L'image de l'édition standard faisait déjà très fort. Celle du Blu-Ray fait d'ores et déjà office de standard. N'y allons donc pas par quatre chemins, le film d'Andrew Stanton est un vrai bonheur pour les yeux, étalant plan après plan une vraie merveille d'esthétisme à laquelle l'encodage rend un hommage perpétuel. Les robots sont, là, sous nos yeux, représentatifs d'un design général poussant le réalisme de l'image de synthèse jusqu'à un niveau plus que bluffant, où rien met le film en porte-à-faux à un quelconque moment. C'est ce qu'on appelle une démo, une vraie, ne faisait pas fi des embûches auxquelles elle se risquait (photo brumeuse pas évidente, jeux de focales parfois à risque pour les éléments sur lesquels le point n'est pas fait) et qui assure autant dans les scènes sur la terre dévastée que dans l'univers ultra lumineux du vaisseau spatial. Une bonne raison de pousser les timides à franchir le cap de la Haute Définition.
Pour mieux vous en rendre compte, n'hésitez pas à cliquer sur nos captures ci-dessous pour les découvrir en haute résolution :
Puisque nous sommes lancés, autant ne pas s'arrêter en si bon chemin. Sur l'édition standard, le son n'était déjà pas mal du tout. Ici, il est tout simplement génial. L'éditeur ne se contient plus en termes de compression et met le turbo à tous les étages. En VF, d'une part, mis en valeur par un DTS ES 6.1 Matrix tout simplement bluffant, apportant un vrai relief sonore qui s'impose régulièrement, tant pour souligner la solitude du héros avec quelques petits effets ça et là qui entretiennent on ne peut mieux ce silence presque physiquement palpable, que le brouhaha de suractivité à bord du vaisseau dans la seconde partie. Un travail de mixage très habile dont on profite dans des conditions honorables. Mais le gros du gros, c'est bien évidemment la VO DTS HD Master audio 5.1 plein débit (presque 10 fois plus épuré que le débit du DVD) qui nous fait nous demander quel serait encore l'intérêt d'aller voir un film au cinéma si c'est meilleur à la maison... Une vraie bonne grosse démo super maousse démontrant une fois encore que l'éditeur ne néglige aucun aspect de son produit.
Blu-Ray 1
Comme souvent chez Pixar, on est très gâtés au rayon des bonus, couvrant ici de très nombreux aspects du film, tout en parvenant à rester étonnants et intéressants. On commence avec le traditionnel Commentaire audio, qui donne ici la parole au réalisateur Andrew Stanton. Ce dernier se montre peu avare d'informations, qu'il débite avec autant d'énergie que de générosité. Tout est couvert, depuis les origines (plus lointaines qu'on peut l'imaginer) du projet, aux nombreuses thématiques du film, en passant par une production qui lorgne de plus en plus vers du cinéma traditionnel. Chose que les autres suppléments ne feront que confirmer. Pour le BR, le commentaire s'octroie surtout du désormais fameux système Cine-Explore ayant fait ses preuves sur les titres précédents. Le commentaire devient lui-même interactif. D'une part, dans le choix des langues (en VO ou en VF, pour ceux qui ne veulent pas lire) et bénéficiant surtout d'un mode Pip proposant, via d'autres fenêtres superposées, des croquis, dessins et autres story-board animés. Comme souvent, ce type de bonus s'avère incroyablement complet et se suffirait presque à lui-même. Pour ceux qui n'en n'auraient pas assez, un second Commentaire est proposé en exclusivité sur le Blu-Ray, baptisé Fan absolu et qui laisse la parole à quatre autres intervenants, quatre membres de l'équipe (productrice, scénariste, animateur, etc.). Ces derniers apparaissent d'abord en ombres chinoises devant un écran de cinéma avant de laisser place à un commentaire traditionnel.
