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Twilight - Chapitre 1 : Fascination

Le 17/12/2008 à 18:07
Par
Notre avis
3 10

Véritable phénomène aux Etats-Unis, Twilight - Chapitre 1 : Fascination est-il à la hauteur de son triomphe au box-office américain ? Pas vraiment. Malgré le choix intéressant de Catherine Hardwicke à la réalisation, Twilight se révèle très impersonnel et dénué de fulgurance, évacuant les ambiguïtés inhérentes au mythe des vampires au profit d'un traitement fade de l'histoire d'amour. Nous aurions voulu que les sentiments s'élèvent, que les personnages flamboient, et au lieu de cela, l'encéphalogramme reste désespérément plat, en termes de lyrisme comme de sensualité. L'emballage soigné et les notes d'humour ne suffisent pas à sauver un scénario qui se complaît dans un simplisme atteignant son paroxysme dès lors qu'un semblant de danger tente timidement de pointer le bout de son nez. Dommage, Twilight est une belle occasion manquée de faire vibrer notre âme romantique.

 


Critique de Twilight - Chapitre 1 : Fascination

Depuis sa sortie aux Etats-Unis le 17 novembre dernier, Twilight - Chapitre 1 : Fascination a déjà engrangé plus de 150 millions de dollars de recettes, pour un budget n'atteignant même pas les 40 millions. Autant dire que la dernière réalisation de Catherine Hardwicke a fait beaucoup parler d'elle sur le continent américain ces dernières semaines et peut se vanter d'être l'un des films les plus rentables de 2008. Un phénomène qui s'explique aussi par le succès de l'oeuvre d'origine, la série littéraire de Stephenie Meyer ayant acquis une aura comparable à celle des Harry Potter. Pourtant, à l'arrivée, ce premier opus de ce qui s'avère être une franchise (le second épisode, intitulé New Moon, est déjà en préparation) laisse un goût amer de déception. Même avec les meilleurs préjugés du monde, il en faudra un peu plus pour réveiller notre fibre romantique.

 

Critique de Critique de Twilight - Chapitre 1 : Fascination - Chapitre 1 : Fascination

 

Pourtant, Twilight - Chapitre 1 : Fascination aurait pu être un très joli film, avec son histoire de lycéenne taciturne qui tombe amoureuse du garçon le plus admiré et le plus inaccessible de la classe, avant de s'apercevoir qu'il ne s'agit ni plus ni moins que d'un Vampire. Leur première gêne part du désir qu'ils se vouent l'un à l'autre, de quoi agrémenter le quotidien de Bella (Kristen Stewart) qui commençait justement à s'ennuyer dans la petite bourgade où elle venait d'emménager. Un pitch pas plus bête qu'un autre, plein de promesses pour le jeune public auquel le film est destiné, et avec un peu de chance propice à toucher l'adolescent(e) fleur bleue qui sommeille en chacun(e) de nous. Malheureusement, Catherine Hardwicke ne tire pas parti des possibilités du scénario et s'en tient à un traitement désespérément tiède. Alors qu'une série télévisée destinée à la même tranche d'âge telle que Buffy contre les Vampires exploite de manière presque avant-gardiste le mythe des créatures de la nuit pour conter les doutes existentiels de l'adolescence, abordant notamment la sexualité féminine, Twilight troque les ambiguïtés pour une bluette sentimentale peinant à décoller, noyant la thématique du désir et de l'interdit dans un festival de dialogues démonstratifs. D'ailleurs, alors que l'attirance de la jeune fille pour son bel Edward (Robert Pattinson) témoigne d'une fascination évidente pour la mort et pour l'Altérité, l'univers narratif et l'esthétique ne suivent pas et à aucun moment le film ne laisse poindre un quelconque élan de sensualité ou de noirceur. Quant au caractère marginal des personnages, il ne faut pas trop en attendre puisqu'il se résume au goût de Bella pour la lecture et à l'intérêt d'Edward pour la musique symphonique (car si un jeune écoute du Debussy, c'est très suspect, cela prouve qu'il appartient forcément à une autre époque).

