"Le temps c'est de l'argent". Voilà ce qu'à du se dire Andrew Niccol quand il a écrit et réalisé Time Out. Treize ans après Bienvenue à Gattaca, son plus gros succès jusqu'ici, le réalisateur se replonge dans la science-fiction. Si Bienvenue à Gattaca évoque les dérives de la science, Time Out va plus loin en faisant du temps et de ses conséquences le fil conducteur de son intrigue. Bien que celle-ci mériterait une explication plus approfondie au début du film, Andrew Nicoll ne perd pas de temps et plonge directement le spectateur dans un monde futuriste où, à 25 ans, tout le monde cesse de vieillir. Passé cet âge, les gens doivent se battre quotidiennement pour obtenir du temps dans leur compteur personnel, avant que la fin de leur compte à rebours ne signe leur arrêt de mort. Ici, travailler pour vivre prend vraiment tout son sens et, si pour certains, avoir du temps ne pose pas de problème comme dans les plus riches quartiers, les habitants du "ghetto" au contraire doivent se battre quotidiennement pour gagner ne serait-ce que quelques jours de répit. C'est là que Will Salas entre en jeu, prêt à tout pour combler cette inégalité constante.


Si Andrew Nicoll tient dans sa main deux acteurs charismatiques, Justin Timberlake (qui prouve enfin qu'il est bon à autre chose qu'à des comédies inutiles) et Amanda Seyfried, pour porter cet astucieux scénario sur leurs épaules, leurs rôles en revanche manquent un peu de relief. De quête vengeresse à quête identitaire, il fait de Will Salas, une sorte de robin des bois du futur, trop "bon" pour être vrai. Quant à Amanda Seyfried, si son talent n'est plus à prouver, on aurait aimé voir un peu plus d'alchimie passer entre elle et son partenaire. Dans sa forme, Time Out n'échappe pas hélas à des dialogues parfois convenus ou à quelques clichés qui nous donnent une certaine impression de déjà vu : le personnage principal hanté par la mort de sa mère et le départ de son père (dont les allusions ponctuent l'ensemble du film sans qu'on ne sache jamais ce qu'il en est vraiment), la gosse de riche qui tombe amoureuse de son ravisseur et qui embrasse sa cause en deux temps trois mouvements et enfin le grand méchant (Cylian Murphy génial comme toujours) prêt à tout pour les arrêter.


Reste le scénario qui nous offre dans le fond une idée originale et bien menée et ce, même si la notion du temps a déjà bien été exploitées dans la science-fiction. Fidèle à lui même, Andrew Nicoll ne propose pas beaucoup de scènes d'action à son public mais grâce à une trame bien ficelée - quoique ponctuée de quelques lenteurs - pas sûr qu'il en faille plus pour l'embringuer dans son monde grâce à une réalisation et une intrigue très bien maîtrisée. Car Time Out sait aborder intelligemment, à travers la rébellion de ces personnages contre le système en place, les questions de l'immortalité et de la richesse méritée ou non. Avec cette idée du temps, considéré comme une valeur marchande, métaphore à peine voilée de l'argent et de ses méfaits dans un monde capitaliste, Andrew Nicoll aborde subtilement les problèmes de la société actuelle où les inégalités sociales se font de plus en plus omniprésentes. Dans un contexte où chaque minute compte vraiment, Time Out nous offre un compte à rebours habile où, plutôt que de regarder notre montre dans le noir, on a les yeux constamment braqués sur les leurs.