Polémique aux Etats-Unis : The Dictator est-il un film raciste ?

Alors qu'il n'est même pas encore sorti aux États-Unis, le nouveau film de Sacha Baron Cohen, The Dictator, fait déjà polémique au sein d'une certaine communauté arabe qui le considère comme raciste. En effet, TheWrap nous informe que de nombreuses voix arabo-américaines se sont déjà élevées outre-Atlantique pour s'insurger contre le portrait fait par l'acteur de Borat, via son personnage le Général Adadeen, un dictateur autoritariste, misogyne et dont l'humour n'est pas au goût de tout le monde. Découvrez quelques déclarations juste en dessous de la bande annonce qui suit ...

The Dictator est-il un film raciste ?

"Les arabes sont une nouvelle fois ridiculisés. Cela dure depuis un siècle et ce n'est pas près de s'arrêter. Sacha Baron Cohen avance l'idée qu'il est parfaitement légitime de ridiculiser les arabes dans un film" a ainsi déclaré Jack Shahemn, auteur de Guilty: Hollywood’s Verdict on Arabs After 9/11. De son côté, Nadia Tonova - directrice du National Network for Arab American Communities - fustige Hollywood : "La civilisation arabe est la seule dont Hollywood se moque en toute impunité. Les arabes sont toujours montrés comme des terroristes, des dictateurs, des sheiks ou des bédouins." La réalisatrice libanaise Nadine Labaki accepte la caricature, mais trouve que Sacha Baron Cohen "manque de respect" dans sa satire.

Le comique et présentateur TV Dean Obeidallah  va même plus loin, considèrant que la performance de Baron Cohen est du niveau d'un 'Blackface', cette forme théâtrale pratiquée vaudevillesque dans laquelle un comédien incarne une caricature stéréotypée de personne noire. Il regrette également qu'Hollywood n'est pas fait appel à des comédiens arabes ou indo-pakistanais pour jouer dans le film (le fameux white-washing hollywoodien, si bien dénoncé par Robert Donwey Jr. dans Tropic Thunder). "Ils se moquent de nous, font de l'argent sur notre dos ... ils auraient au moins pû nous englober dans le process !" L'argent, toujours l'argent ...

Heureusement pour Sacha Baron Cohen, quelques personnalités arabes ont été moins virulentes à son endroit, jugeant son film inoffensif. "Si on commence à faire un pataquès à chaque fois qu'un film peut-être un tantinet raciste ou sexiste, on y passe sa vie" déclare Omar Baddar, Coordinateur Nouveaux Médias à l'Arab American Institute. Et s'il pense qu'un film avec du racisme "anti-juif" (sic) n'aurait jamais pû voir le jour à Hollywood, il ajoute que le meilleur moyen de lutter contre ces clichés négatifs passait par l'éduction et non par l'outrage. Jack Shaheen donne quant à lui un conseil à Baron Cohen. "Il a l'air d'être un mec bien. Quelqu'un dans sa position devrait aider à éradiquer les stéréotypes plutôt qu'à les propager."

Chez Filmsactu, on se gardera bien de rentrer dans ce débat. Premièrement parce que nous n'avons pas vu le film - en salles le 20 juin - et que nous ne savons donc pas s'il dresse un portrait négatif de la communauté arabe. Ensuite parce que l'histoire du cinéma (et de l'Art en général) a prouvé qu'un portrait satirique n'était pas forcément synonyme de racisme. Enfin, parce que la filmographie de Sacha Baron Cohen parle pour lui, et que Borat et Brüno se gaussaient moins des kazakhs et des gays que des racistes et des homophobes. Encore une fois, c'est Pierre Desproges qui avait raison ... Et vous qu'en pensez-vous ?