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On a rencontré Stephen Dorff pour parler de True Detective 3 mais aussi de Blade et de rock !

Le 18/02/2019 à 16:15
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Stephen Dorff était à Paris afin d'évoquer la saison 3 de True Detective actuellement diffusée par OCS en France. 

Filmsactu a eu l'occasion de discuter 15 minutes avec l'acteur américain de 45 ans. Et Stephen adore parler. Voir même fucking parler. Notamment de cette saison 3 qu'il defend corps et âme. Il incarne Roland West, l'un des deux flics de l'Arkansas (l'autre est Wayne Hays / Mahershala Ali) qui trois décennies durant enquêtent sur la mystérieuse disparition d'une fillette et de son frère. 

True Detective

Stephen Dorff revient de loin. Jeune star montante dans les années 90 (Backbeat, Blood and Wine avec Jack Nicholson, I Shot Andy Warhol et bien sûr Blade avec Wesley Snipes), il finit par se brûler les ailes (trop d'excès ?), refuse de jouer le jeu de studios et se retrouve étiqueté bad boy d'Hollywood. 

Les années 2000 le voit disparaître du carnet d'adresse des gros studios qui lui préfèrent Ewan McGregor ou encore Jude Law. Mais Stephen Dorff parvient à insuffler un second souffle à sa carrière à travers le cinéma indépendant.

"J'adore les indie movies. J'aime les films avec des personnages développés et forts. Je ne les trouve plus dans les blockbusters mais dans ce cinéma indépendant qui manque parfois de moyens mais pas de talents". En 2010, sa prestation dans le touchant Somewhere de Sofia Coopola le remet dans l'oeil du public.

Une prestation qui l'a certainement aidé à décrocher le rôle de Roland West face à Mahershala Ali.

True Detective

Avais-tu regardé les précédentes saisons de True Detective ?

Stephen Dorff : Bien sûr. La première saison m’avait bluffé. C’était l’une des meilleures séries que je n’avais jamais vu. Avec McConaughey, Woody Harrelson… Il y avait une réelle alchimie entre eux, c’était brillamment écrit, c’était original. Je me suis demandé qui était ce Nic Pizzolato. J’étais clairement jaloux. Pourquoi est-ce que moi je n’avais pas de série comme celle-là ! C’était pour moi la meilleure chose qui soit arrivée aux séries depuis les Sopranos. Après le succès de la saison 1, la saison 2 a été faite rapidement. Nic l’a placée à Los Angeles avec des acteurs de renom mais c’était… différent.

 

Et moins bien…

Cela reste bien fait. Puis comparé à beaucoup de séries actuelles bien supérieur. Mais ce n’était pas aussi poétique et sombre. On ne retrouvait pas cette écriture unique qui caractérisait la première. Dès que j’ai commencé à lire les scénarios de cette saison 3, j’ai été… bluffé. Man, c'était tellement fucking good ! C’était meilleur que tous les scénarios de film que j’avais lu depuis pas mal de temps. Si j’arrivais à décrocher ce rôle, il fallait que j’assure. Je n’avais pas d’autre choix. Mahershala et moi avons vraiment travaillé dur. Cela a été une expérience incroyable. On a eu cette connexion naturelle bien que l’on soit tous les deux très différents, dans la vraie vie mais aussi en tant que personnages. C’est ce qui fait que cette collaboration est spéciale. Plus tu avances dans la série, plus tu te rends compte que leur voyage est sombre, tendu, intense et triste. Cette enquête a duré 30 fucking années you know (rires).

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As-tu eu tous les épisodes à lire dès le début ?

Non. Mahershala a été casté avant moi. Il a eu dès le départ la plupart des épisodes à lire. Quand on m’a approché pour le rôle, j’ai demandé à avoir un script et on me l'a refusé. Ils voulaient garder le pitch top secret, que rien ne fuite et qu’aucun agent d’acteur contacté ne puisse le lire ou l’envoyer à ses autres clients. J’ai compris leur volonté de secret mais comment pouvais-je m’impliquer si je n’avais aucune idée de ce que l’on me demandait ? Cela se trouvait je mourrais à l’épisode 2. Mais c’était True Detective. Comment refuser ? Du coup, je suis allé faire un screen test. 

Les rôles de ce genre sont rares aujourd'hui ?
Absolument. J’étais prêt à me battre pour ce rôle. Je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité même sans avoir quasiment rien lu. Surtout à une époque où il n’y a que des comic book movies et qu’il n’y a réellement que 4 ou 5 vrais bons films chaque année. A part ça, il n’y a que des séries de merde. J’ai foncé et Nic m’a confié que j’allais adorer ce rôle et qu’il m’apporterait beaucoup. Ok super mais files moi des scripts à lire ! (rires). C’est la première fois que j’accepte un rôle sans savoir ce que j’avais à faire. Une fois que j’ai eu les scripts, c’était encore mieux que ce que j’espérais.

