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De l'Arme Fatale à The Predator et Schwarzy. On a rencontré Shane Black ! Interview

Le 14/10/2018 à 13:13
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On a eu la chance de passer 7 minutes top chrono (c'est le principe des junkets) avec Shane Black à Madrid début septembre à l'occasion de la sortie de The Predator.
 
Quand comme moi on a grandi avec l'Arme Fatale (qu'il a créé), le Dernier Samaritain et Last Action Hero (dont il a été scénariste) et que l'on a vu et revu des dizaines de fois le Predator de John McTiernan (il y tient un rôle), c'est un peu Noël avant l'heure de se retrouver face à Shane Black, même si ce n'est que 420 secondes et que l'on a des centaines de questions en stock.
 
The Predator
 
Cette brève rencontre a été l'occasion de lui parler du Predator forcément, de la violence au cinéma, de John McTiernan, d'Arnold Schwarzenegger, du film qui changé sa vie, de sa scène d'action préférée ou encore de l'Arme Fatale.
 
Rencontre avec un réalisateur scénariste qui n'a pas la langue dans sa poche.

Pourquoi est-il si difficile aujourd'hui de réaliser un film Rated-R (interdit aux moins de 12 ans) avec du gore et de la violence à Hollywood ?

Shane Black : La réponse est simple : l'argent. Les producteurs veulent des films qui puissent toucher le plus de monde possible.  Etre Rated-R rebute automatiquement une partie des spectateurs. Ce qui nous a aidé est que le premier film Predator, qui demeure le film de référence de la franchise, était Rated-R. Le succès de films comme Deadpool a également ouvert la voie pour des projets comme le nôtre. En toute honnêteté, quand Fred Dekker, avec qui j’ai écrit le scénario, et moi avons commencé à penser à The Predator, il était hors de question que l’on accepte le film s’il était PG (tous publics). Logan est un exemple parfait de pouquoi il fallait être Rated-R. On a toujours été frustré de ne jamais voir Logan planter ses griffes dans ses ennemis. Tout était toujours hors champ ! Qu’ils aient décidé d’enfin montrer Wolverine comme il le méritait dans Logan a été incroyable. Surtout cette scène où Wolverine enfonce ses griffes dans le menton d’un type et qu'elles ressortent du haut de son crâne.

 

Que faut-il éviter en réalisant la suite d’un film aussi culte ?

Oh boy… Réaliser une suite à un film culte avec autant de fans que Predator est bien sûr compliqué. A la fois tu veux respecter le film original et en même temps, tu veux surprendre. Tu veux y apporter ton propre style tout en délivrant aux fans ce qu’ils attendent d’un tel film. Il faut être équilibriste dans un sens. Mais idéalement, il faut fermer les yeux, respirer un bon coup et marcher de manière aussi authentique et affirmée que possible. Si tu suis les codes que tu aimes à propos de Predator, il y a des chances que le public et les fans se retrouvent dans ton film. Parce que avant tout, je suis aussi un fan ! Je comprends les fans de Predator, je ne suis pas un réalisateur prétentieux et lambda placé là par hasard, je suis un fan de Predator. J'ai les mêmes motivations que les fans. Enfin je l’espère.

 

The Predator

 

Avez-vous pensé à John McTiernan en réalisant ce film ? Lui avez-vous parlé ? A-t-il vu The Predator (on rappelle que cette rencontre a eu lieu avant la sortie américaine du film) ?

John est un réalisateur que j'admire énormément. J’aime penser que s'il voyait ce film, il l’apprécierait. Mais non, je ne lui en ai pas parlé. Mais j’aimerais. On a été tellement occupé à le faire... Mais oui, c’est une bonne idée. Je vais inviter John à l’avant-première ! Merci. Dès la fin de l'interview je lui envoie un message.

 

Que s’est-il passé avec Arnold ? Il a été un temps associé au film ?

On pensait l’inclure dans The Predator. Et on le souhaitait. Mais en finissant le scénario, son  rôle s’est retrouvé… très réduit. Je suis allé le voir et je lui ai dit que je voulais sa bénédiction, que j’adorerai l’avoir avec nous mais que cela n’allait pas être un rôle qui allait lui apporter grand-chose ou qui pouvait redynamiser sa carrière. Il a compris et il m’a dit "effectivement, ce n’est pas grand-chose". Résultat, il n’est pas dans le film. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne pourra pas être dans le prochain Predator. Il y a de la place pour lui dans cette nouvelle histoire.
 
Predator

 

Vous pensez déjà à la suite ?

