Terrifier 2 : méchant, sadique, gore mais diablement fun - notre critique

Le 10/01/2023 à 21:53
Par Olivier Portnoi

 

 

Le phénomène gore de 2022 arrive enfin en France. On dit phénomène parce que c’en est un. Pour un budget de seulement 250 000 dollars (soit à peine le budget chips d’Avatar), Terrifier 2 a récolté 12 millions de dollars dans les cinémas américains. Un chiffre délirant au vu du caractère extrême du film de Damien Leone.

 

 

Terrifier 2 est-il aussi gore qu’on le prétend ? Oui, Indéniablement. Même plus.

 

Âmes sensibles, rebroussez chemin. Au programme, démembrements, décapitations, visages arrachés, torses broyés, organes découpés pour en faire des jouets, cerveaux à ciel ouvert, scalps, tripes arrachées, jet d’acide… Terrifier 2 fourmille d’idées craspec.

 

Mais Terrifier 2 n’est pas Brain Dead, le missile zombie comique gore de Peter Jackson. S’il dégage un aspect farce et cartoon indéniable, Terrifier 2 rend hommage à un cinéma d’horreur des années 80. On pense beaucoup aux Griffes de la Nuit de Wes Craven (dans les séquences au lycée) mais aussi à Evil dead 2 pour le côté burlesque, ou encore à Halloween de John Carpenter.

 

 

La sortie américaine de Terrifier 2 à l’automne dernier n’a pas manqué de provoquer une nouvelle épidémie de coulrophonie, cette peur irrationnelle du clown dont on a beaucoup parlé à la sortie des deux films ÇA mettant en scène Pennywise. Mais à côté de Terrifier 2, ÇA c'est du reflux de nourrison.

 

Terrifier 2 démarre juste après Terrifier 1. Nous sommes en 2018. Art le Clown est mort et se retrouve mystérieusement ressuscité par une entité malveillante. Le croquemitaine décide alors de chasser un frère et une soeur la nuit d'Halloween dans la ville de Miles County.

 

Un pitch basique certes mais assez développé pour garnir 138 minutes, alors que le premier film ne durait que 82 minutes, de farce gore euphorisante, grotesque, parfois bancale, bien Bis mais au final assez irrésistible. 2h18 peut sembler long (ça l'est) mais Damien Leone enchaîne les effets de mise en scène, creuse la mythologie de son croquemitaine et expose un génie gourmand pour donner vie à un défouloir décadent et outrancier.

 

On peut reprocher à Terrifier 2 d’être trop long (c'est vrai), d'être parfois bancal (c'est vrai aussi), presque amateur, mais c’est ce qui fait son attrait et lui donne cette sensation d'OVNI parmi les films qui nous sont proposés sur grand écran.

Faut-il avoir vu Terrifier 1 pour comprendre le 2 ?
On vous rassure, non. Vous comprendrez tout dès les premières secondes.

 

 

Art Le Clown prêt à rivaliser avec Freddy Krueger
Revenu d’entre les morts, Art The Clown est aussi coquin et sadique qu’un Freddy Krueger. Sauf qu’il est muet.

Art est à l’opposé d’un Pennywise. Il ne parle pas, il n’a pas de cheveux, il n’a pas de nez rouge, il aime rire mais n’est pas toujous drôle, il marche comme un zombie, porte un petit chapeau noir et a un sourire terrifiant. Si l’on en croit Damien Leone, Art doit beaucoup à son interprète David Howard Thornton, acteur de théâtre et comique de stand-up.

 

(David Howard Thornton et un cosplayer en Art The Clown)

 

Comme Damien Leone l'explique en interview dans les pages du dernier Mad Movies, David Howard Thornton apporte une démence supplémentaire au boogeyman avec ses expressions faciales et ses blagues en mime.

 

Ce qui donne quelques scènes burlesques délirantes, comme cette séquence de laverie. Le sang c’est salissant et Art aime avoir son costume d’un blanc étincelant. Après le premier massacre du film, Il se rend dans une laverie automatique... Combien de fois avons-nous vu des psychopathes allaient laver leur linge ?

Art c’est aussi le Père Noël de l’horreur. Le croquemitaine se trimballe avec son sac poubelle noir dans lequel il conserve tout un tas d’outils propres au démembrement et au massacre.

