Aaaaah, les projections test. Quel merveilleux procédé, utilisé par les studios américains pour demander au public de prendre des décisions à leur place donner leur avis sur des films en cours de post-production, et qui une fois sur deux entraîne un retour en salle de montage voire même des semaines de tournage supplémentaires. Il y a peu, la Paramount organisait trois projections test du film biblique Noé de Darren Aronofsky : une à New York pour un public juif, une en Arizona pour un public chrétien et une à Orange County pour un public mixe. Et comme on pouvait s'y attendre avec ce genre de projet qui touche directement à un personnage prophétique (donc, à un sujet sensible), certains retours ont été "troublants", au point de pousser le studio à demander au réalisateur de Black Swan de retourner en montage. En cause : "un troisième acte qui pourrait froisser le public chrétien".



Bien sûr, Aronofsky, peu habitué à ce genre de demande puisqu'il n'a encore jamais travaillé sur un film de cette ampleur (Noé a coûté 125 millions de dollars environ), n'a pas très bien pris la nouvelle. Les deux partis seraient en train d'essayer de trouver une solution à l'amiable qui satisferait tout le monde (sachant que le film est prévu pour mars 2014, il va falloir faire vite) et qui éviterait une "guerre du Final Cut" souvent fortement préjudiciable, qualitativement parlant.

Ce qui est ennuyeux dans cette affaire, c'est de voir qu'une fois encore, les producteurs d'un gros film hollywoodien ont été incapables de prendre une décision en amont du tournage (si la fin était polémique dès le départ, ils étaient au courant), ont dépensé des millions de dollars pour finalement prendre peur dès que quelques spectateurs - à la vision subjective - ont émis des critiques. Le vice-président de Paramount, Rob Moore, a beau parler de "processus normal", on ne peut s'empêcher de nous mettre du côté du cinéaste.

En effet, l'histoire du film était limpide dans le script (elle a même été transposée en roman graphique en 2011), les détails sur la personnalité de Noé sont connus depuis l'année dernière (on vous laisse lire cet article de HitFix datant de juillet 2012 qui explique bien que le personnage n'est pas tout blanc) et les intentions d'Aronofsky ont toujours été claires (il y a deux ans, il expliquait que son idée était de faire de ce film une allégorie écologique sur la place de l'Homme sur Terre). Bref, on ne peut pas dire qu'Aronofsky les ait trompé sur la marchandise... Pourquoi dès lors ne pas assumer jusqu'au bout ?