Pandorum
Le 15/09/2009 à 00:53Par Kevin Prin
Après les remarqués Cas 39 et Antibodies, le réalisateur allemand Christian Alvart s'attaque au registre des films de science-fiction horrifique. Un défi difficile à relever tant cette catégorie de films a été marquée par les classiques du genre (Alien pour n'en citer qu'un), le risque de s'y casser les dents étant sacrément élevé. Surprise, alors que l'on n'attendait pas grand-chose voire rien du tout de ce Pandorum (produit qui plus est par Paul W. Anderson), le film dégage une forte sympathie de par son premier degré, ses ambitions affichées de proposer des (bonnes) idées et de sortir des rails des conventions de ce genre de scénario. Certes les emprunts sont nombreux (un peu de The Descent par-ci, un peu d'Event Horizon par là), les mini-ellipses le sont aussi et les scènes d'action sont un peu trop brouillonnes, mais Alvert réussit à installer une ambiance assez pesante et parvient surtout à impliquer ses spectateurs dans le mystère entourant l'histoire de son film. Apportant son lot d'idées, un concept intéressant et jouant des conventions du genre (les monstres sont dévoilés en moins de 15 minutes), Pandorum est une petite surprise, maniant joliment les ingrédients qui le compose, rendant le spectacle vraiment plaisant. Certes pas révolutionnaire, mais fun et scotchant.
Découvrez ci-dessous la critique Pandorum
Petit avertissement : Pandorum doit énormément à son scénario et ses rebondissements, primordiaux ou non. Cette critique prend bien soin de ne pas en raconter plus que les 15 premières minutes du film.
Si l'on prend un vaisseau spatial, qu'on y rajoute des humains et que l'on saupoudre le tout d'un ou plusieurs monstres, les chances d'obtenir des films foncièrement originaux sont, à priori, très minces. Alien a marqué le genre en s'imposant comme le mètre-étalon et si ses variantes sont passionnantes (avec un sacré bémol pour le quatrième épisode et les Aliens Versus Predator), rares sont les autres tentatives à l'être tout autant. Certes Paul W. Anderson aura marqué les esprits avec Event Horizon en 1997 (il y a 12 ans déjà !), mais les réussites se comptent donc sur les doigts d'une main griffue d'alien, au point qu'il est littéralement casse-gueule de s'attaquer à ce genre. C'était sans compter sur le même Paul W. Anderson, décrié par la communauté geek pour quelques ratages monumentaux (Resident Evil en tête), mais qui s'est lancé dans la production de ce Pandorum qui nous intéresse aujourd'hui et qui s'avère beaucoup plus intéressant !
Le terme Pandorum, tel qu'il est décrit dans le film, désigne une maladie psychologique rare pouvant atteindre les membres d'un équipage d'un vaisseau spatial, dont l'isolement les rend paranoïaques et peut engendrer des conséquences désastreuses. L'exemple donné dans un flashback assez parlant est celui d'un commandant de bord, persuadé que son expédition est maudite, et décidant d'éjecter dans le vide interstellaire ses 5.000 passagers en sommeil cryogénique. Tout cela en appuyant sur un seul bouton. Un vrai drame dû uniquement à la paranoïa que procure l'isolation dans l'espace. Pandorum (le film) démarre par le réveil brutal du sergent Bower (Ben Foster) dans un vaisseau, vraisemblablement endormi depuis plusieurs années. La très longue période passée dans sa capsule engendre une amnésie tout à fait normale, qui va s'évaporer minute après minute. Tout comme son supérieur, le lieutenant Payton (Dennis Quaid), également sorti de son sommeil quelques minutes après, il doit rapidement retrouver son identité et le but de leur mission. Mais si cette étape est normalement facilitée par l'équipe censée les dé-cryogéniser, ce n'est pas le cas ici puisqu'à leur réveil le vaisseau est vide. Que s'est-il passé ?
Les premières minutes du film nous plongent ainsi directement dans l'histoire, démarrant (presque) au moment où les personnages se réveillent. En adoptant leurs points de vue et par cette idée que leur amnésie disparaît progressivement, nous voici donc découvrant le fil des évènements en même temps qu'eux. Qui sont-ils vraiment ? Qu'est-il arrivé à leur vaisseau ? Quel était le réel but de leur mission ? Qui sont ces monstres qui bouffent tout le monde dans les couloirs du vaisseau ? Il y a-t-il d'autres humains dans le vaisseau ? Autant de questions issues directement des conventions du genre mais qui, ici, sont amenées solidement au fil d'un scénario construit et surtout « écrit ». Le réalisateur nous plonge dans cet univers en maîtrisant son sujet, rien n'étant gratuit (même des éléments qui le semble de prime abord trouveront leur justification à la fin), que ce soit au niveau de la mise en scène, de la direction des acteurs (Ben Foster a rarement été aussi bon) ou de la mise en place de l'atmosphère. Et pourtant le défi était considérable, l'histoire se déroulant au final dans un décor sans doute construit dans un hangar pour un budget assez dérisoire. Tour de force ? Presque.
La réussite aurait été totale si quelques défauts ne venaient pas perturber l'ensemble. Mais même ces défauts ont une qualité : prouver en étant acceptable que la réussite du film réside ailleurs. En effet le fil narratif du film (son histoire, son écriture) est suffisamment solide pour nous capter du début à la fin. Les conventions ont cela de bon qu'employées intelligemment, c'est à dire en jouant avec ou tout simplement en les suivant sans pour autant se reposer dessus, elles fonctionnent ! Evidemment nous aurions préféré ne pas subir une bonne poignée d'ellipses dans le montage, certainement dues à des coupes pour maintenir le rythme du film, et nous ne pouvons que pointer du doigt les scènes d'action hachées et peu lisibles, en contraste complet avec le classicisme soigné du reste du film. Mais qu'importe au final puisque les ambitions, les surprises et la solidité du scénario suffisent à donner corps à Pandorum pour emporter une adhésion.
Au final il n'y a rien de vraiment très original dans Pandorum, mais le sérieux du film, son respect du genre et la solidité de son histoire emportent le morceau : par certaines astuces de scénario (qu'on ne peut bien sûr pas révéler ici sans gâcher le plaisir de la découverte), le film de Christian Alvert capte l'attention et maintient la pression. En un mot comme en cent : on est entré dans une salle, on nous a raconté une histoire captivante et on en est sorti satisfait, et d'une parce qu'on ne s'est pas ennuyé et de l'autre parce que le genre existe encore et est mieux traité qu'on pouvait le craindre. C'est déjà énorme.