FilmsActu.com

Quantum of Solace

Le 28/10/2008 à 18:35
Par
Notre avis
7 10

Deux ans après Casino Royale, la suite réalisée par Marc Forster est-elle à la hauteur des folles espérances ? La réponse est dans l'ensemble oui puisque Quantum of Solace remplit aisément son cahier des charges, mais on émettra toutefois quelques réserves. L'action se taille véritablement la part du lion et l'on ne boudera pas son plaisir devant les situations périlleuses et affrontements musclés - à commencer par deux courses poursuites proprement démentes au début du film - qui s'enchaînent à un rythme haletant et avec une efficacité admirable. Pourtant, à force de jouer la carte du spectaculaire, Quantum of Solace en oublie un peu de respirer et surtout de développer ses personnages, un travers partiellement compensé par une réelle maîtrise de la narration et une galerie de comédiens fort bien dans leurs costumes. Face à un Daniel Craig toujours aussi habité par son personnage et qui reste décidément l'un des meilleurs James Bond, si ce n'est le meilleur, le casting secondaire se montre à la hauteur, entre Olga Kurylenko qui crée agréablement la surprise à Mathieu Amalric qui fait un méchant savoureux et incontrôlable. En résumé, Quantum of Solace n'a peut-être pas la saveur de Casino Royale mais reste un second épisode énergisant et réjouissant à plus d'un titre, sans conteste l'un des meilleurs opus de la franchise.


Critique Quantum of Solace

Deux ans après sa sortie, Casino Royale continue d'être considéré par beaucoup comme le meilleur James Bond jamais réalisé. Il faut dire que le film de Martin Campbell réussissait l'exploit de tirer la franchise la plus longue du cinéma des méandres de la médiocrité dans laquelle elle s'était enfoncée depuis les années 90. En plus de réinitialiser les aventures du légendaire agent 007 en revenant à la source, à savoir le premier roman publié par Ian Fleming en 1953, Casino Royale apportait un coup de jeune à l'agent secret en imposant un nouveau visage, celui de Daniel Craig. Fini les punchlines et les gadgets à gogo, ce James Bond moderne économise son humour, affiche un regard perçant voire menaçant, arbore une démarche athlétique et n'hésite pas à employer des méthodes brutales pour exécuter ses missions, quitte à se salir les mains. Ce qui ne l'empêche pas d'apparaître plus vulnérable que jamais à travers sa liaison avec Vesper Lynd (Eva Green), une romance qui insuffle là encore un souffle dramatique inédit à la franchise. Le pari s'avère gagnant : Casino Royale remporte non seulement le plus grand succès public de la saga mais aussi un accueil critique dithyrambique. De quoi mettre une sacrée pression sur les épaules de Marc Forster, le réalisateur ayant pour tâche ardue de prendre la suite de Martin Campbell avec le risque que son film souffre de la comparaison. Le choix du cinéaste par les producteurs a tout de même de quoi surprendre : on le connaissait surtout pour avoir signé des films peu versés dans l'action et résolument centrés sur l'être humain, des drames A l'Ombre de la Haine et Les Cerfs-volants de Kaboul à la fantaisie L'Incroyable Destin de Harold Crick en passant le thriller fantastique Stay. Mais il arrive que certains réalisateurs créent la surprise précisément là où on ne les attendait pas, et c'est un peu ce que fait Marc Forster avec ce James Bond 22 imparfait mais extrêmement péchu.

 

Critique Critique Quantum of Solace

 

Quantum of Solace commence d'ailleurs sur les chapeaux de roue avec ses deux courses poursuites anthologiques concentrées dans les vingt premières minutes, la première voyant la légendaire Aston Martin se mesurer à une Alfa Roméo et la seconde mettant en scène une cavalcade ahurissante sur les toits d'une ville italienne. Autant de moments de bravoure cherchant manifestement à stimuler des sensations viscérales à travers une réalisation et un montage extrêmement nerveux. L'effet est immédiat : à ce stade, nous ne pouvons guère deviner ce que le film nous réserve en termes d'intrigue d'espionnage, mais nous savons d'ores et déjà que Quantum of Solace a pour ambition de s'imposer comme un blockbuster d'action pur jus, venu concurrencer sur leur propre terrain les dernières références du genre - la saga Bourne, pour ne citer qu'un exemple, avec laquelle le film partage plusieurs talents, tels que le réalisateur de seconde équipe Dan Bradley ou encore le chorégraphe des combats Gary Powell. Parallèlement, Quantum of Solace affiche la nette intention de reprendre le flambeau de Casino Royale sur le plan artistique comme narratif. Ainsi, non seulement le style visuel s'avère très similaire mais l'histoire reprend directement là où elle s'était arrêtée, un souci de cohérence appréciable qui ne signifie nullement que nous sommes face à une réédite. Car si le premier épisode était déjà bien fourni en matière d'action musclée, le film de Marc Forster se distingue par une abondance de plans spectaculaires encore plus prononcée et surtout un rythme effréné ne laissant que de rares moments de répit.