On retrouve ensuite les deux inévitables courts-métrage dont on vous a déjà longuement parlé en exclusivité sur le site : Tout d'abord Presto (5min03), un court métrage toujours autant à la pointe de la technologie et qui use de sa durée restreinte pour jouer avec la fascinante mécanique rythmique propre aux cartoons "classiques". C'est bien à ceux-là que Presto rend hommage. Ces "Merry Melodies" et autres Looney Tunes qui exploitent à merveille le mécanisme du surréalisme. Et dans ce cas qui nous intéresse, Presto DiGiotagione est le magicien de music hall et malencontreux héros de son propre numéro. Quoi de neuf Docteur ? Rien, justement, puisque c'est un joyeux flashback qui nous est offert ici. Un délicieux retour à ces quelques classiques où Bugs Bunny en faisait royalement baver à Sam Le Pirate et plus implicitement à l'excellent film Mickey Magicien (parce qu'il faut tout de même rester chez Disney) datant de 1937 et durant lequel un certain Donald Duck essayait de jouer les trouble-fête. Une mauvaise idée, puisque usant de ses tours, Mickey lui fera, entre autres, cracher un jeu de cartes en lieu et place de jurons. Le tour du magicien Presto aurait pu très bien se passer s'il avait respecté son partenaire, un lapin blanc mignon comme tout mais très à cheval sur les principes. Il n'accepte de participer aux numéros et de traverser les étranges failles spatio-temporelles entre les deux chapeaux qu'à l'unique condition de manger une carotte. C'est bien légitime... Le reste de l'histoire, on la devine aisément puisqu'il s'en suivra un jeu de chat et de souris complètement frénétique, burlesque et cartoonesque, via les passe-passe les plus tordus, transformant le numéro de prestige initial en un spectacle de clown improvisé. Dans sa simplicité et son retour aux dessins animés d'antan (dont même le générique réutilise la typographie), Presto souligne l'admiration de Pixar pour le cinéma d'animation traditionnel - et ouvre donc la porte à Wall-E qui développera un peu plus le propos par la suite. Mais il propose surtout au public de revivre l'expérience collégialement, au cinéma, un plaisir jusque là réservé aux fans solitaires de Ca Cartoon. Une mise en bouche de facture très recommandable...
Le second s'appelle Burn-E (7min18) et raconte donc l'histoire d'un ce petit robot travailleur, programmé pour effectuer des réparations sur le vaisseau l'Axiom que visite Wall-E dans ses aventures sur grand écran. L'histoire démarre en fait avant la scène citée plus haut, au moment même où Wall-E découvre pour la première fois l'espace et s'amuse à caresser les anneaux de Saturne, accroché à la carlingue d'un vaisseau. En effet, à ce moment là, un petit caillou des anneaux va quitter son orbite et traverser l'espace jusqu'au vaisseau Axiom pour péter pilepoil une lampe de signalisation toute bête à son extérieur. C'est là que rentre en scène Burn-E, envoyé par le robot Supply-R pour réparer les dégâts. Et c'est là qu'une opération de routine va se transformer en casse-tête intégral pour le pauvre Burn-E. Burn-E, le court, suit donc en quelques minutes le fil conducteur du film Wall-E puisque certaines scènes du film (jusqu'à sa toute fin) entraîneront des conséquences insoupçonnées sur sa fameuse réparation. Entièrement sans paroles, ce petit court-métrage renvoie aux quarante premières minutes de Wall-E, cherchant ses influences du côté des situations comiques des films muets. Une vraie petite réussite visuelle, parfaitement dans la lignée technique de Wall-E, et s'imposant comme un complément original et amusant sur le DVD et le Blu-Ray.
Notons qu'en exclusivité pour le Blu-Ray, Burn-E dispose d'une fonction interactive avec son story-board disponible picture in picture. Une bonne façon de vérifier à quel point les animateurs de Pixar sont pointilleux puisque les plans son strictement identiques aux dessins originaux.
Blu-Ray 2
Le second disque se divise en deux sections : l'une pour les robots, et l'autre pour les humains. Pour être un peu plus réducteur, on pourrait surtout respectivement dire que l'un s'adresse aux enfants et l'autre aux adultes puisque l'on y dissocie clairement tout ce qui concerne la fabrication du film d'un côté, et les jeux interactifs de l'autre. Pour les petits, donc, on trouve Les Trésors et petites merveilles de Wall-E (5min), une compilation des petites vidéos durant lesquelles le robot avait tantôt affaire à un aspirateur, une autre fois à des balles en plastiques, etc. Rien de neuf, mais très amusant. Enfin, Dossiers de Robots et Tiops de Robots sont des fiches et un petit puzzle interactif qui permettent d'en savoir un peu plus sur les différents robots du film, leur utilité et la façon dont ils ont été créés.
