Insidious

Critique de Insidious

James Wan est définitivement LE prodige en titre du cinéma d'exploitation de sa génération. Quatre films à son actif, et à ce jour aucun réel faux pas malgré les défauts des uns et des autres, ici ou là. Voilà qui relève de l'exploit, d'autant plus que le (jeune) garçon, tout en restant dans un registre estampillé "genre" et/ou "divertissement", passe son temps à se lancer des défis, se réinventer un peu sans baisser sa garde pour autant. Après Saw, le thriller gore à multi-rebondissements, Dead Silence (le Twilight Zone gothique façon Hammer) et Death Sentence vigilante réinventé à la mise en scène particulièrement virtuose, James Wan confirme un savoir faire aux frontières de l'estomaquant. Jouant dans un registre encore nouveau avec suffisamment de qualités d'adaptation et d'humilité pour adapter sa propre mise en scène aux conditions du genre, il signe avec Insidious un vrai bon film de maison hanté qui ne sera pas sans nous rappeler Poltergeist, Shining ou – dans une autre mesure – L'Exorciste. Rien que ça ! On ne parle ni d'intrigue ou de réalisation dans ces comparatifs mais plutôt d'un état d'esprit et d'une envie d'en mettre plein la vue au spectateur côté trouillomètre, tout en revendiquant une certaine sobriété. A des années lumières du néo-clippesque imposé par les studios - et même très différent de son pourtant génial Dead Silence, pour ceux qui craignaient une forme de redite…

Insidious démontre surtout qu'à pitch égal, c'est le talent qui prime. Après tout, on ne propose guère plus innovant qu'un Amityville (l'original comme le remake étaient franchement mauvais) ou plus récemment Paranormal Activity. On peut même ouvertement dire que ce dernier se plante sur toute la ligne là où Insidious a absolument tout compris : sobre ne veut pas dire assommant ! On n'a même pas été aussi convaincu depuis Les Autres d'Alejandro Amenabar… Oui, les esprits ouvrent et ferment les portes, jouent avec la lumière et tambourinent là où ça les chante mais ça fonctionne du feu de dieu parce qu'à chaque fois au bon moment et de la bonne manière. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Le pire, c'est que le film aurait pu se limiter à cette réussite, couplé à de beaux partis pris formels – sa musique crispante et son grand angle flottant quasi constant - mais Wan décide de pousser le bouchon un peu plus loin dans sa seconde partie, achevant de nous séduire. On évite de trop en parler sous peine de déflorer le second caractère de l'œuvre, mais les amateurs d'images spectrales victoriennes et autres trains fantômes en auront pour leur argent. Il en deviendrait presque énervant le garçon…

Critique de Insidisou publiée le 29 avril 2011.