 

 

Si Terrifier 2 est un slasher à forte tendance torture porn, c’est aussi un hommage à l'heroic fantasy, un genre qu'adore Damien Leone qui cite avec passion Excalibur ou encore Kalidor.

 

Sienna, son personnage principal, se fabrique un costume de valkyrie pour Halloween et c’est en valkyrie qu’elle parviendra à défier Art.

 

DIY From Death

Le plus épatant dans cette histoire, c'est que ce sale gosse de Damien Leone est non seulement réalisateur et scénariste mais aussi responsable des effets spéciaux, des effets sonores et monteur.

Or avec trois bouts de ficelles et le budget chipsters de Black Adam (on parle de 250 000 dollars) , Damien Leone épate et parvient à donner vie à ses visions perturbantes.

 

Pas de doute, les effets pratiques sont 1000 fois plus percutants que les CGI mal foutues de beaucoup de grosses productions.

Terrifier 2 est garanti sans CGI. Autant dire qu’il y a dû y avoir des hectolitres de sang et de barbaque nauséabonde sur le plateau.

 

Pour à peine 35 000 dollars, Damien Leone a tourné le premier Terrifier en 2016. Pelloche fauchée ultra gore, ce premier film, essentiellement un huit clos, marque les puristes de l’extrême par son personnage principal Art The Clown. Pour le reste, Damien Leone se voit reprocher son manque de scénario. Un clown psychopathe assassine sauvagement neuf personnes un soir d’Halloween. Dans le genre originalité, on repassera.

 

Mais petit à petit Art le Clown devient culte. Le bouche à oreille fonctionne et commence à apparaître des cosplays Art The Clown à des conventions, des festivals fantastiques ou pour Halloween.

 

 

Damien Leone se lance naturellement dans Terrifier 2 avec l’idée de « bigger, better, scarrier et bloodier » comme le veut la tradition des suites.

 

Mais cette fois-ci, il planche réellement sur un scénario et se creuse la tête pour aligner les scènes les plus chocs possibles tout en développant des personnages auxquels on pourra s’identifier. Parmi eux Sienna et son frère Jonathan, traumatisés depuis la mort de leur père qui leur a laissé un étrange cahier rempli de croquis de Art le Clown. Nouveauté par rapport au 1, Terrifier 2 devient un slasher surnaturel.

Damien Leone a dans l’idée de produire le film pour 80 000 dollars et lance une campagne sur indiegogo. A l'arrivée, il en vient à récolter 220 000 dollars tant les fans répondent présents.

 

Terrifier 2 a rapporté 12 millions au box office américain. Ce qui en fait un des films les plus rentables de ces dix dernières années.

 

 

Pourtant rien n’était prémédité. Terrifier 2 n'a pas bénéficié de l’armada promo d’un Blumhouse ou d’un James Wan. Quand Paranormal Activity, fabriqué pour 15 000 dollars en rapporte 193 millions dans le monde, il bénéficie de la force de frappe de Blumhouse qui a injecté des millions dans la promo. Le monde entier savait que ce film existait.

 

Terrifier 2 ne sort que dans un petit circuit de salles et quand des spectateurs américains se prennent de malaise ou s’enfuient de la salle écoeurés par tant de violence, le buzz devient viral. Petit à petit, le film sort dans d’autres villes, et attire un public curieux de voir cette oeuvre jugée si abominable et vomitibe.

 

Quelques extraits de tweets à la sortie de Terrifier 2 aux Etats-Unis (Damien Leone soutient que tous ces témoignages sont 100% authentiques).

 

-"Durant Terrifier 2, mon ami s'est évanoui et le cinéma a dû appeler l'ambulance"
-"Terrifier 2 est tellement gore que j'ai vomi dans mon popcorn".
-"Je viens de voir Terrifier 2 et c'était un bordel de gore incroyable. Le mec derrière s'est évanoui et est tombé sur mon fauteuil. Un autre a dû sortir car il ne se sentait pas bien. En ouvrant la porte, j'ai entendu un autre gars qui vomissait violemment dans les toilettes".
-"C'était le film le plus perturbant que j'ai vu de ma vie. Ce truc est à un niveau totalement différent de sadisme. On était tellement sonnés à la fin qu'on ne pouvait plus parler".

 

 

 

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