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Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

Le 27/11/2008 à 01:58
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Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

Propulsé par la série phare Prison Break où il y campe T-Bag, le méchant par excellence avec tous les défauts (violeur, tueur, dealer, petit, teigneux...), Robert Knepper s'est très rapidement imposé dans une série de personnages un peu dérangeants ou tout simplement pas très clairs, pourtant aux antipodes du charmant monsieur que nous avons rencontré. Parce qu'il était sur Paris il y a quelques mois pour le tournage du Transporteur 3, nous avions obtenu un entretien avec ce dernier, dans sa propre suite, où il nous a invités à prendre un petit déjeuner en sa compagnie. Décontracté et particulièrement loquace, le comédien s'est totalement confié, revenant sur son parcours et le rapport privilégié qu'il entretient avec Paris dans un surprenant souci du détail. Son actualité étant particulièrement riche ces prochains jours, en DVD comme au cinéma, nous avons décidé de vous faire partager cet entretien... Nous lui laissons la parole :


Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Robert Knepper : La première fois que je suis venu à Paris, c'était avec ma sœur et je n'avais que 16 ans. Nous étions allés en Allemagne avec ma famille, et c'est ma mère qui nous a conseillé de venir ici, pour une semaine. On était d'accord, et pendant des années, le seul souvenir que j'ai gardé de cette première visite est que nous nous sommes perdus dans le métro et que nous avions gravit la Tour Eifel. C'est tout ! (rires). Faisons maintenant un bond dans le temps... J'ai grandi et j'ai rencontré Tori, ma femme. Chez elle, chez mon beau-père également, il y avait une photo de sa mère, qui malheureusement est décédée. C'était une actrice qui a fait une petite carrière dans le courant des années 50. Pas des grands rôles, mais des petites apparitions ici et là, et elle avait eu des liaisons avec Marlon Brando et James Dean avant de rencontrer le père de ma femme. Elle s'appelait Marlène et sur cette photo, elle était somptueuse et posait à un balcon de la Tour Eiffel, un cornet de glace à la main. Il y a deux ans, j'ai appris que j'allais tourner Hitman, en Bulgarie. J'ai proposé à ma femme de m'accompagner en Europe. Je lui ai dit que c'était une bonne occasion pour voyager un peu, sitôt le tournage terminé. Je devais également aller à Monaco, pour le festival des séries TV, à la même période. Je lui ai alors suggéré de poser nos bagages, non pas à Monaco, mais à Paris. De ne rester là-bas juste le temps de participer aux divers événements, et de remonter sur la capitale pour nos vacances. En réalité, je voulais reproduire avec elle, exactement la même photo qui a été prise de sa mère, sur la Tour, avec un cornet de glace à la main.


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Elle n'était jamais venue à Paris. Elle était d'origine berlinoise, même si elle a quitté le pays très jeune. Son père avait initialement quitté l'Allemagne dans le début des années 30 pour immigrer vers les États-Unis, mais il y était retourné pendant la seconde guerre mondiale pour collaborer avec les américains et leur servir de traducteur. Il y était resté un peu et est devenu un collaborateur direct de Walt Disney et supervisait la plupart des films importé en Allemagne. Son propre père, le grand père de ma femme donc, était d'ailleurs l'un des instigateurs du théâtre moderne en Europe durant lequel les spectateurs pouvaient, à leur façon, faire eux-mêmes partie du spectacle. S'il a rejoint les Etats-Unis, avec son fils, c'est parce qu'il sentait justement que Hitler était une menace et lorsqu'il a immigré là bas, il est devenu scénariste et a eu un Oscar pour un film qui s'appelait La Vie d'Emile Zola. Mon beau père a donc évolué dans l'univers du cinéma, est devenu collaborateur de Disney et ma femme a tout naturellement suivi le même chemin : Petite fille de scénariste, fille de producteur et d'actrice... Elle a évolué et toujours adoré l'industrie du cinéma. Avant d'avoir eu notre enfant, elle était directrice de casting. L'idée d'aller en Bulgarie lui plaisait beaucoup, surtout que nous envisagions également de retourner à Berlin, où elle était née, mais qu'elle n'avait pas connu. On a d'ailleurs visité l'hôpital où elle est née et avons été voir l'appartement où ses parents ont vécu.


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Après ce voyage, nous sommes finalement arrivés à Paris où nous avons prises ces fameuses photos. Cela remonte à environ... neuf mois. Elle a tellement adoré qu'entre-temps nous sommes déjà revenus quatre fois (rires). Comment vous dire... Votre ville provoque chez nous quelque chose de particulier. C'est sentimental, c'est quelque chose dans l'oxygène qui provoque un véritable apaisement. Un soir, une nuit plutôt, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Ma femme et le bébé dormaient à poing fermé. Alors je me suis habillé et je suis sorti de l'hôtel pour marcher tout seul dans les rues de Paris. Au bout de quelques pas je me suis arrêté, j'ai inspiré un grand coup et je me suis réellement senti chez moi. C'était une étrange prise de conscience, mais depuis cet instant j'ai vraiment considéré cette ville comme un endroit réconfortant. ''Paris est ma deuxième maison'' (ndlr : en français).


