Chez Gino
Le 29/03/2011 à 10:30Par Aurélie Vautrin
En seulement deux films, Samuel Benchetrit s'est offert une place à part dans le paysage cinématographique français. Si Janis et John rendait hommage à Janis Joplin comme à Marie Trintignant, si J'ai toujours rêvé d'être un gangster flottait entre le film à sketchs et l'ovni non identifié version Lautner, Chez Gino joue la carte de la farce à la fois ultra décalée et copieusement référencée. Samuel Benchetrit est un réalisateur biberonné au Septième Art, et ça se voit. Bourré de clins d'oeils, de Coppola à Fellini, de Chabrol à Begnigni, de Tarantino à Vinterberg, respirant la joie de vivre et le plaisir de faire du travail bien fait, Chez Gino est un petit rayon de soleil dans un cinéma français qui sort si rarement des platebandes. Avec en prime une bande de joyeux drilles qui s'amuse comme des petits fous (irremplaçable José Garcia !), voici une magnifique preuve d'amour au cinéma. Du pur bonheur en part de pizza. Miam ! Découvrez ci-dessous la critique complète du film.
Il reprend donc la même recette, le côté film à sketch, les nombreux personnages principaux qui s'entrecroisent, auquel s'ajoute un nouveau niveau de lecture : le bon vieux coup du film dans le film. Alors, dans la peau de ce réalisateur bien gentil mais pas très doué, le cinéaste se moque de lui-même, aux côtés d'une brochettes de « gueules » du cinéma, qui prennent autant de plaisir à jouer que nous à les regarder. José Garçia, incomparable, s'amuse comme un petit fou dans la peau de ce pizzaiolo jouant (mal) le mafieux, Anna Mouglalis joue de sa voix grave et de ses grands yeux de biche pour livrer une petite scène d'anthologie avec Sergi Lopez, parfait en vrai méchant un peu perdu dans cette histoire sans queue ni tête... Et c'est avec un plaisir sans fin que l'on regarde, le sourire aux lèvres, tout ce petit monde s'agiter à l'écran. Qui se renvoie la balle comme dans une cour de récré, mélange Les Tontons Flingeurs et les films italiens de la grande époque, pour un joyeux fourre-tout toujours savamment orchestré. Car le cinéma de Benchetrit est un cinéma qui ne se prend pas au sérieux, un joyeux bordel qui fait du bien par où il passe, mais maîtrisé de bout en bout. Brillant de belles idées de mise en scène, illuminé par des dialogues aux petits oignons, porté par des acteurs incroyablement naturels, Chez Gino est un beau rayon de soleil dans un cinéma qui ne l'est que trop peu souvent. Et ça fait un bien fou !
Article publié le 25 mars à 15h30