The Prodigies

critique du film The Prodigies

Après une ouverture en plan-séquence assez impressionnante, l'histoire de The Prodigies commence vraiment lorsque le milliardaire Charles Killian vient chercher le jeune Jimbo, interné dans un hôpital psychiatrique. L'animation est propre et la 3D relief soigneusement utilisée... Jimbo n'est pas un enfant comme les autres mais le réalisateur choisit de ne pas en dire plus tout de suite, préférant distiller les informations au fur et à mesure de l'introduction des différents personnages et des enjeux. Une construction intéressante même si "le suspense" n'est pas vraiment au rendez-vous...

20 ans plus tard nous retrouvons donc Jimbo adulte (Mathieu Kassovitz impeccable en VF), à la recherche de jeunes "prodiges", et qui découvre rapidement cinq adolescents au capacité hors du commun. Tous sont "maltraités" par leur famille et la terrible agression (très violente) dont ils seront les victimes marquera le point de non-retour... Malgré le côté cliché-assumé et le manque de subtilité évident, le lien fort qui uni ces cinq enfants-rois (comme ils se surnomment) est rapidement mis en avant et devient même particulièrement touchant sur la fin. Comme dans le roman, ces adolescents sont très intelligents mais ont ici en plus la capacité de prendre possession du corps de n'importe qui... Un petit arrière goût de X-Men et compagnie qui dénature un peu le projet initial, mais qui a la mérite d'engendrer de nombreuses scènes d'actions très efficaces. En colère, les enfants se lancent dans une série de meurtres brillamment mise en scène, à la fois cruel et sadique... Car pour accentuer l'effet des pouvoirs des Enfants-Rois, Antoine Charreyron n'hésite pas à utiliser des mouvements de caméra spectaculaires, et des effets de styles assez réussis. De plus, pour marquer les émotions intenses des adolescents, il choisit d'estomper les décors, voire de ne pas les dessiner du tout (fond blanc) pour se concentrer uniquement sur les actions et gestes des personnages. Dans ces séquences, les adultes subissent aussi un traitement de choc, les adolescents les percevant comme des monstres assoiffés de sang...

Malheureusement, en dehors de ces scènes "surréalistes", la stylisation des personnages est, disons, "particulière", voire carrément moche ! Les producteurs se sont pourtant attachés les services des talentueux dessinateurs mexicains Humberto Ramos et Francisco Herrera pour designer les personnages, mais force est de constater que le résultat est plutôt décevant. Le graphisme est simpliste, les couleurs trop lisses, sans nuance ni dégradé. Le rendu de la peau est beaucoup trop net et assez mal éclairé... Un choix artistique hasardeux qui empêche toute identification et attachement... Malgré tout, les personnages sont suffisamment profonds et fouillés et on prend un vrai plaisir à suivre ce thriller fantastique.

L'histoire est plutôt bien menée, rythmée et la mise en scène dynamique. Le film évite même le piège des ellipses temporelles, nombreuses dans le roman, en prenant régulièrement des raccourcis judicieux ou en utilisant des effets de montage originaux. L'histoire marche et l'intrigue passionne, mais on ne vous en dévoilera pas plus... The Prodigies est une bonne surprise même si les trop nombreux défauts techniques et l'influence comic book pas forcément obligatoire plombent un peu l'ensemble. Le pari est donc en partie gagné pour Antoine Charreyron.

Première publication de la critique de The Prodigies le 27 mai 2011.