 

Critique Critique Quantum of Solace

 

Un rythme qui constitue d'ailleurs, aussi contradictoire que cela puisse paraître, à la fois la force et la limite du film. La force parce que le plaisir est évident et immédiat pour l'amateur du genre que nous sommes, d'autant que Marc Forster et ses collaborateurs réussissent l'exploit de ne jamais se répéter d'une séquence à l'autre. A ce titre, le film nous fait véritablement voyager à travers le monde, de l'Italie à la Bolivie en passant par la Russie, et le cinéaste se révèle très inspiré par ses décors qu'il filme avec un sens de l'exotisme assez inédit dans la saga, avec la même volonté d'immersion qu'il manifestait déjà dans Les Cerfs-volants de Kaboul. Là où le bât blesse légèrement, c'est qu'à force de multiplier les montées d'adrénaline, Quantum of Solace pèche un peu par excès de générosité. Le film obéit certes à une mécanique mieux huilée que Casino Royale, qui connaissait quelques baisses de régime, mais en oublie du même coup de respirer et d'accorder au développement des personnages la place qu'il mérite. La saga perd du même coup un peu de la noirceur et donc de la saveur qui caractérisait le précédent opus, une perte qui n'est pas sans affecter directement le personnage même de James Bond. On a plaisir à voir ce dernier cumuler les exploits physiques mais le fait est qu'il s'apparente ici davantage à un superhéros et ne manifeste à présent que très sporadiquement les failles qui avaient fait son succès dans Casino Royale.

 

Critique Critique Quantum of Solace

 

Daniel Craig semble fort heureusement toujours aussi habité par son rôle et occupe presque chaque plan du film, toujours aussi charismatique et particulièrement bien filmé ici puisque les cadrages mettent tout autant en valeur sa classe naturelle que son visage anguleux et son regard intense. La présence de Marc Forster à la réalisation trouve ici l'un de ses avantages puisque le cinéaste s'intéresse à chaque instant à son sujet, que l'abondance d'action et d'effets pyrotechniques ne suffit pas à mettre en retrait. Loin d'être inexistante, l'intrigue trouve aussi quelques moments forts, notamment lorsque la confiance entre James Bond et M (Judi Dench) se voit mise à l'épreuve, ou encore à travers l'association de fortune entre l'agent secret et Camille, interprétée par Olga Kurylenko. Alors que l'on ne misait pas un kopeck sur sa prestation, cette dernière fait une James Bond Girl atypique et s'impose comme l'une des bonnes surprises du film. Enfin, Mathieu Amalric incarne de manière savoureuse un méchant énigmatique, tour à tour discret et fou furieux, ce dernier trait de caractère donnant d'ailleurs lieu à une scène d'affrontement assez surprenante même si elle semble avoir subi quelques coupes.

En somme, sans réitérer l'exploit de Casino Royale, Quantum of Solace reste dans la même lignée et remplit très honnêtement son cahier des charges, en tant que second épisode et en tant que blockbuster d'action, offrant un spectacle réjouissant du début à la fin. Et si la réplique culte du héros est étrangement absente, les clins d'oeils et hommages aux épisodes précédents (Dr No, Goldeneye,...) sont multiples et le film perpétue la tradition du générique du début - un élément de plus en plus rare dans le cinéma d'aujourd'hui et que l'on a donc plaisir à retrouver -, tandis que le dénouement semble laisser présager d'une suite aux aventures du légendaire agent 007. Nous l'espérons ardemment, en tout cas.

 








Depuis 2007, FilmsActu couvre l'actualité des films et séries au cinéma, à la TV et sur toutes les plateformes.
Critiques, trailers, bandes-annonces, sorties vidéo, streaming...

Filmsactu est édité par Webedia
Réalisation Vitalyn

© 2007-2024  Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.