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Lastman : la série animée la plus badass de Netflix qu'il ne faut pas louper - interview

Le 03/09/2018 à 06:37
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Lastman aura été une des claques de 2017 ! D'abord diffusé sur France 4, ce préquelle de la bande dessinée du même nom s'offre une seconde vie sur Netflix après une sortie il y a quelques mois chez Wild Side.

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Lastman, c'est l'histoire du badass Richard Aldana, jeune boxeur loser, talentueux mais flemmard, qui met toujours les pieds là où il ne le faut pas. On se situe à Paxtown, ville rongée par la violence et la corruption, 10 ans avant les évènements de la BD. Après la mort de son mentor et entraîneur, il se retrouve en prise avec une dangereuse secte religieuse  et en charge d'une petite fille aux pouvoirs bien mystérieux. Pour Richard, les ennuis ne font que commencer…

Lastman, c'est un mélange entre Jack Burton dans les griffes du mandarin, Ken le Survivant, Cobra, They Live... Le genre de série violente et badass (certains épisodes sont même déconseillés aux moins de 16) comme on en rêvait depuis longtemps. Le tout dans un format de 26 épisodes de 11 à 13 minutes.



FilmsActu a rencontré les très sympathiques et passionnants Jérémie Périn (réalisateur) et Laurent Sarfati (scénariste).

Comment vous êtes-vous retrouvés impliquer dans ce projet ?
Jérémie Périn : Je connaissais de nom Lastman mais je ne l’avais pas lu. C’est le producteur qui a acquis les droits d’adaptation auprès des auteurs de la BD qui est venu m’en parler. Il travaillait déjà sur l’adaptation de Polina, danser sa vie en prises de vues réelles avec l’un des auteurs Bastien Vives. Ils sont trois autour de Lastman en BD. L’idée d’une série les a intéressés bien qu’ils avaient des réticences du fait qu’en France, l’idée générale est que les dessins animés, c’est pour les enfants. Ils craignaient qu'une adaptation soit édulcorée et privée de l’esprit de la BD. Mais Didier, le producteur, leur a certifié  qu'il visait une série ado/adulte. Il leur a demandé qui ils verraient adapter Lastman. Ils ont proposé mon nom et j’ai amené Laurent à l’écriture.

Tu as tout de suite accepté ?
Jérémie : J’étais d'abord réticent car souvent les séries de dessin animé sont des adaptations de BD. Comme avec Laurent, on a écrit beaucoup de projets adultes qui ont été refusés, cela m’énervait de travailler sur une adaptation. Je voulais quelque chose d’original. Mais quand on a rencontré Bastien, Balak et Gaël (les créateurs de Lastman), ils ne voulaient pas d’une adaptation classique. Ils voulaient un préquelle. De savoir qu’il y avait moyen de se ré-approprier cet univers et de raconter une autre histoire a été le déclic pour moi.
Laurent Sarfati : Ce qui m’a excité dans cette adaptation, c’est les thématiques abordées. Des gangsters, de la magie, des boxeurs, je me sentais à l’aise dans cet univers.

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"On voulait revenir à quelque chose de plus Die Hard, de plus John McTiernan"


Lastman rappelle les films de genre des années 90 sans pour autant les parodier. On est loin d’un Gardiens de la galaxie ou de Thor Ragnarok par exemple.
Jérémie : Tout à fait. C’est ce que l’on voulait. On voulait revenir à quelque chose de plus Die Hard, de plus John McTiernan en autre. On ne voulait pas être méta même si on s’autorise de l’humour. On voulait rester sérieux avec le genre. L’humour de la série est basé sur les personnages eux-mêmes et les situations. On tenait au premier degré et ne pas être dans l’ironie qui est tendance en ce moment.

Les créateurs de la BD vont ont donc laissé carte blanche ?
Jérémie : Oui carte blanche d’autant plus que parmi les 7 scénaristes qui ont écrit la série il y a Balak l’un des auteurs de la BD.
Laurent : C’est une carte blanche magique. C'est un joker car Balak était là pour parfois nous dire Richard ne ferait pas ça ou encore nous dire 'ça c’est une bonne idée, je vais en parler à Bastien pour l’intégrer à la BD'. C’est un échange qui a eu lieu dans les deux sens. Aujourd’hui l’animé et la BD forment un tout qui se répondent en permanence.

C’est la première fois que l’on voit une telle série animée en France, non ?
Jérémie : Totalement. Mais même à une plus large échelle. Aux Etats-Unis, il y a des séries animées pour adultes mais c’est toujours de la comédie. Les South Park, Rick et Morty sont ado/adulte mais toujours dans la comédie. La seule autre série dans le genre drama ado/adulte est Castlevania qui est très récente. Cela a fonctionné, du coup Netflix a envie de poursuivre dans ce genre d’animation adulte pas comique.

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"Lastman, avant d’être un dessin animé est de la série télé"


Quelles ont été vos références ?

