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MINUSCULE 2 : une grande aventure à la Pirates des Caraïbes - Interview coccinelle

Le 01/02/2019 à 05:21
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Oubliez Disney, Pixar, Illumination, Blue Sky et les autres. Le film d’animation à voir en ce début 2019 est sans conteste Minuscule 2 Les Mandibules du bout du monde. Et en plus d'être génial, poétique et spectaculaire, c'est français. Cocorico !

 

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Minuscule nous avait conquis il y a cinq ans. Avec Minuscule 2 - Les Mandibules du bout du monde, Hélène Giraud et Thomas Szabo signent une suite située en Guadeloupe qui se révèle aussi épique et drôle que touchante et enchanteresque.

 

Impossible de ne pas s’éprendre de passion pour ces coccinelles, cette araignée et cette fourmi en 3D trimballées d’aventure en aventure dans des décors réels. Minuscule 2 et ses clins d’oeil à Pirates des Caraïbes, Star Wars, Mad Max ou encore Pinocchio est un véritable plaisir visuel et émotionnel. FilmsActu a pu rencontrer Hélène Giraud et Thomas Szabo afin d’évoquer cette folle aventure démarrée il y 15 ans sous forme de série.

Emmener Minuscule en Guadeloupe est une envie de longue date ?
Hélène : On va en vacances en Guadeloupe depuis une vingtaine d’années. Après la saison 1 de Minuscule en 2008, on s’était dit, si un jour il y a une saison 2 cela serait génial de la faire ici. Déjà parce que cela serait sympa de tourner en Guadeloupe mais surtout parce que cela nous permettrait de renouveler nos personnages. On en avait discuter avec le producteur mais c’était infaisable pour des raisons de coût. Une saison de série demande 6 mois de tournage. Mais on a gardé l’idée dans un coin de notre tête. Et quand on nous a demandé de réfléchir à une suite du film, on l’a ressortie. Cela a été très naturel pour nous d’écrire l’histoire. Il y a déjà beaucoup de choses que l’on avait envie de voir dans le film.

Qu’est ce qui vous a autant plu dans l’idée de tourner en Guadeloupe ?
Hélène : Déjà c’est beau…
Thomas : La variété des décors, la jungle tropicale...
Hélène : les couleurs…
Thomas : On aimait bien l’idée de changer totalement d’univers. Jusqu’ici, on était resté dans le Sud de la France et en Normandie. Là, c’est un univers complètement différent. On voulait aussi amener de la chaleur en contradiction avec le début de l’histoire qui commence dans un univers froid, hivernal et totalement monochrome. On voulait retrouver cette impression que l’on a à chaque fois que l’on revient de là-bas. En Guadeloupe, on est baigné de couleurs et quand on arrive ici, on a l’impression que quelqu’un a baissé les couleurs. A chaque fois, c’est sidérant.

Hélène : On voulait  jouer avec ce choc visuel et thermique. On aimait bien l'idée de ces petites coccinelles se retrouvent dans des situations inédites et dans un univers qui leur est inconnu face à des insectes qu’elles ne connaissent pas.

 


Vous avez étudié les insectes guadeloupéens ?
Hélène : Dans la phase de design qui a duré sept mois et qui comprend les recherches de décors, de personnages, on démarre toujours avec des livres ou de la doc sur internet pour voir ce qui existe. On part toujours d’insectes qui existent. On voulait respecter la flore des Antilles. On a pris les plus connus. On a sélectionné les variétés que les gens reconnaissent. Comme une chenille, une araignée, une mante religieuse… Après on leur offre une drôle de tronche mais ça c’est normal, c’est Minuscule.

Vous aviez une fascination pour les insectes enfant ? Comment est venue cette envie de les représenter en animation ?
Thomas : On a voulu retrouver cette impression que l’on avait en étant jeune à la campagne. On passait notre temps à inventer des histoires en regardent des insectes. Avec Minuscule, on a voulu retrouver ça.
Hélène : On se racontait pas mal d’histoires. On vivait dans des endroits où l’on était en contact avec la nature. On avait déjà l’imaginaire qui travaillait beaucoup. C’est l’angle qui a été pris pour la série. Il y a la vraie vie des insectes et la vie qu’on peut leur imaginer en les regardant avec nos esprits d’enfants. On regarde un escargot et on se demande qu’est-ce qu’il fait dans sa coquille, qu’est-ce qu’il y cache. On peut partir dans des idées complètement folles. On s’est rendu compte que tout le monde connait les insectes. Ils sont universels. Cela nous a permis de toucher des pays différents, des cultures différentes mais aussi des tranches d’âge différentes.

Pensez-vous parfois à des acteurs ou des actrices en développant vos personnages ?
Hélène : On avait comparé la coccinelle à Clint Eastwood. Elle a petit côté redresseuse de tort.

 

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Quand on démarre une suite, quels sont les pièges à éviter ?
Thomas : Ce qu’il ne fallait pas que l’on fasse, c’était de se répéter. La difficulté était là. Comment faire pour se renouveler sans que les gens soient déçus. Si l’on fait quelque chose de trop différent, ils risquent d’être perdus, si on crée quelque chose d’identique, ils ne vont pas être contents… On avait la trouille de cela et la Guadeloupe nous a aidés à proposer quelque chose de différent tout en gardant l’esprit du premier film. La narration est un peu différente. Le premier était une sorte de film de guerre si l’on peut dire et celui-ci plus de pirates à la Pirates des Caraïbes. Minuscule 2 est un film d’aventure plus romanesque.

