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Robin des Bois

Le 12/05/2010 à 00:01
Par
Notre avis
8 10

Ridley Scott revisite le mythe de Robin des Bois en ancrant son récit dans une Angleterre médiévale en proie à la misère et à la brutalité. Si l'ombre de Gladiator n'est jamais loin, ne serait-ce qu'en raison du choix du toujours excellent Russell Crowe pour camper un héros assez proche de celui du péplum, le cinéaste a le mérite de renouveler le propos de la légende à travers l'émergence de ce hors-la-loi épris de justice et en quête de ses racines. A la fois film d'aventures, film de guerre et film historique, Robin des Bois version 2010 démontre une fois de plus que Ridley Scott est décidément l'homme de la situation dès lors qu'il s'agit d'allier l'intelligence du propos avec un souffle épique étourdissant.

Découvrez ci-dessous la critique du film Robin des Bois...


Critique Robin des Bois

Critique Robin des Bois

 

Douglas Fairbank, Errol Flynn, Lex Barker, Sean Connery, Kevin Costner... et maintenant Russell Crowe. Nombreux sont les interprètes ayant brandi l'arc et enfilé le costume vert du prince des voleurs. L'idée de proposer le rôle à l'interprète principal de Gladiator est venue du producteur Brian Grazer au cours du tournage d'American Gangster et le pari était osé, la carrure et le visage marqué de l'acteur bouleversant quelque peu l'image facétieuse du brigand au grand cœur. Mais quand un réalisateur du calibre de Ridley Scott se penche sur une légende folklorique déjà maintes fois portée sur le grand écran, nous sommes en droit d'attendre un peu plus qu'une énième version se contentant de mettre les aventures du héros au goût du jour grâce aux technologies modernes. En l'occurrence, le cinéaste revisite et dépoussière le mythe pour l'inscrire dans un contexte historique réaliste, quitte à modifier quelques détails de l'histoire que l'on connaît. Pari gagnant ? N'y allons pas par quatre chemin : à défaut d'être son plus grand chef d'oeuvre, ce nouveau Ridley Scott est une réussite. A la fois film d'aventures, film de guerre et film historique, Robin des Bois version 2010 démontre une fois de plus, si l'on en doutait encore, que l'auteur de Gladiator et de Kingdom of Heaven est décidément l'homme de la situation dès lors qu'il s'agit d'allier l'intelligence du propos avec un souffle épique étourdissant.

 

Critique Robin des Bois

 

Cette nouvelle lecture de Robin des Bois prend donc sans vergogne quelques libertés avec la tradition, mais qu'importe puisqu'il s'agit avant tout d'une légende orale. Au cœur du film, l'avènement d'un héros pour le peuple, d'un homme à la fois révolté contre l'oppression et en quête de son propre passé, dans une Angleterre médiévale en proie à la misère et victime de la folie guerrière des puissants. Première surprise : avant de devenir hors-la-loi, Robin Longstride (Russell Crowe) est d'abord modeste archer au sein de l'armée de Richard Cœur de Lion, jusqu'au jour où celui-ci périt au combat. Les circonstances de la rencontre entre Robin et ses célèbres compagnons sont elles aussi changées, tandis que le Shérif de Nottingham (Matthew Macfadyen) ne se verra allouer qu'un tout petit rôle. Ne serait-ce qu'en prenant Russell Crowe dans le rôle principal, Ridley Scott annonce la couleur quant à ses intentions de délivrer une vision du héros plus brutale, plus réaliste en tant qu'homme de guerre, ne révélant sa part sensible qu'en présence de Lady Marianne - l'acteur possède indéniablement la charisme brut et l'intériorité nécessaires pour le rôle. Campée avec élégance par Cate Blanchett, Marianne s'éloigne quant à elle sensiblement de l'archétype de la femme en détresse pour prendre les rennes de son destin, les échanges entre les deux personnages tournant tout à d'abord de manière comique au choc de personnalités avant de prendre une tournure romantique. Et puisque le Shérif de Nottingham fait office ce figurant, Ridley Scott oppose un autre méchant à son héros en la personne de Sire Godefroy, que Mark Strong interprète avec conviction, tandis que le cynisme de la noblesse est personnifié dans toute sa splendeur par le futile roi Jean (Oscar Isaac, vu dans Agora), frère et successeur de Richard.

 

Critique Robin des Bois

 

Si Robin s'entourera de ses habituels compagnons pour s'insurger contre les abus des plus riches, le propos du film de Ridley Scott s'avère résolument progressiste puisque son héros ne se contente pas de « voler aux riches pour donner aux pauvres » mais encourage ces derniers à reprendre le contrôle de leur vie. Une démarche qui a pour mérite d'évacuer d'un revers de main toute condescendance à l'égard des personnes de modeste condition, milieu dont Robin est lui-même issu dans cette version. Au cours d'une confrontation entre le Roi Jean et ses barons, Robin Longstride rappellera qu'un pays se construit à la manière d'une cathédrale, c'est-à-dire en partant du bas. Une réplique qui résume à elle seule la philosophie de ce Robin des Bois dans lequel la Nature symbolise plus que jamais les racines du peuple et plus largement du pays. Cet ancrage dans la Nature s'exprime aussi bien dans le rapport authentique des paysans à la terre que dans l'esthétique même du métrage, dominée par des tons vert et marron. Robin lui-même se réconciliera avec son passé au moment où il posera ses mains sur le sol où son père a trouvé la mort, un geste de retour aux sources qui n'est pas sans évoquer la gestuelle d'un autre héros de Ridley Scott, celui de Gladiator, qui humait la terre de manière rituelle avant d'entrer dans la bataille.

 

Critique Robin des Bois

 

Pour donner vie à l'univers de Robin des Bois, Ridley Scott se paie le luxe d'une reconstitution saisissante, le soin de la direction artistique et l'ampleur des décors se voyant appuyés par une foultitude de détails insufflant à cette Angleterre médiévale une vie et une énergie très convaincantes, sublimées par la photographie de John Mathieson qui avait déjà notamment œuvré sur Gladiator. Nul doute que nous sommes face à un monde en mouvement et non à un cliché figé du passé - certains cinéastes français devraient en prendre de la graine. Certes, les moyens sont largement au rendez-vous, ce qui donnera tout le loisir à Ridley Scott de mettre en place des batailles ambitieuses réglées au millimètre. Car en plus de séduire par ses qualités narratives, Robin des Bois s'avère aussi être un excellent film d'action porté par un vrai souffle épique. L'impressionnante ouverture du film voyant Richard Cœur de Lion et son armée assiéger un château français ne constitue qu'une mise en bouche : le film s'achèvera par une séquence de bataille absolument titanesque au cours de laquelle s'affronteront les armées anglaise et française, une scène d'anthologie d'une violence viscérale appuyée par un travail sonore ébouriffant (les rafales de flèches font l'effet d'un bombardement) et impliquant une équipe de 1500 personnes et pas moins de 9 caméras. Une belle montée d'adrénaline pour finir en beauté et justifier pleinement le déplacement en salles pour découvrir ce nouveau Robin des Bois qui ouvre sous les meilleurs auspices le Festival de Cannes 2010.

 

Critique Robin des Bois

 








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