Kingdom of War

Après Zhang Yimou (Hero, La Cité Interdite), Feng Xiaogang (La Légende du Scorpion Noir), Chen Kaige (Wu Ji) ou encore John Woo (Les 3 Royaumes), c'est au tour du réalisateur et chorégraphe d'action Tony Ching Siu-Tung de réaliser une fresque épique à gros budget, à grand renfort de costumes somptueux et de superstars connues dans toute l'Asie. Quoi de plus normal puisque c'est à lui que l'on doit les combats ayant participé à la notoriété des récents films de Zhang Yimou, considéré à présent comme le maître. Sauf que Ching Siu-Tung ne tente pas vraiment de marcher sur les plates bandes de ses confrères et prédécesseurs et aborde le genre avec davantage d'humilité. Kingdom of War repose sur une écriture efficace et sans prétention, s'inscrivant davantage dans la veine des wu xia pian des années 90. Après une succession de blockbusters visuellement tape-à-l'œil et étalant leurs intentions pompeuses en oubliant parfois l'essentiel, ça fait du bien.

Sous des dehors de films d'action reposant sur des batailles il est vrai très ambitieuses, mises en scène avec aisance par un réalisateur rôdé aux affrontements martiaux, Kingdom of War raconte en réalité tout à la fois une histoire d'amour touchante et le passage à l'âge adulte d'une jeune femme tiraillée entre ses responsabilités et son humanité. Le véritable héros du film est donc une héroïne, campée avec dignité et sensibilité par Kelly Chen. Si l'intrigue romantique débute par une succession de scènes un peu à l'eau de rose, une impression aggravée par une réalisation inégale et surtout un score musical raté, elle prend tout son sens au fil des événements qui suivent, lesquels ne sont pas sans délivrer un message pacifiste. Un message qui n'a cependant rien à voir avec les idéologies abstraites développées dans Hero ou Les 3 Royaumes, un message limpide délivré avec une simplicité réjouissante. Kelly Chen est fort bien entourée par un casting masculin judicieux, entre un Leon Lai (Fallen Angels) qui s'est décidément bonifié avec le temps et un Donnie Yen (Flash Point) d'une sobriété appréciable.