Pirates des Caraïbes a donc été une référence pour Minuscule 2 ? Quelles ont été les autres ?
Thomas : On ne se dit pas on va mettre telle ou telle référence. C’est en cours de route que l’on se fait la remarque.
Hélène : Par exemple, pour la scène où ils se retrouvent à l’intérieur du requin, on s’est dit c’est ce qui est arrivé dans Pinocchio. Du côté, on joue avec ça. Pour le design, on s’en est même inspiré.

Et pour les ballons qui soulèvent le galion pirate de l’araignée ? L’allusion à Là-Haut est inévitable.
Hélène : Là, ce n’était pas voulu. On avait besoin de ce jeu galion qui permet à l’araignée noire et à mandibule de rejoindre l’océan et d’atteindre les Antilles. On s’est creusé la tête pour savoir comment ils allaient pouvoir s’y prendre. Le plus évident était de voler avec des ballons remplis d’hélium. Flotter ce n’était pas possible et moins crédible. Alors que là, on pouvait imaginer qu’ils pouvaient faire ce trajet dans le ciel. Puis le ciel permettait un nouveau décor. Mais quand on a opté pour les ballons, on s’est tout de suite dit « tout le monde va nous dire que c’est Là-Haut » (rires). Cela n’a pas loupé. Mais bon, on avait besoin de ces satanés ballons (rires). Là-Haut ne les a pas non plus inventés. Terry Gilliam y avait pensé bien avant.

 


Les courses-poursuites dans les bois et la jungle sont une fois de plus impressionnantes. Quelles sont vos courses-poursuites de référence au cinéma ?
Thomas : Star Wars, Mad Max. C’est essentiellement celles de ces deux sagas.
Hélène : Ces courses-poursuites vont parties de l’ADN de Minuscule depuis la série. Mais on avait pas réussi à en faire dans la végétation dans le premier film.

L’évolution technologique a-t-elle été importante en 4 ans ?
Thomas : C’est surtout une question de budget. Avec de l’argent, on peut tout faire. Les technologiques évoluent, on a des moteurs de rendu plus puissants qu’avant, le matériel est plus léger mais c’est toujours une question de coût.

Même si Minuscule 2 bénéficie d’un budget confortable, on est très loin des 100 ou 200 millions de dollars des blockbusters d’animation américains. Comment pallie-t-on à cette différence de budget ?
Hélène : Pour nous c’est un one shot. On a pas la luxe de pouvoir refaire des scènes. Rien n’est coupé. 100% de ce que l’on avait prévu est dans le film. Les américains eux sont habitués à tourner plus et à faire des reshoots. On ne peut pas se le permettre. Pour les Minions, qui a coûté 200 millions de dollars, Pierre Coffin, que l’on connait, nous a racontés qu’ils finissent des séquences de 10/15 minutes et que si elles ne plaisent pas en projo, ils la virent. Qu’importe qu’elles aient pris des mois de travail avec des équipes entières. Quand on a de l’argent, on peut se permettre ce genre de chose. Nous non. On ne peut rien gâcher. Du coup, on réfléchie vraiment à l’avance. On verrouille tout pour que cela soit le moins cher possible tout en étant de bonne qualité.

 

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Quels sont les réalisateurs qui vous impressionnent ?
Thomas : Steven Spielberg indéniablement. Ou parmi les disparus John Ford, Bunuel.
Hélène : Le dernier Mad Max nous avait vraiment scotché.
Thomas : C’est un film quasi sans dialogues d’un type de 70 ans qui a l’énergie de quelqu’un de 30. C’est incroyable et très visuel.

On peut imaginer un Minuscule 3 ?
Thomas : On a déjà écrit un scénario pour le 3. Mais de là à ce que l’on fasse tout de suite derrière…
Hélène : On va un peu souffler et se changer les idées. Mais c’est un univers qui plait beaucoup et dans lequel il y a encore des histoires à raconter.

Quand vous regardez le chemin parcouru depuis la série, quel bilan en tirez-vous ?
Hélène : C’est une aventure incroyable.
Thomas : Au début, j’adorais les insectes maintenant je les écrase (rires).
Hélène : Cette histoire est incroyable. Et ce n’était pas gagné. Une série sans dialogue, sans musique, plein de gens nous disaient que l’on allait se caser la gueule. Il s’est écoulé 15 ans. Le petit Minuscule a grandi et a pris son envol.

 

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Qu’est ce que vous avez fait de vos Césars ?
Thomas : Bah oui, ils sont où au fait ?
Hélène : Il y en a un dans les toilettes (rires). On en a deux à la maison. C’est bien pour faire presse livres (rires).

Vous n’avez jamais été démarchés par des producteurs américains pour d’autres projets ?
Hélène : Tout au début avant la saison 1. On n’avait fait que le pilote de Minuscule. Ils étaient intéressés de savoir s’il y avait un producteur.
Thomas : C’était les gens de l’Age de Glace, Blue Sky. Sinon, on a des producteurs français qui nous contactent mais pas américains.
Hélène : Minuscule n’est pas sorti en salles aux Etats-Unis. Il y a eu des tentatives sur le premier mais ils sont très protectionnistes. Pour le 2, c’est en pourparlers. Le fait qu’il n’y ait pas de dialogues les déstabilisent.

Comment sont faits les sons des insectes ? Par des acteurs ? Des machines ?
Hélène : Je fais la coccinelle mais la plupart des bruitages sont crées par des bruiteurs. Par avec la bouche spécialement mais avec des sons mélangés. Par exemple, le son de la mante religieuse dans le film est un mélange de bruit de dauphin et de craquement de bois. Mais la coccinelle, je m’en occupe depuis la série.  
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