Mes Stars et moi

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, le projet de Laetitia Colombani a pris une tournure quelque peu cocasse, voire fortement ironique. Racontant comment un "Monsieur tout-le-monde" va se retrouver en conflit direct avec les trois stars du cinéma qu'il vénère le plus, Mes Stars et moi voit s'opposer Kad Merad d'une part, et un trio Catherine Deneuve/Emmanuelle Béart/Mélanie Bernier de l'autre... Kad Merad tenant le rôle du fameux "Monsieur tout-le-monde" ! Seul hic, c'est qu'avec Bienvenue chez les Ch'tis, Merad s'est retrouvé propulsé "acteur principal du plus gros succès de l'histoire du cinéma français" et dans l'esprit du spectateur, la "star" du film ne sera pas forcément une des trois comédiennes. On appelle ça un vrai rôle de composition ... Cela étant, passée cette anecdote plutôt due à un heureux concours de circonstances qu'à autre chose, Mes Stars et moi s'avère être une très agréable surprise. Rythmé, moderne et fort bien écrit, le nouveau film de Laetitia Colombani (A la folie pas du tout) dispose de nombreux atouts qui en font un incontournable de la cette fin d'année.

Et le premier de ces atouts n'est autre que son casting, qui voit donc réunis Merad, Deneuve, Béart et Bernier dans des rôles succulents qui, pour ces trois dernières, vont même frôler l'autodérision (on n'ira pas jusqu'à dire que les trois comédiennes jouent leurs propres rôles, mais presque). Que ce soit Deneuve en diva fatiguée, Béart en star sensible et sensuelle ou Bernier en petite souris malicieuse, toutes font étalage de leur beauté, de leur classe et d'une complicité palpable, pour former un trio glamour et piquant comme on en avait pas vu depuis longtemps. Dès lors, inutile de dire que la présence à l'écran de ces trois monuments de charme facilite beaucoup l'identification du spectateur au personnage de Kad, admirateur transi et fan de la première heure des trois comédiennes. Et si l'on ajoute à cela quelques seconds rôles bien trouvés (la psy-chat-nalyste, jouée par Colombani en personne, le majordome de Deneuve, incarné par Rufus, Jean-Pierre Martins et rugbyman du Stade Français...) et un énorme chat dépressif nommé J.R. qui nous a poussé vers d'interminables crises de rires tout au long du film, vous obtenez là l'une des meilleures distributions de l'année, au service d'un scénario plutôt bien vu.

Plongeant le spectateur dans le monde du cinéma en général, et dans le quotidien des acteurs en particulier, Mes Stars et moi se pose comme une des rares tentatives de mise en abyme du 7^e art en France dans une comédie (avec la Nuit américaine, mais ca remonte un peu). Egratignant quelque peu les coutumes de l'industrie, Mes Stars et moi aborde avec malice la différence qu'il peut exister entre l'image de ces célébrités inaccessibles et la réalité de leur quotidien. Sans tomber dans la démystification totale, Colombani arrive, à travers le regard de Kad Merad, à émousser quelques lieux communs qui placeraient encore les stars de cinéma sur des piédestals. Les Acteurs de Blier ne sont pas loin, la Grosse Fatigue de Michel Blanc non plus, mais là où ces deux bijoux versaient dans le surréalisme pour étayer leur propos, Mes Stars et moi se pose en petite fable efficace et légère qui mérite largement d'être vue.