car cette fois, l'homme brisé du troisième opus a bel et bien fait place à une machine aussi froide qu'un iceberg, sans émotion ni compassion... ni intérêt. Alors oui, Tom Cruise offre au personnage une classe indéniable (notamment lors de la séquence de l'évasion de prison au tout début du film) et on le sent se donner à fond dans chaque scène et ce, sur toute la durée du long-métrage, mais le film ne fait malheureusement que survoler la psychologie d'un personnage qui aurait mérité une évolution certaine ou, tout du moins, un bon gros dépoussiérage en règle.


Au final, Mission : Impossible 4 - Protocole Fantôme donne au spectateur ce qu'il est venu chercher, ni plus ni moins. Brad Bird rend ainsi une copie propre, sans tâche. Mais également sans âme. La faute à un scénario inintéressant, qui fait la part belle à des séquences d'action souvent impressionnantes et parfois originales (la course poursuite dans la tempête de sable) au détriment de séquences de pures tensions. Alors oui, Tom Cruise donne tout ce qu'il a pour maintenir le film à flot mais, à la sortie de la séance, tout le monde se dira qu'avec un budget de 140 millions de dollars et des acteurs de cette trempe (Cruise autant que Jeremy Renner), on aurait pu s'attendre à une plus grosse prise de risque. Une beaucoup, beaucoup, beaucoup plus grosse prise de risque.