On verra. Je prends les choses une par une. On a pensé  The Predator comme un film à part entière tout en ouvrant notre univers mais…. voyons déjà ce qu'il fera au box-office avant de parler d’une suite. A moins que tu ne sois prêt à acheter 5 millions de places tout de suite, je ne peux rien promettre (rires). (The Predator a été une déception au box office US récoltant à peine 50 millions de dollars pour un budget de 85 -ndr).

 

Il y a une scène où le personnage de Boyd Holdbrook fait une référence à celui de Bruce Willis dans le Dernier Samaritain en clamant à un soldat qui le bouscule  "touche moi encore une fois et je te tue".

Oui (rires).

 

Vous glissez ces clins d’oeil pour les fans ?

C’est juste mon vieux cerveau qui crépite. Je ne pense pas avoir de fans. Mes films sont bons ou mauvais. Les acteurs eux ont des fans. Les scénaristes n’ont pas de fans.

 

 

Vous avez tourné de nombreux reshoots. Notamment pour que le film se passe entièrement de nuit. Pourquoi cette décision ?

Quand on a commencé à travailler sur les effets spéciaux en post prod, les scènes de jour avec le Predator près de son vaisseau coursant différents personnages paraissaient cheaps. On avait pas l’impression de visionner un film avec de gros moyens avec ces Predators en plein jour. C'était loin d'être aussi impressionnant que je l'espèrais. J’ai eu la chance que la Fox me fasse confiance et que l’on puisse retourner ces séquences d’action de nuit.

 

Quel est le film qui a changé votre vie ?

Il y en a deux. Les Dents de la Mer et l’Exorciste. Ces deux films possèdent un suspense incroyable, des histoires parfaitement racontées qui te donnent envie de savoir ce qu’il va ensuite se passer. Ils ont été révélateurs pour moi. Je peux aussi citer Le Grand Chantage (Sweat Smell Of Success) et Butch Cassidy and The Kid qui ont changé la manière dont les personnage se parlent au cinéma. Avec plus de verve et de réactivité. Pour les personnages et les dialogues, ces films sont essentiels pour moi.

 

Y a-t-il un réalisateur actuel qui vous rend jaloux ?

Edgar Wright. Denis Villeneuve. David Fincher... C’est comme être à l’école quand je vois leurs films. James Cameron aussi. Ce sont des réalisateurs dont les films t'enseignent l'art du cinéma. J'espère qu'ils continueront d’enseigner encore longtemps.

 

The Predator

 

Votre scène d’action culte.

Il y a une. Par son rythme, le jeu des acteurs, le montage, le style. La dernière fusillade dans Butch Cassidy et le Kid. Elle est bluffante. Je peux regarder une scène d’action en CGI avec des robots pendant deux heures les yeux vitreux. Mais cette scène, j’en tremble encore.

 

Quel film est pour vous un chef-d’oeuvre sous estimé du cinéma ?

Il y en a plusieurs. Celui que je vais citer est un chef d’oeuvre mineur avec des défauts mais il est si fascinant. C’est Night Moves avec Gene Hackman en détective privé (La Fugue d'Arthur Penn, 1975). Je le revois régulièrement. Il y a peu de films de détective vraiment bons. Et je suis fan du genre. Celui là je le conseille si vous ne l’avez pas vu.

 

Je m’en voudrais de vous avoir rencontré sans aborder le sujet de l’Arme Fatale.

Ok. I get it. Go ahead.

 

L Arme Fatale

 

Vous avez déjà regardé la série ?

Non, je n’ai jamais regardé un épisode en entier. C’est comment ? C’est bien ? Je suis juste content que la série fonctionne si bien. Je reçois un joli chèque de temps en temps. Même s’il castait un pingouin pour faire Martin Riggs, cela m’irait (rires).

 

Qu’est devenu votre script pour l’Arme Fatale 5 ?

Il doit être dans un tiroir. Mais je doute que le film se fasse un jour. Que cela soit avec moi ou quelqu’un d’autre. Mel Gibson ne veut pas le faire sans Richard Donner. Or ce dernier a 90 ans... Mon idée était bonne je crois. On retrouvait Riggs vieilli à New York avec Murtaugh pendant la pire tempête de l’histoire de la ville face à des vétérans d’Afghanistan. C’était vraiment un film avec Martin et Roger par juste un prétexte comme c’est souvent le cas pour présenter le fils de l’un d’entre eux qui pourrait poursuivre la franchise. Fuck that. Qu’ils soient vieux est justement l’intérêt.

 

Merci beaucoup Shane.

No worries man.

 

Quand Olivia Munn et Boyd Holdbrook imitent le cri du Predator

 

The Predator

 

The Predator






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