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The Visitor

Le 28/10/2008 à 17:35
Par
Notre avis
8 10

D'une grande sobriété dans sa narration, The Visitor aborde la question sensible de l'immigration en évitant les clichés et en s'intéressant avant tout à son impact sur les êtres humains. Thomas McCarthy porte un regard plein d'humanité sur ses personnages, dont il capture avec authenticité et pudeur les émotions, dans les moments intimistes comme dans la séquence musicale exaltante de Central Park. The Visitor doit aussi beaucoup à une réunion de comédiens totalement habités, à commencer par Richard Jenkins dont la présence participe grandement à insufler une âme au film.


Critique The Visitor

Critique Critique The Visitor

 

Quatre ans après The Station Agent, Thomas McCarthy repasse derrière la caméra pour un second long métrage qui fait rapidement le tour des festivals internationaux, obtenant au passage le Grand Prix du Jury à Deauville. Un couronnement amplement mérité puisque le jeune cinéaste signe avec The Visitor une fable moderne à la fois émouvante et profondément ancrée dans la réalité et dans l'actualité du monde qui nous entoure. Le film débute par une rencontre choc qui survient sans crier gare. D'un côté, Walter (Richard Jenkins), professeur d'université soixantenaire qui semble avoir perdu goût à son métier et qui va pendant quelques minutes se sentir étranger dans son appartement, comme il se sent peut-être étranger à sa propre vie. De l'autre, Tarek (Haaz Sleiman) et Zainab (Danai Jekesai Gurira), jeune couple immigré et plein de projets mais qui, suite à une arnaque, occupe les lieux illégalement sans le savoir. A travers le geste généreux de Walter, The Visitor met d'emblée l'accent sur l'impact que ces existences vont avoir les unes sur les autres alors que rien ne les prédisposait à se croiser.

 

Critique Critique The Visitor

 

En suivant les cheminements de ces trois personnages, auxquels vient s'ajouter dans la seconde partie celui de Mouna (Hiam Abbass), la mère de Tarek, The Visitor aborde la question sensible du traitement des immigrés aux Etats-Unis. L'histoire pourrait se dérouler dans n'importe quelle grande ville du monde - à commencer par Paris - mais s'avère encore plus parlante en plantant son décor à New York, mégalopole bouillonnante dans laquelle les cultures se côtoient et s'entrechoquent constamment. Plutôt que de s'enfermer dans un discours politique inutilement moralisateur, The Visitor s'attarde avant tout sur l'impact que ces enjeux liés à l'immigration vont avoir sur les individus, dont le quotidien et les projets d'avenir peuvent être brisés du jour au lendemain par la perspective d'une décision administrative tombant telle un couperet. L'utilisation du point de vue de Walter, qui n'est pas directement concerné, permet à la fois de porter un regard distancié sur le sujet, mais aussi de ramener les conséquences d'une politique à l'échelle de l'être humain. Difficile de rester insensible à la révolte de Walter, les changements qui se sont opérés en lui depuis sa rencontre avec Tarek se heurtant subitement à un véritable mur d'incompréhension, à un système froid qui statue sur des dossiers et non sur des personnes.

 

Critique Critique The Visitor

 

A travers une mise en scène extrêmement pudique et dénuée d'effet tape-à-l'oeil, The Visitor confronte la chaleur humaine des moments que Walter partage avec Tarek dans la première partie puis avec Mouna dans la seconde, avec la froideur des locaux du service d'immigration où l'impossibilité de dialogue se matérialise par la présence d'une vitre séparant les interlocuteurs. De même que l'histoire s'intéresse aux individus, la caméra de Thomas McCarthy semble avant tout porter son attention sur les êtres. Le cinéaste révèle d'ailleurs d'extraordinaire qualités de directeur d'acteurs, aidé en cela par une palette de comédiens totalement habités parmi lesquels Richard Jenkins se montre exceptionnel. Connu surtout pour son rôle dans Six Feet Under, il compose un personnage extrêmement touchant auquel il imprime une authenticité poignante, jusque dans ses moindres nuances. La musique joue un rôle primordial dans les boulersements intérieurs de Walter puisque son amitié avec Tarek s'exprime surtout à travers les scènes d'apprentissage de Djembé. A ce titre, on retiendra aussi de The Visitor cette séquence formidable au cours de laquelle Tarek puis Walter se joignent à des percussionnistes jouant de concert en plein Central Park, une scène musicale exaltante et pleine de vie, l'une des plus marquantes vues sur un écran ces dernières années.








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