 

Critique de Critique de Twilight - Chapitre 1 : Fascination - Chapitre 1 : Fascination

 

 

Il faudra donc rester dans un état d'esprit résolument premier degré pour éviter l'ennui qui menace peu à peu de prendre le dessus sur le semblant de mystère émergeant au début du film. L'entreprise est heureusement soutenue par quelques notes d'humour bienvenues, aidant à faire passer l'absence de réel développement des personnages. De même, le film bénéficie d'un style visuel agréable à l'oeil, à défaut d'être inspiré, autorisant quelques plans réussis sur les visages des comédiens. On relèvera tout de même quelques ratages du côté des maquillages, le fond de teint blanc des vampires offrant parfois un résultat pour le moins détonnant. Malheureusement, si les prestations honnêtes (mais pas renversantes) de Kristen Stewart et Robert Pattinson (Harry Potter et la Coupe de Feu) permettent à l'histoire d'amour de Bella et Edward de tenir à peu près la distance, Twilight - Chapitre 1 : Fascination s'embourbe dès lors que l'intrigue tente d'introduire un simulacre de danger à travers une galerie de méchants complètement à côté de la plaque. A ce titre, s'il fallait décerner un prix du bad guy le plus comique de l'année, le vampire nomade répondant au doux nom de James (Cam Gigandet) pourrait largement prétendre au titre d'honneur, le bonhomme se contentant de pencher la tête en nous resservant la même grimace chaque fois que la caméra s'attarde un tant soit peu sur son cas - il faut dire peu digne d'intérêt. Ajoutons à cela un dernier tiers bâclé sur le plan scénaristique, entaché qu'il est par des décisions invraisemblables de la part des héros. Ainsi, alors qu'Edward nous faisait une belle démonstration de voltige façon Tigre et Dragon vingt minutes plus tôt, lorsqu'il se voit contraint de s'enfuir en urgence avec Bella, il préfèrera étrangement à ses pouvoirs surnaturels l'emploi de la voiture...

 

 

Critique de Critique de Twilight - Chapitre 1 : Fascination - Chapitre 1 : Fascination

 

 

A l'arrivée, Twilight - Chapitre 1 : Fascination a tout du film plaisant à regarder car joliment emballé mais se révèle complètement impersonnel, péchant par une incompréhension totale du concept de romantisme. De la part de la cinéaste qui signa il y a quelques années le très choc Thirteen et le très estimé Les Seigneurs de Dogtown, on s'attendait franchement à quelque chose de plus étincelant. Parmi les récentes tentatives cinématographiques explorant la relation vampire/humain, nous ne cesserons jamais de le répéter mais c'est incontestablement vers le superbe Morse (Let the Right One In) de Tomas Alfredson qu'il faudra se tourner.

Néanmoins, qu'il soit justifié ou non, le succès de Twilight mérite tout de même une petite digression. Après Sex and the City - Le Film et Mamma Mia !, Twilight est la troisième production de l'année ostensiblement destinée à un public féminin à cartonner au box-office. Ca n'a l'air de rien, mais il suffit de jeter un coup d'oeil au classement des plus gros succès des années voire des décennies précédentes pour réaliser que ceux-ci s'adressent principalement à un public masculin, en plus d'être bien souvent dominés de manière écrasante par des rôles d'hommes. D'où la frilosité des producteurs à investir dans des films destinés en priorité à un public féminin, voire dans des têtes d'affiche féminines, les studios se réfugiant derrière des arguments commerciaux pour justifier le déséquilibre des rôles. Avec ces trois succès ayant visiblement réussi à transcender leur cible respective, lesquelles appartiennent à des tranches d'âge variées (les trentenaires pour Sex and the City, les femmes d'âge mur pour Mamma Mia !, les adolescentes pour Twilight), il y a bon espoir qu'une évolution s'amorce dans l'univers très "androcentré" des blockbusters américains. Seul l'avenir nous le dira.






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