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Be Happy

Le 18/08/2008 à 08:11
Par
Notre avis
7 10

Poppy énerve, Poppy fait rire, Poppy attendrit, Poppy suscite en fait une galerie de sentiments contrastés. Mike Leigh revient avec une comédie imprévisible, une chronique sociale dont le réalisme tranche de manière étonnante avec un humour anglais dévastateur. Au centre, le portrait plus nuancé qu'il n'y paraît d'une femme incarnée avec une authenticité impressionnante par Sally Hawkins, révélation du film.


Critique Be Happy

Le titre du film dans sa version anglaise, Happy-go-lucky, désigne une personne constamment optimiste et insouciante. C'est exactement de cette manière que l'on pourrait définir Poppy, une trentenaire dont le moral ne semble jamais affecté quelque soit les événements qui lui tombent dessus ou l'humeur des personnes qu'elle rencontre. Sur le papier, cela ressemble à une apologie horripilante d'une happy attitude censée résoudre tous les problèmes, c'est-à-dire incitant le citoyen lambda à la résignation face à la banalité de son quotidien, voire à sa misère matérielle et affective. A l'arrivée, nous nous retrouvons face à une comédie anglaise bien plus fine qu'elle n'en a l'air, dressant sur fond de chronique sociale le portrait d'une femme d'aujourd'hui dont le caractère suscitera inévitablement la controverse mais qui se révèle toujours plus attachante à mesure que le film dévoile ses véritables intentions.

 

Critique Critique Be Happy

 

Car il ne s'agit nullement pour Be Happy de prôner une morale face à la vie mais davantage de s'intéresser à un personnage qui aborde l'existence à sa manière, avec toutes les conséquences que son attitude peut avoir sur son entourage, bonnes ou mauvaises. Poppy est toujours d'humeur chaleureuse, Poppy ne se soucie pas du regard des autres, Poppy voit toujours le bon côté des choses. Et si certains se laissent volontiers gagner par la Poppy attitude, d'autres tentent au contraire de la remettre dans le droit chemin, voire réagissent violemment en essayant de bousculer cette joie de vivre insolente. Mike Leigh ne se fait pas juge de ses personnages et opte pour une liberté de ton d'abord déroutante puis terriblement séduisante, dépeignant le quotidien des classes moyennes londoniennes avec un réalisme qui tranche de manière saisissante avec l'insouciance du personnage principal. Ce regard tantôt sensible tantôt surréaliste, c'est celui de Poppy dont l'humeur parfois décalée avec les événements qui se déroulent autour d'elle imprègne le film et finit irrésistiblement par s'avérer contagieuse. Et tant pis si Poppy est par moments complètement à côté de la plaque : que celui qui n'a jamais ri de manière malvenue ou tenté un coup de drague déplacé lui jette la première pierre.

 

Critique Critique Be Happy

 

Be Happy est une comédie, certes, mais n'est pas exempte d'une certaine noirceur, les personnages que rencontre Poppy se dévoilant parfois à l'improviste dans toute leur vulnérabilité. C'est notamment le cas d'une enseignante de flamenco excentrico-dépressive (Karina Fernandez, impayable), d'un petit garçon violent à l'école, d'un clochard à moitié fou (Stanley Townsend). C'est aussi celui d'un professeur d'auto-école raciste et intégriste (Eddie Marsan) qui délivre de manière étonnante la séquence la plus touchante du métrage, en plus de quelques leçons de conduite anthologiques. Révélation du film, récompensée à la Berlinale 2008 d'un Ours d'Argent du prix d'interprétation féminine, Sally Hawkins joue un rôle majeur dans le charme de cette comédie douce-amère à l'humour dévastateur. L'énergie de la comédienne porte littéralement le film et son interprétation totalement décomplexée confère au personnage de Poppy une authenticité désarmante.








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