Il y a une dizaine de jours, un article du Point nous apprenait que le plus gros succès de 2014 dans les salles françaises, Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu, ne serait pas distribué aux Etats-Unis, au contraire de films tels que The Artist ou Intouchables. "Nos contacts américains l'ont trouvé politiquement incorrect. Jamais ils ne se permettraient aujourd'hui de rire sur les Noirs, les Juifs ou les Asiatiques" expliquait Sabine Chemaly, directrice internationale des ventes de TF1. "Dans ce pays, on ne sait pas rire des différences, on vit avec, mais on n'accepte pas la caricature sur le sujet, même avec ce recul qu'apporte la comédie." Une explication qui tient la route ... mais qui serait visiblement erronée si l'on en croit un article de France-Amérique. Ce journal français distribué aux USA affirme en effet de son côté que si cette comédie signée Philippe de Chauveron n'a pas trouvé preneur outre-Atlantique, c'est tout simplement parce qu'elle n'était pas drôle.

Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu : raciste ou tout simplement pas drôle ?

L'article cite ainsi John Kochman - vice-président de Cohen Media qui est l'un des principaux distributeurs de films français aux Etats-Unis (qui a récemment sorti Casse Tête Chinois et qui prépare l'exploitation de Timbuktu) - qui explique : "Le vrai problème de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, c’est de ne pas être mieux qu’un téléfilm lourd. Les personnages sont trop stéréotypés, irréels, rendant impossible pour un Américain le fait de s’identifier. Des cathos français gaullistes un peu coincés, vivant dans la région des châteaux de la Loire, ça ne leur parle pas vraiment. Les Américains ne seraient pas particulièrement offensés par Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, mais ils ne trouveraient pas le film très drôle."

De son côté, le journaliste Jordan Mintzer, correspondant à Paris pour le Hollywood Reporter (qui avait par ailleurs écrit un papier plutôt négatif sur Le Bon Dieu) a tenu à commenter les propos de Sabine Chemaly.  "Dire que [le] public américain n’a pas de tolérance et d’humour, c’est un peu facile. Il n’y a qu’à voir les blagues sur le racisme et l’antisémitisme de Larry David, Louis C.K. ou Chris Rock. Lorsque les Américains touchent à un sujet sensible, ils le font avec un peu plus d’intelligence, de finesse que dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu. Le film est très premier degré, l’Asiatique qui fait du kung-fu, le Juif qui veut faire des affaires en vendant des produits bio casher, c’est sans profondeur. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu n’est pas fin dans son traitement de la question du racisme". Mintzer a par ailleurs rappelé que ce n'est pas la première fois qu'un distributeur français use d'un prétexte fallacieux pour justifier du fait qu'un de ses films ne sorte pas aux Etats-Unis. L'année dernière en effet, le très bon Les garçons et Guillaume, à table avait été blackboulé des salles américaines. Le vendeur avait alors dit que c'était parce que les américains étaient "homophobes". Alors, Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu : trop raciste, pas assez drôle, ou finalement trop français ? Le débat semble loin d'être clos !