True Detective 
De mon point de vue, cette saison a encore plus de profondeur que la saison 1. Emotionnellement, Nic a évolué en tant qu’auteur. C’est un véritable cadeau que ce rôle pour moi. On en a blagué avec Mahershala en disant que si nos carrières s’arrêtaient là, cela serait ok. Comment trouver mieux après ça ?

 

Comment était-ce de tourner avec Mahershala Ali ? On dirait que rien n’est impossible pour lui en ce moment ? 

C’est le golden boy. C’est un peu comme à l’époque de la saison 1. Matthew McConaughey était au cinéma dans Dallas Buyers Club qui avait été récompensé mais c’est True Detective qui l’a emmené vers les Oscars. Le timing était parfait. C’est pareil pour Mahershala. Il a fini le film Green Book 10 jours avant le début du tournage de True Detective. C’était un petit film avec Viggo Mortensen. Il espérait qu’il soit bon et boum, juste après la fin de notre tournage, il a explosé au festival de Toronto. Le buzz a pris. Il gagne les Golden Globes et là notre série démarre. Je le vois bien gagner l’Oscar du meilleur second rôle. Encore une fois. Je suis fier de lui. Il est génial dans Green Book. Le film est très sympa. C’est du classique Hollywood, un peu à l’eau de rose parfois, mais il te fait te sentir bien et Viggo est génial en tough guy marrant. Je suis content pour Mahershala. Il a eu une petite fille juste avant le tournage de True Detective. Il a travaillé tant d’années dans l’ombre et d’un coup, tout lui réussit.

 


On sait que l’on aurait pas pu avoir de tels rôles au cinéma. Au lieu de 2 heures d'écran pour un film, on a eu 8 heures pour développer nos personnages. C’est ce qui était excitant. Quand j’ai revu Mahershala à l’avant-première de True Detective, je l’ai félicité pour son Golden Globe. Je lui ai dit « félicitations Wayne » (rires). Ca l’a fait marrer. Pour moi, il restera Wayne (son personnage dans la série - ndr). C’est un mec bien et généreux, très sérieux et très respectueux des autres. C’est un bon leader sur un plateau. Et il m’a dit "c’est mon véritable premier premier rôle". Dans Green Book, il a été catalogué second rôle. Et même dans Moonlight, il n’avait qu’un second rôle. C’est génial de pouvoir travailler avec un aussi bon acteur.   

 

Matthew McConaughey et Woody Harrelson sont toujours producteurs de True Detective. Passaient-ils sur le tournage ?

Non, ils ne sont pas passés. Bien que j’avais entendu dire que Matthew était dans l’Arkansas en même temps que nous. Mais il est venu à l’avant-première. Woody n’était pas là. Je les connais tous les deux depuis de nombreuses années. Matthew est drôle. Après la projection, il m’a dit "good ownership, good ownership". Je lui ai dit merci sans comprendre précisément ce qu’il me disait (rires). Mais c’était un compliment (rires). C’est un mec tellement étrange et décalé. Il en est génial. Il parle en language Matthew McConaughey. Woody est aussi génial. C’est vraiment un de mes potes. Mais qu’ils soient producteurs est certainement une clause de leur contrat lors de la saison 1. Ils n’ont aucune implication dans la série. Ils demeurent un gage de qualité cependant.

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(en compagnie de Stephen Dorff à Paris) 

Tu as des scènes en tant que vieil homme. Comment était-ce de se voir si vieux ? D’autant que le maquillage est extrêmement bien fait.

C’est flippant. Intense. Nos journées démarraient à 4 heures du mat pour 5 heures de maquillage afin que l’on puisse tourner à 9 heures. C’étaient des longues longues journées. On arrivait avant tout le monde puis le soir, on t’enlevait ton maquillage et tu recommençais le matin. J’ai énormément de respect pour les acteurs qui jouent avec des prothèses. Gary Oldman, Eddie Murphy…

 

Et Chistian Bale récemment en Dick Cheney pour Vice…

Oui. Il lui ressemble tellement ! Même si dans les plans rapprochés, je trouve que l’on se rend compte que c’est du maquillage. Mais j’ai aimé Vice. Bale est génial. Dick Cheney est quelqu’un d’horrible. Mais Bale l’incarne si bien que cela en est fun.