En exclusivité pour le Blu-Ray, la fonction Axiom Arcade nous propose quatre petits jeux dans un style très old school. Dans le plus pur style des jeux vidéo avant-gardistes, on peut diriger tour à tour Eve, Wall-e ou bien Mo dans des variantes de bornes de type Space Invaders. Très mignon, et hyper accessible puisque l'on ne se sert que des flèches et de la touche Enter. Une autre exclusivité, la visite des décors en 3D, soit des vidéos en vue subjective où la caméra se balade dans les lieux clés du film.
Les choses sérieuses commencent donc dans l'autre section. Même si en l'état, Les Films institutionnels BNL (8min45) ne sont pas les plus passionnants. En effet, il s'agit juste des spots vidéo que l'on voit parfois apparaître sur les écrans tout au long du film. On retrouve également les Scènes coupées qui s'apposent surtout comme des séquences alternatives à celles qui ont finalement été retenue dans le montage définitif parce qu'elles avaient bien plus de sens. Dans deux d'entre elles, on y découvre Que Wall-E venait au secours d'Eve à de nombreuses occasions (au lieu du contraire dans le résultat final), et que la valse dans l'espace n'avait pas vraiment de sens puisqu'une autre scène réunissait les deux robots un peu plus tard. Notons que ces deux scènes sont pratiquement finalisées. Deux autres ne demeurent qu'au stade de story-board animé et doublé. On y découvre essentiellement une autre version du méchant, qui avait la capacité de se déplacer librement dans le vaisseau...
Une grosse partie est réservée au ''making of'' dans la section Les coulisses du tournage (68 min en tout) qui se compose de sept petits documentaires distincts. Les plus longs s'intéressent pour le premier sur le fascinant travail de focale effectué sur la totalité du film. Comment reproduire les ''défauts'' de la caméra prenant les événements sur le vif en s'entraînant sur une reproduction des robots grandeur nature, et en faisant intervenir finalement de vrais cadreurs travaillant sur des films live. Rare et passionnant. Le second explique en détail comment on a remplacé le langage des personnages principaux par quelques interjections sonores habiles, ayant chacune bénéficié d'un traitement assez complet. Après un petit historique sur la conception des effets sonores chez Disney depuis que leurs dessins animé sont parlants, on découvre quelques techniques assez surprenantes. Les autres s'intéressent tour à tour à la conception et l'évolution des humains du film (à la base, ils ressemblaient à des gros Flubbers), à l'étude pour rendre Wall-E et Eve techniquement les plus crédibles possibles (c'est pour cela qu'il sont privés de coudes), à la création de la bande originale ou encore au nombre incroyable d'animateurs et créateurs qui peuvent intervenir sur un seul et même plan... En effet, si un seul d'entre eux avait dû faire le film sans aucune aide, ça lui aurait pris 40 ans ! Il demeure certes certaines zones d'ombre (on aurait aimé voir l'intervention de Sigourney Weaver par exemple), mais le reste est néanmoins bien expliqué dans le commentaire du réalisateur.
Enfin, le dernier bonus proposé est un sacré cadeau puisqu'il s'agit du documentaire L'histoire de Pixar (1h28), réalisé par Leslie Iwerks, la petite-fille du célèbre animateur Ub Iwerks dont on ne compte plus le nombre de courts métrages (fascinants sur un plan historique soit dit en passant, fouillez sur le web) et qui a participé entre autres à Steamboat Willie. Revenons-en au documentaire donc qui date un tout petit peu (il s'arrête à la production de Cars) mais se montre en tout points fascinant sur la construction d'une société devenue incontournable aujourd'hui, pourtant bâtie sur des bases bancales. Tout ou presque nous y est dévoilé sans trop enjoliver les choses. On y évoque les premières armes des grands noms (Stanton, Lasseter, Brad Bird), dont une amusante photo de classe lorsqu'ils étaient ensemble dans une école d'animateur. Sans trop dévoiler de choses, Lasseter revient sur son renvoi de chez Disney à une époque où personne ne croyait à la 3D ... jusqu'au renvoi progressif de dessinateurs puisque plus personne ne s'intéresse à la 2D ! Enormément de paradoxes comme celui-ci sont évoqués (Lasseter a refait intégralement Toy Story 2, tant la mouture originale faite en son absence était mauvaise ; jusqu'à leur premier film, Pixar investissait à perte, etc.) et la filmographie du studio est retracée. Une vraie rétrospective complète et fascinante qui attirera assurément l'attention des fanas de l'univers des dessins animés et de la manière dont l'infographie l'a bouleversé...