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The Broken

Le 29/01/2008 à 17:11
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Notre avis
8 10 On a découvert Sean Ellis il y a un an avec Cashback, étrange plongée dans l'univers mélancolique post-ado. Le cinéaste revient avec The Broken qui, dans un genre totalement différent, repose sur la même envie de créer des puzzles mentaux et d'ausculter des univers flingués. Cela ne va pas plaire à tout le monde mais le style lugubre, poétique par intermittences, proche du spleen, peut stimuler les rétines.

Critique The Broken Londres violent et déshumanisé. Peur du contact humain. Rues désertiques. Individus sans sourire fâchés avec eux-mêmes. Après Cashback, teenage movie sur un adolescent englué dans une dépression sentimentale, Sean Ellis, jeune cinéaste (la trentaine), propose avec The Broken, une variation extrêmement sensible autour du thème des Body Snatchers avec des doubles inquiétants, des personnages noyés dans une tristesse qu'ils ne parviennent pas à expliquer, des cellules grises et des miroirs explosifs. Une bonne nouvelle? Oui. Car ce n'est pas si fréquent de savourer un film fantastique qui réfléchit avec sa tête et n'a pas besoin de surenchère horrifique cracra pour impressionner connement. En terme de «performance hémoglobineuse», on repassera. En contrepartie, on appréciera une vraie sensibilité d'artiste qui s'exprime sans retenue. Dans d'autres mains, un tel sujet aurait été un énième prétexte pour recopier ce qui a été fait ailleurs et en mieux et donc livrer un succédané indigne. Or, en traitant sans fards de l'horreur asphyxiante du neutre qui entoure, Sean Ellis propose de manière discrètement subversive un beau doigt d'honneur aux productions actuelles en conviant une actrice désormais bankable (Lena Headey, vue dans 300); en fuyant toutes les conventions en vigueur (pas de montage cut, pas de rebondissements obligatoires); et, en donnant une grande importance aux sentiments infinitésimaux et autres inquiétudes indicibles de ses personnages. On peut trouver ça audacieux comme totalement déplacé.

 

Critique Critique The Broken

 

Pour vous donner une idée, si on devait trouver une influence de Ellis, ce serait incontestablement les poésies enivrantes de Baudelaire et Edgar Poe. Deux artistes avec lesquels Sean partage - toutes proportions gardées - le goût du spleen ou ce même intérêt pour la dichotomie entre le corps et l'âme. Dire qu'on ne pense pas à d'autres films plus ou moins lovés dans la même tristesse diffuse en reluquant ce bel objet serait rigoureusement faux. Par exemple, une scène qui se déroule dans les escaliers évoque Possession, d'Andrzej Zulawski où les doubles finissaient par prendre «possession» des êtres humains.

 

Critique Critique The Broken

 

Inconsciemment ou non, Sean Ellis cite d'autres films qui aiment à dépeindre des purgatoires avec des personnages paumés dans les limbes comme Ne vous retournez pas, de Nicolas Roeg; L'échelle de Jacob, d'Adrian Lyne; et L'au-delà, de Lucio Fulci. Pourtant, malgré les références indéniables, The Broken ne ressemble qu'à lui-même. Sans doute à cause de sa tristesse. De sa capacité à déconcerter. De sa propension à contaminer l'esprit et à être contaminé par sa propre torpeur. Résultat: une œuvre stimulante qui séduit jusque dans ses défauts (baisses de régime, tendance à la frime visuelle, impression d'un argument de court métrage étiré).

 








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