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The Killer Inside Me

Le 10/08/2010 à 16:30
Par
Notre avis
9 10

Avec The Killer Inside Me, Michael Winterbottom explore le monde intérieur d'un tueur à la fois fou et terriblement lucide, qui s'acharne aussi bien à détruire sa propre vie que celle de ses innocentes victimes. Sous des dehors de film noir au filmage élégant et au design chiadé, l'expérience, portée par la prestation brillante de Casey Affleck, s'avère dérangeante à l'extrême. On n'est pas prêt d'oublier les séquences de meurtres, d'une brutalité rare, d'autant que la critique sociale n'est jamais loin. A ne pas manquer.

Découvrez ci-dessous la critique du film The Killer Inside Me


Critique The Killer Inside Me

Critique The Killer Inside Me

 

Réalisateur éclectique à qui l'on doit aussi bien le drame Jude (1996) que le film de guerre Welcome to Sarajevo (1997), le très chaud et rock'n roll 9 Songs (2004), le film coup de poing The Road to Guantanamo (2005) ou encore le thriller Un Cœur Invaincu (2006), Michael Winterbottom fait partie de ces personnalités artistiques dont on attend toujours avec curiosité le prochain projet avec la certitude d'être à chaque fois surpris. Avec The Killer inside Me, le cinéaste britannique s'attaque au roman Le Démon dans ma Peau de Jim Thompson, déjà porté à l'écran par Burt Kennedy en 1976, avec Stacy Keach dans le rôle principal. On comptait sur Winterbottom pour apporter sa griffe sur cette histoire entièrement envisagée à travers le point de vue d'un assassin sans scrupule. Et le moins que l'on puisse dire est que The Killer Inside Me vaut le déplacement : sous des dehors de film noir au filmage élégant et au design chiadé, l'expérience, portée par la prestation brillante de Casey Affleck, s'avère dérangeante à l'extrême.

 

Critique Critique The Killer Inside Me

 

Ce qui fait réagir dans The Killer Inside Me, c'est l'acharnement avec lequel Lou Ford (Casey Affleck), shériff de son métier dans une petite ville du Texas, s'applique à anéantir non seulement la vie des autres mais aussi la sienne. Ce jeune homme que tout le monde (ou presque) considère comme au-delà de tout soupçon ne rentre dans aucun des archétypes du genre du thriller, qui veut en général que le tueur soit un psychopathe fou furieux ou bien un calculateur froid et cynique. A moins que Lou Ford ne les réunisse tous les deux, ces archétypes, puisque ses plans de destruction sont certes minutieusement calculés mais qu'il accepte ses pulsions meurtrières comme une sorte de fatalité, tout en paraissant parfois sincèrement affecté par ses actes. Ainsi, Lou Ford assassinera des êtres qui tiennent particulièrement à lui et auxquels il semble lui aussi très attaché, comme si la promesse d'un bonheur futur suffisait à réveiller ses démons. S'appuyant sur son discours intérieur et sur quelques bribes de son passé en flash back, la psychologie du personnage tient la route, mais elle fait froid dans le dos. Au premier abord, l'emploi de la voix-off peut sembler redondant avec les images et confère au récit une certaine lourdeur. Pourtant, à y regarder de plus près, cette voix-off tend à introduire encore plus de confusion chez le spectateur qui finit par discerner plusieurs Lou Ford : l'homme tel qu'il apparaît en société, l'homme qu'il croit être et le monstre destructeur/autodestructeur qui est en lui, et dont les motivations profondes demeurent insaisissables. C'est là que Michael Winterbottom accomplit un tour de force : permettre au spectateur d'envisager le tueur comme un objet d'étude en dévoilant des éléments d'explication, tout en épaississant le mystère sur le moteur qui régit véritablement ses actes.


Critique Critique The Killer Inside Me

 

Si certains meurtres se dérouleront hors champ, les autres atteignent un degré de brutalité rare et très graphique, tout comme les scènes de sexe sadomasochistes. Hommes ou femmes, les victimes innocentes sont passées à tabac et peu à peu défigurées (chapeau bas aux maquilleurs), anéanties par ce tueur dont la rage, filmée frontalement et de manière presque clinique par la caméra de Winterbottom, devient de plus en plus incontrôlable. Âmes sensibles s'abstenir : on n'avait pas vu à l'écran de meurtres aussi glaçants depuis longtemps. La critique sociale n'est jamais loin, notamment lors de l'exécution terrible d'un sans-abri un peu trop téméraire. Outre sa mise en scène impressionnante de précision, The Killer Inside Me doit beaucoup à l'interprétation de Casey Affleck (Lonesome Jim), dont le regard impénétrable rend son personnage tour à tour odieux et sympathique, inquiétant et pathétique, en tout cas toujours déstabilisant. De Jessica Alba (The Eye) en victime consentante à Kate Hudson (Nine) en épouse aveuglée par son amour, le casting féminin n'a pas froid aux yeux et délivre lui aussi quelques séquences méritoires. The Killer Inside Me est aussi l'occasion de retrouver à l'écran le trop rare Elias Koteas (Crash, Shutter Island) ou encore Bill Pullman (Lost Highway). Autant de bonnes raisons de ne pas passer à côté de cette expérience qu'on n'est pas prêt d'oublier.

 

Date de première publication : 9 juin 2010 à 9h58






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