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Ploy

Le 13/03/2008 à 01:12
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Notre avis
8 10 Nouveau long métrage de Pen-Ek Ratanaruang, Ploy fascine non seulement par l'élégance de sa mise en scène mais aussi par la virtuosité avec laquelle s'y entremêlent le drame réaliste d'un couple usé et les échanges d'amants passionnés, pour nous mener à un dénouement inattendu. Une expérience introspective, sensuelle et surtout d'une grande beauté.

Critique Ploy Deux ans après Vagues Invisibles, Pen-Ek Ratanaruang nous revient avec Ploy, un nouvel objet filmique non identifié dans lequel il amorce un changement de thématiques tout en restant dans la même lignée esthétique. Moins métaphorique et certainement plus accessible que le précédent, Ploy se vit comme expérience à la fois sensuelle et immersive, en plus d'explorer avec finesse les thèmes de la jalousie et de la crise du couple.
En confinant la majeure partie de son intrigue à l'intérieur d'un hôtel, voire dans une ou deux chambres de celui-ci, Pen-Ek Ratanaruang révèle une fois encore son goût pour les espaces clos et pour la présence d'un nombre réduit de personnages. Après quelques minutes de bobine seulement, Dang (Lalita Panyopas) et son mari Wit (Pornwut Sarasin), un couple venu dans la région assister à des funérailles, se retrouvent enfermés entre quatre murs, une situation qui s'avère vite symptomatique du stade où se trouve leur relation. C'est alors que l'entrée en scène d'une tierce personne va tout faire déraper en réveillant involontairement les angoisses de Dang. Cet élément perturbateur, c'est Ploy (Apinya Sakuljaroensuk), une jeune fille solitaire de dix-neuf ans que Wit rencontre au bar de l'hôtel et à laquelle il propose de s'assoupir un moment dans leur chambre, en attendant l'arrivée de sa mère. Pour Dang, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mais en cherchant la confrontation, ne risque-t-elle pas de briser les derniers résidus de leur amour ? Pendant ce temps, un autre couple, le barman (Ananda Everingham) et la femme de chambre (Phorntip Pananai), se retrouve pour des ébats sexuels passionnés. Ou peut-être n'est-ce que le fantasme d'une jeune fille.

Critique Critique Ploy

Traversé d'une subtile mélancolie, Ploy aborde avec originalité les différents visages que peuvent revêtir des relations amoureuses, opposant l'exaltation des sens à l'usure du couple, avant de confronter les deux personnages principaux à une situation qui va, chacun d'une manière différente, les mettre en péril. Pen-Ek Ratanaruang révèle plus que jamais sa maîtrise de la narration et son art de créer un écho inattendu entre des situations a priori opposées. Réelle, rêvée par Ploy ou enviée par Dang, la rencontre secrète entre le barman de l'hôtel et la femme de chambre imprègne tout le métrage d'une sensualité inouïe, comme si leurs échanges évoluaient au même rythme que le drame affectif vécu par les deux époux. Ploy navigue ainsi avec une fluidité étonnante entre les registres du drame réaliste et de l'érotisme, avant que les deux versants du film ne s'entremêlent, provoquant insidieusement le doute sur à la réalité des événements.

Critique Critique Ploy
Immergé dans une atmosphère musicale envoûtante, Ploy se teinte progressivement d'une connotation fantastique et use, tout comme dans les précédents métrages de l'auteur, d'ellipses pour faire travailler l'imagination du spectateur. Esthétiquement splendide, le film déploie une richesse remarquable dans l'exploration des nuances de vert, de bleu et de gris, à travers les décors mais aussi grâce au travail admirable réalisé sur les lumières. A ce titre, le film marque les retrouvailles du cinéaste avec le directeur de la photographie Charakit Chamniwikaipong, qui l'avait accompagné à ses débuts en éclairant successivement Fun Bar Karaoke, 6ixtynin9 et Monrak Transistor. Ploy réunit à nouveau la comédienne Lalita Panyopas et le réalisateur qui lui avait permis de se faire une crédibilité huit ans plus tôt avec le surréaliste 6ixtynin9, une collaboration tout aussi fructueuse dans le registre du drame que dans celui de la comédie décalée.

Sans atteindre les sommets de Last Life in the Universe, son chef d'œuvre incontesté, Ploy confirme que Pen-Ek Ratanaruang reste l'un des plus dignes représentants du cinéma indépendant thaïlandais.







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