The Amazing Spider-Man : le reboot répond-il aux attentes ?
Le 27/06/2012 à 09:31Par Marion Plantier
2h17 de toiles et de cabrioles entre les buildings de New-York pour The Amazing Spider-Man, c'est 16mn de plus que pour le premier opus de la trilogie de Sam Raimi, à peine 10 ans plus tôt. Si on ne sera pas conquis par l'ensemble du métrage, affaibli par des défauts majeurs, on ne peut pas nier en bloc les atouts de ce reboot. Acteurs, ton, et intention de mise en scène rehaussent le niveau d'un film qui manque d'ampleur et s'obstine à s'annoncer sans s'affirmer... Découvrez ci-dessous notre critique de The Amazing Spider-Man
The Amazing Spider-Man : Critique
Peter Parker est encore un enfant lorsque qu'il voit ses parents pour la dernière fois, ceux-ci le laissant avec son oncle Ben et sa tante May. Quelques années plus tard, Peter est un lycéen rigolard, un brin je-m’en-foutiste, qui souffre toujours de cet abandon et cherche à en savoir plus. Cette quête le mènera face à un choix crucial. Un petit air de déjà-vu, n'est-ce pas ? C'est normal, car le film The Amazing Spider-Man souffre en premier lieu du fait qu'il ne tient pas ses promesses. En effet, ce dernier pose les "prémices de débuts d'esquisses de bases d'amorces" sur à peu près tout, mais sans jamais chercher à aller au delà. En somme : "on vous dit ce qu'on va faire mais on ne fait que vous le dire". Tout sur l'origine de Peter et la disparition de ses parents ? Pas vraiment. Un méchant inédit et bien exploré ? On repassera. Un Spider-Man "Amazing" ? Là encore, faut pas charrier.
A l'instar d'un épisode pilote de série, le film s'obstine à mettre des éléments en place, tel un jeu de piste qu'il ne veut pas terminer. La mort de Ben, les rapports entre Spider-Man et la police, la relation de Peter avec Oncle Ben et Tante May et principalement la disparition de ses parents, tous ces éléments sont abordés, esquissés, mais très vite rendus anecdotiques et laissés en plan. On imagine (espère !) qu'ils se déploieront et trouveront toutes leurs profondeurs dans les opus à venir, mais il aurait été judicieux d'en présenter un moins grand nombre pour en résoudre quelques-uns et surtout de ne pas vendre le film sur la disparition des parents soit-disant expliquée, ou sur un titre annonçant un Spider-Man déjà "amazing" (qu'il n'est que très très très rarement durant le film).
Côté acteur, on regrette les talents trop peu exploités de Rhys Ifans en Dr. Curt Connors/Lézard trop binaire et pas vraiment atypique. On retrouve en lui - avec trop peu de subtilités et de changements - les traits et la double personnalité de Norman Osborn/Bouffon Vert, en bien moins charismatique. Quant à Sally Field qui interprète Tante May, personnage survolé, elle ne s'en sort que péniblement. Idem pour Martin Sheen, alias Oncle Ben. Pour les têtes d'affiche en revanche c'est presque un sans faute. La fraîcheur des deux acteurs donnent un souffle nouveau aux caractères de ces deux héros. Peter redevient le fanfaron peu apprécié mais pas martyrisé, toujours une blague à la con pour faire marrer et jamais la langue dans sa poche - avec ou sans masque. Sur ces points, Andrew Garfield se révèle à la hauteur des attentes (qu'il se dépêche de tourner la suite avant qu'il ne vieillisse trop vite, eh oui, c'est ça de choisir un acteur de 27 ans pour incarner un lycéen !). Quant à Emma Stone, elle nous offre une Gwen Stacy un poil plus substantielle que ne l'était la Mary Jane des premiers instants campée chez Raimi par la talentueuse Kirsten Dunst. Un renouveau dans les personnages principaux qui marque la première bonne surprise du film : sur ce point, il tient ses promesses, et on s'attend à un épanouissement croissant et réussi dans les opus à venir.
Les effets visuels sont à la hauteur des espérances... mais c'est tout. La 3D est maitrisée mais sans grand intérêt, les scènes d'actions sont trop peu nombreuses sur plus de deux heures de films. La caméra subjective, vraiment réussie, s'offre le même combo de déception : la 3D n'y apporte rien et ces instants sont encore trop rare. Visuellement, comme pour le scénario, c'est bien mais ça ne transcende que rarement le genre, même si les quelques tentatives de Marc Webb parviennent par moment à donner une dimension nouvelle à l'homme-araignée. Globalement, on a parfois de bonnes idées, c'est plutôt beau, travaillé tout en restant dans l'ensemble réaliste. Soit, mais à nouveau, deux points noirs : la période de Peter enfant, et l'association réalisme-héroïsme. Toute la période de l'enfance de Peter reste un cran en dessous du reste. Autant dans l'esthétique un brin trop "flash back, douleur, nostalgie, souffrance" - pas raccord avec le reste du film - que dans le jeu des acteurs qui semblent tous à côté de la plaque. Qu'on ne s'y trompe pas : ils sont probablement justes, mais en décalage radical avec le reste du film et c'est le même problème pour l'autre étrangeté de The Amazing Spider-Man. Marc Webb a voulu traiter le réalisme tout le long du film en y insufflant l'héroïsme croissant du personnage, mais il a oublié d'imbriquer ces deux aspects. Si bien que prises indépendamment les unes des autres, les scènes réalistes marchent autant que les scènes "d'héroïsme", mais mises bout à bout, elles restent hermétiques les unes par rapport aux autres. On bascule donc d'un aspect à l'autre sans saisir l'essence de ce Spider-Man-là : un héros-réaliste.
En conclusion, il est à parier et à espérer que la suite de ce reboot offrira toute la splendeur qu'on attend pour ce fringuant Spider-Man. Comme on juge ce qu'on voit et pas ce qu'on attend de voir, ou ce que ce film annonce, on ne dépasse pas la barre du bon film : un bon divertissement, plus fidèle à l'univers des comics mais pas encore assez mûr pour subjuguer le spectateur. On en retient quelques scènes vraiment mémorables, pour ne citer qu'elles : le caméo de Stan Lee, brillant autant pour le clin d'oeil, que pour la forme adoptée dans la scène, et la séquence des grues focalisée sur Spider-Man, où l'héroïsme pointe son nez avec un brin de réalisme, sans doute le seul instant pendant lequel ces deux aspects se confondent avec fluidité. La vérité c'est que pour "faire oublier" une saga vraiment extra, avec mention spéciale pour le deuxième opus de Sam Raimi, il aurait été plus que judicieux d'attendre quelques années de plus... En somme, c'est trop tôt, c'est "bien mais pas top" et surtout, on attend une suite, qui nous racontera de vraies nouvelles choses sur Spidey.