Laurent : Lastman, avant d’être un dessin animé est de la série télé. C’est dans ce sens que l’on a fait quelque chose de très différent de ce qu’il se produit au Japon. Nos références étaient Buffy contre les VampiresSupernatural… On est des grands fans de Joss Whedon. Les histoires japonaises sont à 99% des mangas adaptées en animé, ce ne sont pas des histoires inédites qui imposent une narration particulière. Notre modèle de narration à nous était la série télé.

Vous êtes-vous mis des barrières quant à la violence ?
Jérémie : La série est plus violente que la BD. Au début, on ne savait pas jusqu’où on pouvait aller.
Laurent : On avait une référence, l’Attaque des Titans qui passait dans la fenêtre qui devait nous être consacrée sur France 4. On se disait que l’on pouvait être aussi violent, ce qui nous autorisait un niveau de violence vraiment élevé. On s’est rendu compte qu’il n’y aurait aucune censure de France Télévisions et que finalement, c’était à nous de nous « censurer ». Une carte blanche, c’est dangereux. Il ne faut pas faire n’importe quoi pour ne pas aller au détriment de la narration et de la cohérence de personnages. C’était à nous de savoir ne pas aller dans le grossier gratuitement.

Lastman me rappelle Cobra par moment…
Jérémie : Bien sûr, cela a été notre référence.
Laurent : On pensait tout le temps à Cobra. On se disait que l’on avait le même genre de liberté que ses créateurs et on s’est offert le même genre de plaisir.

La musique est aussi super importante dans Lastman. On pense à John Carpenter.
Jérémie : Carpenter a été notre référence n°1 ou encore Tangerine Dream avec la B.O de Sorcerer (Le Convoi de la Peur) de William Friedkin, Le Solitaire de Michael Mann. Je suis parti du principe que l’on aurait peu d’argent pour la musique et j’ai cherché les exemples dans les films de j’aime où il n’y a pas de budget pour un orchestre mais où la musique fonctionne. Pour moi, c’était les synthés de Carpenter.
Laurent : Les musiciens (Fred Avril et Philippe Monthaye) ont vraiment apporté une dimension supplémentaire à la série. Ils ont vraiment joué sur les épisodes et sont parvenus à se ré-approprier le truc. Ils ont rajouté quelque chose de fort.

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"Les projets comme Lastman sont rares voire inexistants..."


Votre rapport avec les fans est fort. Vous avez fini de produire la série grâce à un crowdfunding.
Laurent : La série était bien avancée mais sur la fin, suite à une succession d’accidents, on s’est retrouvé dans la dèche et on avait pas d’autres solutions que de faire un kickstarter. Cela a été un boulot de taré et cela a fédéré autour de nous une communauté de mega fans qui nous ont soutenu tout le long.
Jérémie : Ce sont des gens qui n’avaient rien vu de la série et qui participaient de bonne foi en espérant que cela soit bien. En plus, on ne leur proposait pas les épisodes puisque l’on ne le pouvait pas contractuellement. Il y avait cette pression de les décevoir. On a été d’autant plus heureux au final de lire des commentaires comme « je ne suis vraiment pas déçu d’avoir participé ». Pour certains, c’était même mieux qu’espéré. Cela fait vraiment plaisir.
Laurent : Il y a aussi énormément d’école d’animation en France avec des étudiants qui malheureusement savent à quel point les projets comme Lastman sont rares voire inexistants et qu’ils vont sûrement finir par faire des animés pour les enfants et transformer leur passion en cauchemar alors qu’ils rêvent de South Park, Futurama, de culture japonaise. En donnant un peu d’argent, c’était aussi donné un peu de chance à leur future carrière en créant un précédent.

En travaillant sur Last Man, imaginiez-vous un acteur dans le rôle de Richard ?
Laurent : Peut-être Kurt Russell à l’époque de Jack Burton et New York 1997.
Jérémie : C’est plus des associations par caractère et pas forcément par le physique.
Laurent : Je ne pensais pas un acteur car il y avait déjà la BD. On avait des modèles pour cristalliser notre imagination.

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Pourrait-il avoir une suite ?
Jérémie : Oui. Pour qu’elle puisse exister, il faudrait avant tout un montage financier plus confortable qui pourrait potentiellement venir de diffuseurs étrangers.
Laurent : Lastman est en train d’être diffusé sur VRV, un nouveau network américain, un Netflix plus geek. C’est assez excitant. Ils font une promo que l’on avait pas les moyens de faire une France pour la diffusion et on voit la différence. A la diffusion télé de Last Man, on a fait quasiment aucune interview. Là pour le DVD, c’est top.

 

Le Top des bagarres au cinéma


Lastman est riche en bagarre aux poings. Quel serait votre top 3 des meilleures bagarres de cinéma ?
Jérémie : A chaud, je dirais forcément They Live (Invasion Los Angeles) et cet incroyable duel pour une paire de lunettes.

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Ensuite, des bastons dans les vieux Jackie Chan car c’est de la comédie musicale de baston. Il y aussi Matrix. J’adore celle de Matrix 2 avec Néo contre les 100 000 agents Smith.

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Laurent : J’aurais aussi dit les Crank avec Statham qui sont complètement dingues.

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Le coffret Lastman que l'on rêverait d'avoir sous notre sapin (Père Noël si tu m'entends...) :
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