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Hap and Leonard saison 3 : l'art du pulp dans le Texas des 80's - interview de Jim Mickle

Le 23/04/2018 à 10:30
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Hap and Leonard, l'adaptation en série de la saga littéraire pulp et baston de Joe R Lansdale, a débuté sa saison 3 sur Sundance TV.

C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve Leonard Pine, vétéran du Vietnam gay, black et colérique (excellent Michael Kenneth Williams de The Wire), et Hap Collins (James Purefoy vu récemment dans Altered Carbon), white boy texan avec un faible pour les filles pulpeuses. Ensemble, ils ne peuvent éviter de se retrouver dans les situations les plus compliquées et dangereuses.

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Cette saison 3 sous titrée The Two-Bear Mambo est inspirée par le troisième livre de cette saga, Le Mambo des deux ours.

Située à Noël 1989, cette saison 3 suit les deux copains alors qu'ils se lancent à la recherche de la jeune Florida Grange, qui a disparu dans une ville infestée par le Ku Klux Klan. Ambiance cowboy, méchants psychopathes, femme fatale, bastons qui font mal à la machoire, personnages secondaires hauts en couleur, punchlines cinglantes, coolattitude badass... Hap and Leonard maîtrise plus que jamais l'art du pulp qui plaît tant à un Quentin Tarantino (par ailleurs fan absolu de Joe Lansdale).

On a eu l'occasion de poser nos questions à Jim Mickle, showrunner et réalisateur que l'on a pu apprécier au cinéma à travers ses films Stake Land et Cold In July.



Qu’est ce qui vous plaît tant dans les histoires de Joe Lansdale ?
Jim Mickle: J’aime leur côté imprévisible. J'aime la manière dont Lansdale parvient à mélanger des éléments du quotidien avec le folklore americana et les films road trip pour un gumbo final inattendu. Il y a quelque chose de réconfortant dans la qualité de son oeuvre, on s’y sent bien. Mais à chaque fois que l’on croit cerner ses histoires, il nous emmène subitement ailleurs.

Est-il impliqué dans la série ?
Oui. Son implication a évolué au fil des saisons. Au départ, il nous a offert de l’aide afin de trouver la voix des personnages. Il était là pour que l’on soit certain d’avoir préserver le ton de ses histoires. Puis, son implication a été de plus en plus forte. Pour cette saison 3, il était présent dans notre pôle de scénaristes. Il a participé à la structure des épisodes, nous a fait part de ses commentaires sur ce que l’on gardait de son livre et sur ce que l’on enlevait. Il a relu nos scripts. C’est une collaboration qui porte ses fruits. Surtout sur cette troisième saison.

Quelles sont les plus grosses différences entre la saison 3 et les précédentes ?
La saison 3 est plus ambitieuse. Plus vaste aussi. La saison 1 se déroulait sur quelques jours dans un décor réduit, la saison 2 était confinée au quartier de Leonard. Cette saison 3 est plus riche dans sa timeline mais aussi dans ses locations. On va dans une nouvelle ville. Nos personnages sont plus indépendants les uns des autres et il y a aussi le fait que l’histoire se passe pendant un ouragan. Le temps est toujours en train de menacer les personnages. Cela a été une saison très ambitieuse pour nous. Le résultat s’en ressent.

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Pourquoi seulement 6 épisodes par saison ?
C’est la chaîne (Sundance) qui nous a imposé ce format. C’est à la fois une chance et une malédiction. En 6 épisodes, on a pas le temps de s’étaler et d’errer sans but comme tant d’autres séries qui se perdent dans leurs dizaines d’épisodes. En même temps, c’est difficile. D’autres séries ont plusieurs épisodes pour trouver leur rythme et faire monter la pression. Avec Hap and Leonard, on a pas le temps. Il faut que l’on soit bons dès le début. Forcément, il y aussi une question de budget. Avec 6 épisodes, il est réduit. Si on en avait plus, on aurait plus de possibilités financières mais aussi scénaristiques. On a tenté de convaincre Sundance de faire une saison plus longue mais la chaîne aime ce format. Au bout de 3 saisons, on sait cependant désormais comment être à l’aise dans ce format.

Quels sont vos films préférés avec des duos ?
Forcément l’Arme Fatale, 48 Jeures… Beaucoup de films d’action des années 80 et 90 nous inspirent. Mais aussi Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain ou les Hardy Boys (Les Frères Hardy, série de romans policiers américains pour la jeunesse créée par Edward Stratemeyer en 1927).

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En quoi travailler sur des séries est devenu si attractif pour des réalisateurs comme vous aujourd’hui ?
Elle nous offre beaucoup de liberté pour explorer et expérimenter. C’est excitant d’un point de vue du storytelling. Les films sont cadrés par une durée. Dans une série, tu peux avoir plusieurs saisons pour développer ton histoire et tes personnages. Mais les deux ne sont pas comparables et possèdent des buts très différents. Il y a quelque chose de plaisant après une première saison de pouvoir démarrer une aventure avec des personnages déjà connus du public et de reprendre là où tu t’es arrêté. Les films aujourd’hui qui fonctionnent sont guidés par le spectaculaire, les gros effets spéciaux et cherchent les grosses recettes au box office. Je suis plus inspiré par un cinéma plus terre à terre avec des véritables personnages. Il est difficile de faire de tels films aujourd’hui. Cela a été frustrant quelques temps mais depuis que les séries ouvrent leurs portes à des réalisateurs comme moi, c’est une bénédiction. A force, il y a tant de bonnes séries que cela crée une compétition saine entre nous tous. Il faut toujours trouver de nouvelles manières de se démarquer et de raconter des histoires. La qualité a vraiment augmenté.

Peux-t-on découvrir Hap and Leonard aujourd’hui sans avoir vu les autres saisons ?
Absolument. D’ailleurs la saison 3 est peut-être la meilleure saison pour démarrer car c’est celle qui traduit le mieux l’idée de cette série. J’ai d’ailleurs découvert Hap and Leonard avec Mambo en livre qui était le troisième.

Quelles sont les séries que vous suivez ?
J’adore Fargo. Pour moi, c’est le top. Ce qu’ils sont parvenus à faire à partir d’un film référence est admirable. J’aime beaucoup aussi American Gods. La barre est vraiment haute. Black Mirror aussi, la dernière saison avait de superbes épisodes.

Quels sont vos autres projets ?
Je travaille sur un film pour Neflix appelé In The Shadows Of The Moon avec Boyd Holdbrook (Logan, Narcos, The Predator). Il sera tourné cet été et disponible en 2019. C’est un thriller qui mélange les genres. J’adapte aussi un comic book appelé Sweet tooth avec Warner et Hulu.

Hap and Leonard saison 3 est actuellement disponible sur Sundance TV
(Merci à Alizah Salmona pour l'interview)


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