Que Justice soit faite
Le 15/12/2010 à 08:00Par Michèle Bori
Reprenant et poussant à fond le concept du "super méchant calculateur qui avait pensé à tout depuis mathusalem", Que Justice soit faite s'impose comme un mix improbable et jouissif entre Saw et Le Justicier de minuit, lorgnant pour son machiavélique personnage principal du côté du Joker de The Dark Knight. Rien que ça ! A la base simple thriller policier, Que justice soit faite a choisi de privilégier le spectacle, l'efficacité immédiate, les scènes de vengeance et celles de meurtres, à une enquête faite d'indices, de raisonnement ou d'étude de fond. "Un bon méchant fait un bon film" disait Hitchcock : Que Justice soit faite a compris cette vérité à 100% et en extrait un concentré de fun, tout son radicalisme justicier et ses exécutions sommaires servant un polar outre mesure au suspense réussi. En voilà du divertissement décomplexé comme on adore en voir !
Découvrez ci-dessous la critique du film Que Justice soit faite
Critique Que Justice soit faite
Tout le monde se souvient de Saw 2, suite de l'excellent premier Saw, instigateur d'une série que l'on connait malheureusement encore plus. Ce second épisode avait un intérêt, celui de son concept du "jeu d'échec" mis en place par Jigsaw avec ses 15 coups d'avance sur tout le monde, et qui, malgré sa capture au début du film, causait de mortels dégâts par procuration. Certes le film virait trop facilement dans le démonstratif un peu idiot mais l'idée avait du potentiel et ne demandait qu'à être exploité convenablement. Et bien imaginez donc ce même Saw 2 transformé en thriller policier, avec des acteurs un peu plus classes (Jamie Foxx, c'est quand même autre chose que Donnie Wahlberg), des moyens plus honorables, un réalisateur adroit (F. Gary Gray, dont on se souvient du chouette Le Négociateur et du chouette Braquage à L'Italienne), le un film mêlant le sérieux d'une série A à la décomplexion d'une série B, ultra fun et très malin.
Que Justice soit faite plait car il parvient en cent minutes à livrer effectivement ce que les responsables de Saw ont galéré à étaler sur six films : un plaisir coupable tiré par les cheveux jusqu'au scalp sauvage, jouant de ses aberrations comme les courbes d'un grand huit, et trouvant le moyen de transformer ce qui se fantasmait comme un thriller psychologique en un excellent baroud d'honneur dont la force réside dans son rythme, sans la moindre baisse de régime. A peine avons-nous le temps de constater l'aspect jubilatoire d'une séquence que les rebondissements s'enchainent de plus belle non-stop jusqu'à la fin, une narration sans temps mort plutôt rare aujourd'hui dans les vigilante. Le concept n'a pourtant rien de très neuf : un pauvre type (Gérard Butler) assiste médusé (il y a de quoi) au massacre de sa propre famille, et fomente pendant dix ans le plan de sa vengeance, généralisée à tous, méthodique et calculée à la seconde près. Sont visés : les criminels, le système judiciaire, les procureurs, le maire, les flics, les juges, bref tout ceux qui sont mêlés de près ou de loin au meurtre de sa famille, le chien de la voisine y passant certainement si par malheur il avait vu la scène (ce n'est pas le cas, on vous rassure). Et pour interpréter un méchant pareil, quoi de mieux qu'une des plus grandes gueules du moment, un mec atteignant son maximum de charisme en hurlant sauvagement "This is Spartaaa !!", bref un Gerard Butler qu'on avait rarement connu aussi trippant, se donnant à fond dans son personnage, ce qui contribue bien sûr à l'aspect divertissant de l'ensemble.
Si l'on se demande à chaque séquence du film comment la suivante pourra faire encore plus fort, c'est finalement ce qui assure le spectacle ici. Le récit nous balance sans cesse de surprise en surprise, jouant de l'imprévisibilité totale des actions du personnage principal et des rouages de sa vengeance, hors de proportion. Le ton extrémiste décomplexé de Que Justice soit faite lui permet d'atteindre le statut de perle, uniquement envisageable si les auteurs derrière acceptent de de lâcher complètement. C'est rare et c'est ce qui permet au film d'être pensé au second degré et d'être pris au quatrième.