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N’as-tu pas eu envie de marcher dans la rue en vieux Stephen Dorff ?

Un jour, j’avais un break d’une heure et je suis allé au bar où on allait boire des coups avec l’équipe. J’y suis allé comme cela sans le dire aux producteurs qui n’auraient sans doute pas voulu. Mais bon, c’était trop tentant. Je suis rentré dans le bar, je me suis assis au comptoir, j’ai commandé une bière et personne n’avait la moindre idée de qui j’étais. C’était dément !

 
As-tu déjà vu l'épisode final de cette saison 3 ?

Non.Pas encore. Ils sont toujours en train de débattre sur sa durée et sur son montage. HBO veut qu’il ne dure qu’une heure comme les autres mais Nic veut qu’il soit plus long. J’espère que Nic va gagner. Les scénarios étaient si riches que l’on a dû couper des scènes au montage mais j’espère que le final sera plus long. Il en gagnera en qualité.

 

On te parle toujours beaucoup de Blade ?

Oh oui. Tout le monde me parle de Deacon Frost. Ray, l’acteur qui joue le fils de Mahershala, est obsédé par ce film. « J’ai grandi avec toi mec ! » me disait-il tout le temps ce qui me faisait sentir fucking vieux (rires). Ray est fucking gigantesque en taille et je lui disais "Ray, il faut que tu fucking arrêtes avec Blade !". Mais il continuait !

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On parle d'un reboot de Blade...

Blade a eu 20 ans et galvanise encore les passions. Blade 1 et Matrix 1 étaient en avance sur leur époque à leur sortie. Ils ont servi de fondement à ce qui s’est ensuite passé. Marvel ne faisait même pas encore de films à l’époque de Blade. Aujourd’hui, Marvel est maître du monde. Stephen Norrington (réalisateur de Blade) est vraiment doué. Il a été inventif. Dès que je l’ai rencontré, j’ai su qu’il était à part. Même trop. Tellement d’ailleurs que par la suite, il a rejeté Hollywood, il ne joue pas le jeu. On lu a proposé Avengers, Hulk mais il ne voulait pas les faire la manière dont le studio les voulait. C’est un alien, un freak. Il va à Burning Man et je l’adore. J’ai entendu dire qu’il faisait un film chez lui dans sa maison avec des miniatures. Cela se trouve cela va être génial, c'est sûrement le prochain fucking Avatar. Mais il aura fini dans 18 ans. On se parle régulièrement et il m’a dit « je veux refaire du live action, tu serais prêt à tourner pour moi ?. » « mais bien sûr, enfin si je suis encore vivant quand tu auras fini ton fucking home movie » (rires).

 

Dernière question : outre le clip «Everytime » de Britney Spears, on a pu te voir dans les années 90 avec Alicia Silverstone dans le clip « Cryin » d’Aerosmith.

Oui. J’avais 19 ans. J'ai une anecdote à ce propos. Je venais de finir le film Backbeat (où il incarne le fameux 5e Beatles) et je n’avais nulle part où loger. On m’a proposé ce clip. C’était un groupe que j’adorais. Du coup avec l’argent que j’ai reçu pour le tournage je m’étais installé au Château Marmont sur Sunset boulevard à Los Angeles. Ce n’est pas le plus luxueux des hôtels de L.A mais c’est le plus mythique. Jim Morrison, Led Zepellin, Jim Belushi y ont traîné. J’avais 19 ans, j’étais sauvage, j’aimais le rock, je voulais faire pareil que ces stars que j'aimais. Et au bout de quelques semaines, mon manager m’appelle et me dit qu’il faut que je bouge, que j’ai dépensé tout mon argent ! J'en avais aucune idée. Dans ma jeunesse, j’allais de film en film en dépensant toute ma paie entre deux projets. Je n’avais aucune notion de la vraie valeur de l’argent. SI j’étais à la dèche, je prenais un nouveau film.  

A cette époque, tu trainais cette image de bad boy derrière toi...
C'était débile comme étiquette. Elle était facilement attribuée à tous les jeunes acteurs avec un peu de tempérament. Ou un peu sauvage. Johnny Depp l'avait eu, Sean Penn quand il détruisait les chambres d'hôtels.. J'ai fini par croire que j'étais un bad boy. Si on m'appelait ainsi, autant agir comme un bad boy. Mais c'était il y a longtemps tout ça. Là je sirote un fucking latte sur les Champs Elysées à Paris (rires). 

True Detective saison 3 est actuellement disponible sur OCS. Chaque lundi, un nouvel épisode est mis en ligne.

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