Avec After Earth, Shyamalan s'est-il réconcilié avec la critique ?
Le 06/06/2013 à 15:56Par Camille Solal
A ses débuts, M. Night Shyamalan avait mis tout le monde d'accord. En enchaînant l'ultra efficace Sixième Sens, le quasi-parfait Incassable et le sublime Signes, le natif de Pondichéry s'était fait une réputation de "nouveau Spielberg / héritier d'Hitchcock" qui ne demandait qu'à être confirmée. Las, la suite de sa carrière n'aura pas été au niveau de ses glorieux débuts. Le Village ? Intriguant, mais bon, la formule "Shyamalan" commence à lasser. La Jeune Fille de l'eau ? Un peu trop guimauve (et nommé quatre fois aux Razzies). Phénomènes ? Des arbres tueurs ... WTF ? Et finalement, Le Dernier Maître de l'air qui avait réussi à faire l'unanimité contre lui ...
Bref, tout ça pour dire que beaucoup espéraient qu'After Earth, au cinéma cette semaine, relève un peu la barre. Il faut dire qu'avec son pitch de SF efficace (un père et son fils s'écrasent sur une Terre du futur devenue une planète dangereuse), sa star internationale en tête d'affiche (Will Smith) et sa bande annonce chiadée, cette super-production avait pas mal d'atouts dans sa manche pour séduire le public et la critique. Sauf que voilà : le film n'a pas emballé la presse outre-Atlantique (12% sur Rotten Tomatoes !), il a bidé (30 millions de dollars récoltés en une semaine) et voilà qu'il sort chez nous dans l'indifférence quasi-générale.
Et les critiques françaises nous demandez-vous ? Et bien, elles ne sont pas folichonnes, puisqu'à quelques exceptions près, After Earth est considéré comme un film de SF assez moyen, à la direction artistique bâclée et au message factice. De plus, le jeune Jaden Smith n'a semble-t-il pas convaincu grand monde. Retrouvez une sélection de critiques d'After Earth dans notre revue de presse ci-dessous.
"C’est une semi-catastrophe. On s’y ennuie les 3/4 du temps"
Ecran Large : "After Earth met à l'amende tous ceux qui rêvent d'un récit SF spectaculaire. En comparaison, le récent Oblivion passe facilement pour un ultra efficace rollercoaster."
On rembobine : "After Earth est globalement une belle arnaque pour quiconque s’attend à voir un blockbuster spectaculaire. Plutôt posé, certainement porté par une volonté de proposer un conte initiatique plein de bonnes valeurs, ce trip de science-fiction bon marché n’est rien de plus qu’une coquille vide réalisée par un cinéaste incapable de retrouver la verve de ses débuts."
Le Passeur Critique : "Le sous-texte psychanalytique est bateau, la mise en scène pas toujours au niveau de ses ambitions, le jeu des acteurs souvent pathétique mais survit au-delà du constat d’échec un mouvement et un aveuglement nécessaire, caractéristiques dont pourrait se prévaloir un marathonien. Et l’effort désespéré des hommes est quelque chose de nature à me toucher."
iFeed : "C’est une semi-catastrophe. On s’y ennuie les 3/4 du temps et rien ne tient vraiment la route. On imagine qu’en tant que producteur, le couple Smith n’a pas eu d’opposition dans la réalisation scénaristique et Shyamalan a fait ce qu’il affectionne le plus, l’immersion dans l’image sans se préoccuper du tenant de l’histoire."
"Il y a un problème de taille qui vient ruiner quasiment tous les efforts de M. Night Shyamalan. Et ce problème se nomme Jaden Smith."
CineObs : "Nous sommes loin des débuts éclatants de M. Night Shamalyan. Ici, c’est un simple récit d’apprentissage à la Kipling, avec une particularité de style : les plans sont tous admirablement composés, même si l’histoire est rudimentaire. Science-fiction et écologie, bons sentiments et belles images… Rien de bouleversant, mais c’est sympathique."
Filmosphere : "Il y a un problème de taille qui vient ruiner quasiment tous les efforts de M. Night Shyamalan. Et ce problème se nomme Jaden Smith. Le réalisateur a beau multiplier les idées pour l’iconiser au maximum, en faire une figure forte, le jeune acteur est tellement mauvais qu’il détruit toutes les tentatives par la médiocrité de son jeu. Tellement insupportable qu’il tue dans l’œuf toute tentative de créer une émotion sincère, à tel point que le spectateur se retrouve à distance alors que tout était là pour bâtir quelque chose de fort."
Celluloidz : "Après le fantastique, l’un des réalisateurs les plus surestimés (Sixième Sens est bien et culte) de ces dix dernières années se met à la science-fiction. D’un point de vue esthétique c’est moyen, des ressassées de vaisseaux d’autres films et des méchants qui ressemblent à rien sinon aux aliens de La Guerre des mondes de Steven Spielberg, qui ressemblaient déjà à rien."
Gamekyo : "Ce film est ennuyeux, paresseux, bref c’est raté. Ce n’est pas raté comme Le Dernier maître de l’air non plus, mais ce n’est aucunement bon. Un film a ajouté dans la liste des purges de Shyamalan qui ne cesse de grandir. Et un film qu’on peut aussi ajouter à la liste des films dans lesquels Will Smith regrettera d’avoir joué."
"Le film n’impose jamais de point de vue défini sur son sujet"
Cloneweb : "Reposant sur un script indécis, tiraillé par deux pôles d’influences et d’ambitions narratives, le film n’impose jamais de point de vue défini sur son sujet, car trop occupé à compléter différents tableaux. Malheureusement portée par un acteur principal qui n’était pas prêt à assumer un tel rôle (le sera-t-il jamais ?), la production Smith manque sa cible alors que tout avait été construit autour de la révélation Jaden Smith. Sans surprise dans le déroulement de son histoire, After Earth n’en est pas moins intéressant sur certains aspects, qui ne parleront cependant qu’à une poignée d’amateurs du genre."
L'Express : "Dans un décor très organique où les vaisseaux ressemblent à des ossatures d'animaux géants, le réalisateur distille comme à chaque fois une atmosphère sous haute tension soutenue par la très belle musique de James Newton Howard, où chaque plan d'arbre ou de rocher recèle mille dangers potentiels."
Critikat : "Le scénario exploite habilement ce qui est désormais un lieu commun du cinéma de science-fiction : l’extension et l’approfondissement de la surveillance généralisée."
A voir à lire : "La consternation se vérifie malheureusement sur pièce à l’écran : décors honteux et accessoires aux relents de secte mystique [...], montage totalement à côté de la plaque qui élude l’essentiel d’une tragédie terrestre par un résumé introductif qui sent bon le re-editing de dernière minute, mise en scène totalement massacrée qui aime se vautrer dans le ridicule [...] et surtout une histoire inepte qui s’apparente à une course poursuite de jeu vidéo à la Temple Run, où le jeune coureur a pour adjuvent un aigle géant, et se prend pour Forrest « jump », l’air perpétuellement apeuré."