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Je suis ensuite revenu en décembre 2007 pour la promotion de Hitman et Pierre-Ange Le Pogam m'a alors proposé de rencontrer Luc Besson avec qui je n'avais jamais vraiment eu de contact. Lors du tournage, j'étais en Bulgarie, loin de la France, il était très difficile de communiquer. On a alors organisé un déjeuner, tous ensemble, et l'on a parlé du Transporteur 3. A ce moment là, je ne savais pas encore vraiment si je voulais le faire. La situation aux Etats-Unis n'était pas très bonne, les scénaristes étaient en grève, les acteurs ont suivi, et on ne savait même pas exactement de quoi parleraient les prochains épisodes de Prison Break, alors que la saison était déjà entamée. Et puis je me suis dit ''Quand même... Ils le font à Paris. Ce serait idiot de louper cette occasion''. Et c'est comme ça que ça fait la quatrième fois que je suis ici en moins d'un an (rires). Ce qui est amusant, c'est que la première fois que je suis venu ici, à 16 ans, j'observais la ville avec nonchalance. Je m'en fichais un peu. Et puis lorsque je suis revenu avec ma femme pour ce que j'appelle ma ''vraie première fois'', j'avais le regard de tous les visiteurs. Les yeux écarquillés, à observer toutes ces choses autour de mois qui ne sont vraiment comparables avec rien d'autre. J'ai même eu une période où mon regard est plutôt fixé le sol, parce que s'il croise celui des gens, j'entends crier ''Monsieur T-Bag !''. J'essayais d'être le plus discret possible dans ma démarche et mon regard parce que je ne voulais surtout pas porter de lunettes de soleil. A mon sens, il n'y a rien de plus stupide que d'en porter pour ne pas être reconnu. Justement, les gens qui vous croisent se demandent ''Tiens, c'est qui ?''. Parce que personne d'autre ne porte des lunettes comme ça à Los Angeles ou New York. Alors voilà, j'emmerde les lunettes de soleil et les chapeaux !


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Un moment donné, je regardais donc par terre, même ici. Et puis je me suis réveillé : Bon sang, je suis à Paris, c'est totalement idiot de regarder par terre... Ne nous méprenons pas, je n'ai rien contre New York, où je vis. J'adore New York, c'est aussi une ville que j'apprends à redécouvrir, mais si j'ai le malheur de lever les yeux... C'est parfois très difficile pour des gens comme nous, qui sont soudainement mis en avant par un programme à succès, de gérer le relationnel avec le public. Du jour au lendemain, on vous reconnait partout, tout le monde veut vous parler et c'est une chose à laquelle je n'étais pas spécialement préparé. Surtout dans une ville comme New York où vous croisez des milliers de gens rien qu'en sortant de chez vous. A Paris, j'ai un peu plus le sentiment de souffler, de vivre comme une personne normale. Bien sur, ici, il ne se passe un jour sans que des gens me reconnaissent et m'abordent. On me demande des autographes et des photos, et je dis systématiquement oui, parce que c'est vraiment un état d'esprit plus léger. Quand les gens sont contents de vous rencontrer, ça devient très rapidement communicatif. Comme je vous ais dit, j'ai essayé de sortir au milieu de la nuit, deux heures ou trois heures du matin, juste pour voir si je pouvais soudainement redevenir quelqu'un d'anonyme... mais ça ne change rien. Apparemment, en France aussi le succès de Prison Break est assez énorme.


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

Jouer dans Hitman, c'était surtout une façon de m'épurer l'esprit, de m'éloigner un peu de T-Bag. Au-delà du pays, du décor, on m'a surtout proposé un personnage très différent. Ce qui 'ma beaucoup amusé, c'est de devoir parler le Russe, ou bien anglais avec un accent Russe. Je devais en plus porter en costume, propre, et passer la moitié du film à donner des consignes à des types. Ce qui est étonnant, comme j'avais en plus conservé ma teinture blonde de Prison Break, c'est que je l'ai vraiment vu comme une sorte de Vladimir Poutine. Le genre de personne qu'on peut vraiment prendre en exemple. Quand j'étais gamin, le souvenir que j'avais des présidents russes, c'était des gros types tout rouges et transpirants avec un accent très prononcé. Et puis tout d'un coup, celui là arrive, un ancien pilote pour l'armée il me semble. Un homme qui en impose physiquement, très athlétique et qui véhicule une certaine autorité acquise pendant qu'il était au KGB. C'était vraiment un exemple pour moi, pour essayer de camper un personnage des pays de l'est sans tomber dans la caricature. Vraiment le genre de chose dont j'avais besoin en tant qu'acteur. Parce que lorsque l'on se lance dans ce métier, lorsque l'on est passionné par la comédie, c'est aussi pour voyager, se mettre dans la peau de quelqu'un totalement différent de vous. Aller en Bulgarie, prendre un accent, au point de faire croire à certaines personnes que vous êtes vraiment russe, c'est une vraie satisfaction. A l'origine, je ne me destinais pas du tout à des choses populaires comme les gros films d'action ou bien les séries TV à succès. Dans mon idée, participer à un blockbuster, c'était un peu de la prostitution et j'étais persuadé que ce n'étais pas enrichissant une seule seconde. Mes références lorgnaient plutôt du côté du théâtre anglais qui proposait vraiment des personnages forts. Des personnages qui nécessitaient vraiment une interprétation riche... Jouer un russe, ça allait totalement dans ce sens.


 

Robert Knepper : Interview d'un homme dangereux

 

En ce qui concerne Le Transporteur 3, j'ai vraiment conçu mon personnage le plus subtilement possible. Là encore, c'est quelqu'un de très différent qui représente ce genre d'organisation totalement secrète gérée par le gouvernement américain. Un type qui est au courant de tout, qui reçois probablement ses ordres par quelqu'un comme Dick Cheney. Quelqu'un qui a appris à laisser ses scrupules de côtés, une arme très dangereuse, mais qui reste en même temps un gentleman. Pour le coup, c'est surtout le fun qui prédomine. Et puis... Je suis à Paris !


Propos recueillis le 11 mars 2008





Robert Knepper
Robert Knepper
Né le : 8 Juillet 1959

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